TOME II - XXXI.

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Bien qu'elle n'en avait pas le courage du tout, Ariane dut remonter sur le dos de Vénus. Elle se laissa trimballer, tel un corps vide. C'était ce qu'elle éprouvait. Elle se sentait vide. Elle n'avait même pas cherché à quérir du soutien auprès de Legolas et Gimli, ils étaient dans le même état qu'elle.

Elle n'eut pas conscience du long trajet et sortit de sa torpeur lorsqu'ils arrivèrent aux portes de Fort-le-Cor. Elle se souvint alors qu'Eowyn les y attendaient avec le reste des Rohirrims. Une boule se forma dans sa gorge. Elle avait peur. Peur d'affronter son chagrin une seconde fois. Eowyn s'était attachée au Rôdeur, et lui annoncer la nouvelle allait être une épreuve difficile. Ariane resta donc en arrière, tandis qu'ils franchissaient les grandes portes. Elle entendit Théoden discuter avec sa nièce, mais ne saisit pas le sens des paroles. Elle vit seulement le visage grave d'Eowyn. Gimli fut celui qui descendit le premier de cheval. Il s'avança vers la demoiselle du Rohan.

— Où est le seigneur Aragorn ? lui demanda-t-elle de sa voix douce.

— Il... est tombé.

Ariane, qui regardait son amie avec tristesse, détourna les yeux lorsque celle-ci chercha la questionna du regard. C'était trop dur à supporter. Elle descendit de cheval et suivit les autres soldats jusqu'aux écuries. Vénus était d'une présence réconfortante pour la jeune femme qui gardait une main posée sur l'épaule de la jument. De nouvelles larmes roulèrent sur ses joues. Elle resta longtemps avec Vénus, qui mâchait tranquillement son foin. Elle s'assit dans un coin de la stalle, les genoux repliés contre sa poitrine. Regarder l'animal l'aidait à penser à autre chose. Elle avait les yeux rouges, mais le regard vide. Elle ne sut combien de temps elle était restée là à se morfondre. Plusieurs heures, sûrement.

Elle vit du coin de l'œil une silhouette entrer dans le box avec elle et gratifier la jument d'une caresse, avant de venir s'accroupir devant elle.

— Ariane... ?

Elle reconnut la voix de Legolas.

— Mh ? fit-elle en haussant légèrement les sourcils, sans pour autant rediriger son regard.

— Viens avec moi.

— Je n'ai pas tellement envie de...

— Je ne te laisse pas le choix, Ariane. Tu dois te relever.

Ariane fronça les sourcils et leva lentement les yeux vers Legolas.

— Je viens de perdre mon meilleur ami, dit-elle d'une voix dure. J'aimerais qu'on me laisse tranquille.

— Tu crois que ça ne me touche pas aussi ? répliqua Legolas, haussant la voix. Tu crois que tu es la seule à être effondrée ?? Nous sommes tous dans le même cas que toi, Ariane. Ne joue pas les personnes égoïstes alors que tu sais comme moi que c'est à l'opposé de ce que tu es réellement. Aragorn était important pour moi, tout comme il l'était pour Gimli, ou pour n'importe qui d'autre ! Je n'arrive pas à croire que tu puisses agir de la sorte.

Ariane écarquilla les yeux, réalisant son énorme bêtise. Sa lèvre inférieure se mit à trembler et elle éclata en sanglots. Legolas la prit immédiatement dans ses bras.

— Je suis désolée... gémit-elle en se blottissant contre lui. Je suis désolée...

— Ce n'est rien, la rassura l'elfe d'une voix douce. Ce n'est rien... Calme-toi.

Cela lui déchirait le cœur de la voir ainsi, mais elle devait se reprendre rapidement. Le monde ne s'était pas arrêter de tourner.

Legolas mit un certain moment avant de calmer les sanglots de la jeune femme. Il finit par lui chanter des berceuses elfiques, qui eurent le don de l'apaiser immédiatement. Au bout de quelques longues minutes, on entendait seulement la voix douce de Legolas et les reniflements d'Ariane, toujours lotie dans les bras de l'elfe. Ce dernier termina sa chanson.

Excursion imprévue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant