Excursion imprévue.

TOME I - XVII.

Ariane suivit Laeleth jusqu'aux petites cabanes qui faisaient office d'infirmerie. Elle s'assit sur une chaise. L'elfe paraissait beaucoup plus vieille que Lìriel. Pas en apparence, mais il régnait dans ses yeux une sagesse qu'Ariane avait moins remarquée chez Lìriel.

— C'est une arme d'Orque qui vous a fait ça ? demanda Laeleth en désignant sa blessure.

Ariane acquiesça.

— Vous avez eu de la chance qu'elle ne soit pas empoisonnée, dit l'elfe avec une grimace. Je pense qu'on aurait été obligés d'amputer votre jambe.

La jeune fille eut des frissons. Cela ne la rassurait pas du tout.

— Heureusement, nous allons pouvoir la soigner sans problème. Je vais vous demander de vous déshabiller, nous allons laver vos vêtements. Je vais d'abord vous faire prendre un bain pour nettoyer le sang, vous êtes d'accord ?

Ariane hocha timidement la tête, un peu gênée. Ça ne devrait pas être si différent qu'avec Lìriel.

Si. Tout était différent. Lìriel était son amie, et aujourd'hui elle était beaucoup trop loin pour qu'elle puisse lui faire la conversation pendant sa toilette.

Laeleth la fit entrer dans une salle de bain où elle put retirer ses vêtements à l'abri des regards. Elle entra dans une cuve où elle ne tenait qu'assise. On versa de l'eau chaude parfumée dedans. Ariane se détendit rapidement et profita du moment : il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas lavée. Laeleth la laissa seule avec ses pensées un instant.

Ariane en profita pour faire le point. Elle était arrivée jusqu'ici. Elle avait réussi. Elle s'était battue, elle avait beaucoup marché — même couru — elle avait pleuré avec Frodon, elle avait rit avec Gimli, beaucoup parlé avec Aragorn, elle avait été protégée par ce dernier, ainsi que par Legolas et Boromir. Elle avait été émue par Merry et Pippin. Et même avant son départ, elle avait été soutenue par beaucoup de monde, dont Aragorn, Elrond et Gandalf. Gandalf qu'elle avait désormais perdu.

Ne pas pleurer. Ne pleure pas, Ariane.

La jeune femme essuya les quelques larmes qui avaient roulé sur ses joues. Sur le moment, elle ne sut si c'était à cause de la disparition de Gandalf ou parce qu'elle savait qu'il allait être très compliqué de quitter tous ses nouveaux amis.

Encore fallait-il qu'elle puisse rentrer. Parce que, qu'on se le dise, si Gandalf n'avait pas trouvé de solution, cela l'étonnerait beaucoup que quelqu'un d'autre ne la trouve. Elle s'était presque faite à l'idée qu'elle allait rester ici.

Et étrangement, cela ne lui déplaisait pas tant que ça. En revanche, elle se sentait terriblement coupable de ne plus penser autant à sa mère et à Louise.

Elle ne se voyait pas non plus abandonner la Communauté si tôt. Elle était concernée par ce voyage, désormais. Elle s'en voudrait beaucoup de partir maintenant, laissant les autres seuls. Peut-être n'avaient-ils pas besoin d'elle, peut-être seraient-ils mieux sans elle, mais partir et se mettre en sécurité pendant que ses compagnons risquaient leur vie chaque minute de chaque journée lui donnait envie de vomir.

Laeleth revint la voir au bout d'une quinzaine de minutes. Elle savonna Ariane et lava ses cheveux, leur redonnant éclat et brillance.

Lorsqu'elle fût sèche, l'elfe déposa un baume vert sur sa plaie et l'entoura d'une bande de tissu blanc qui prenait toute sa cuisse. Elle l'aida ensuite à enfiler une longue robe blanche et légère, ses vêtement de route n'étant pas propre pour le moment. Ensuite, Laeleth la raccompagna gentiment auprès de ses compagnons. Ils lui offrirent de grands sourires, elle-même étant rayonnante.