Absence

23 :

" Il n'y a point de lutte entre l'âme et le corps, si ce n'est dans les pensées de ceux dont l'âme est indolente et le corps dissonant" Khalil Gibran, le sable et l'écume.

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Après quelques échanges de commodités, notre petit cercle se divisa à mon plus grand bonheur.

Jonathan m'adressa un coup d'oeil plein de sous entendus, ce qui fis augmenter la cadence de mes pieds, déterminés à le fuir pour l'instant. Ma cadence assurée me dirigea vers le buffet, seul radeau en cet océan de malheur que je rêvais de fuir.

Je sentais le regard perçant d'Alec dans mon dos. Il me titillait à chaque pas, brûlant presque le tissu lisse de ma robe. Ma prochaine discussion avec le "prince" des canidés n'allait pas être de tout repos, c'était certain.

Tournant le dos à Alec, lui faisant comprendre que je n'avais pas envie de lui parler, je m'emparais d'un petit four que j'engloutis à la seconde.
Je sentis une vague de chaleur s'écraser contre mon dos et s'insinuer dans mes ports. Une aura lourde et poisseuse rencontrait la mienne, provoquant comme une effusion de force sous mon épiderme. S'en était très désagréable.
Visiblement, mon attitude ne lui plaisait pas puisque son aura se déversait autour de lui, et pas seulement sur moi. De moins en moins de bruit se fit dans la pièce, et j'entendis des pas s'éloigner dans mon dos.

Me retournant lentement, je constatais que presque toute la salle avait le regard rivé sur Alec ou au sol, et s'était sagement éloignée de lui. Alec semblait calme en apparence, mais son aura imprégnant l'air -la rendant suffocante- et ses yeux rouges ne trompaient personne. Je l'avais énervé.

Quiconque se mettait en travers de son chemin allait passer un sal quart d'heure... Et je me doutais bien que j'étais là prochaine sur la liste de " rebelles à exterminer", à cause de l'affront que j'avais osé lui infliger en lui tournant le dos. Quel égo surdimensionné et sûr-possessif pouvait- il posséder ! Mais peut-être qu'ainsi, j'aurais l'occasion de  m'échapper un temps soit peu de cette soirée....

De sa voix grave et caverneuse, Alec intima à tout le monde de reprendre leurs activités, ce que tout le monde fit.

Sans que je ne puisse esquisser aucun mouvement, je me retrouvais entre le bras d'Alec, celui ci me tenant par les hanches comme on soulève un pot de fleurs. En deux secondes, à peine le temps pour moi de crier, nous nous trouvions en pleine forêt.

Alec desserra sa prise de sur mes hanches, et j'en profitais pour m'extraire de ses bras, agassée. Mais tout de même contente de ne plus être au milieu de tout ces gens.

_ Non mais ça va pas de faire ça ?! D'abord tu nous fais ton petit numéro de force avec ton aura, et maintenant tu m'emmènes sans me demander mon avis au milieu de cette forêt ?!

Les yeux rouges d'Alec, à quelques centimètres de moi, ainsi que le long grognement qui naquit dans sa cage thoracique, me dissuadèrent d'aller plus loin dans mes reproches.

Le dit propriétaire de ces attributs planta ses iris rouges flamboyantes- que je pouvais presque voir luire dans la nuit- dans les miennes.

Déstabilisée. C'est ce que j'étais en cet instant. Comme à chaque fois qu'il me regardait avec CE regard. Il avait un pouvoir sur ma personne que je ne comprenais pas, et qui m'agaçais au plus haut point :
Être asservie à quelqu'un d'une quelconque manière, et sans en connaître les raisons , ne m'enchantais guère.

Mais pour une autre  raison inconnue, je ne ressentais pas seulement de la peur ou de l'incertitude, une pointe de désir avait aussi fait surface depuis les tréfonds de mon corps.