Quinzième Secret

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BIP.

Un long râle s'échappa de ma bouche tandis que je tentai de m'étirer, en vain. J'eus un mouvement de recul lorsque je sentis une masse bouger à côté de moi. Pendant quelques secondes, j'avais oublié que je n'étais pas seul. Un chaleur presque étouffante s'émanait de la couverture, venant de nos deux corps toujours collés l'un à l'autre. Le réveil s'éteignit quand Taehyung appuya sur l'un des boutons de son téléphone, sans même le regarder. Sa main retrouva alors mon dors.

-Tu te ne te lèves pas ? Lui demandai-je.

-Hmm, j'ai pas envie, je suis bien là.

-Tu as cours.

-Ce n'est qu'un tout petit détail.

Ne voulant pas le faire sécher les cours par ma faute, je poussai violemment son torse, ce qui le fit immédiatement tomber par terre dans un fracas incroyable. Ouïe, j'y étais peut-être allé un peu fort.

-Ahhh, Jeon Jungkook ! C'est toi qui a insisté pour que je reste dormir et c'est toi qui me vire, t'es putain de lunatique.

Son ton était bien trop sérieux, il était réellement énervé, oups.

-Je voulais bien que tu restes mais tu as cours.

-Je suis presque adulte, je sais me prendre en main tout seul et crois-moi je connais déjà bien assez mon emploi du temps pour ne pas avoir besoin de quelqu'un pour me le rappeler.

Touché.

-Hmm, désolé.

Il souffla longuement avant de se relever. Je l'entendis bailler au moins deux bonne fois avant qu'il ne daigne enfin bouger son cul. Une lumière m'aveugla soudainement.

-Aish, range ça.

Il ne le fit pas pour autant, cherchant à l'aide de sa lampe torche de portable, je ne sais quoi.

-Où est ma serviette ?

-Sûrement près de ma chaise.

Il ne perdit pas une seule minute et je le vis aussitôt quitter la pièce afin d'aller prendre douche.
La place à côté de moi commençait déjà à bien trop refroidir à mon goût. Je voulais me rendormir, avec lui.
Il avait raison, j'étais bien trop lunatique.
Je passai mes deux bras autour de mon coussin tout en le serrant très fort dans l'espoir de me rendormir. Mais impossible, ma tête me faisait trop mal et je ne voulais que retrouver la chaleur du corps de Taehyung contre le mien.
Argh, pas possible.
Au cours de ma vie, j'ai toujours appris à me débrouiller seul, je ne pouvais pas commencer à dépendre de quelqu'un sous prétexte qu'il se montrait gentil et bienveillant avec moi.

-

-Euh... J'y vais, salut.

-Tae ? J'ai fait quelque chose qui t'a vexé ? Demandai-je tristement.

-Non.

-On dirait pourtant...

-Je dois y aller. On se voit plus tard.

-Mais Tae...

Il ne m'a pas écouté et a claqué la porte de ma chambre, prenant son sac à la volée et me laissant totalement seul. Il ne pouvait pas être énervé juste à cause du réveil brutal, j'étais persuadé qu'autre chose le rendait comme cela.
Lorsque j'ai entendu la porte de l'entrée se fermer et que, par ma fenêtre, je l'ai aperçu, capuche et écouteurs aux oreilles, j'ai senti une immense solitude naître en moi et quelques larmes menaçaient mes yeux de couler, non pas dû à son comportement, bien qu'il me rendait légèrement inquiet. Mais à cause d'une chose bien différente.
Du plus loin que je me souvienne, la solitude avait toujours fait partie de moi. Surtout depuis mon traumatisme.
Le souvenir de ces jours atteignit immédiatement mon coeur.
J'avais espéré. J'avais prié pour que l'on vienne me chercher, hurlant à tout va en demandant de l'aide. Ma voix disparaissait au fur et à mesure des jours, à forcer de trop crier. Que ce soit de douleur, de tristesse ou de détresse. Pendant des heures et des heures, je me disais que quelqu'un viendrait pour moi, que l'on me sauverait de l'enfer et que je pourrais enfin vivre en paix, chose fausse bien évidemment. Mes appels à l'aide ne recevaient aucunes réponses, le déchirement de mes cordes vocales n'alertaient absolument personne. Et tout cet espoir s'est bien vite envolé.
C'était dur pour un enfant de 11 ans, qui avait toujours vécu dépendamment de ses parents, de sa famille et de tout adulte. C'était horriblement difficile de devoir être confronté à la solitude. C'était même inhumain, je n'avais jamais appris à me débrouiller par moi-même. Mon père et ma mère avait toujours été là pour guider mes paroles et mes gestes. Et là, le son de leur voix me paraissait si lointain.
Alors j'ai pris les devants, j'ai arrêté de pleurer et ce fut à ce moment-là que j'ai réalisé que si je voulais vivre, il fallait que je me démerde. Je me suis dit : « Maintenant, c'est moi contre le reste du monde. Je ne peux plus et je ne pourrais jamais plus compter sur quiconque. ». C'était ce que je m'étais rentré de le crâne. Je l'avais parfaitement respecté.

« 𝚂𝙴𝙲𝚁𝙴𝚃𝚂. » ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant