« 𝚂𝙴𝙲𝚁𝙴𝚃𝚂. » ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

Vingt-quatrième Secret

Mercredi.

J'avais raison, c'était des adieux.
J'étais allé au lycée la boule au ventre, j'appréhendais, je stressais. Les deux premières heures m'avaient semblé interminables tant l'anxiété me rongeait. Dès que la deuxième sonnerie avait retenti, j'étais déjà debout, prêt à chercher Taehyung partout. J'étais sorti de la salle en quatrième vitesse, je ne voulais voir personne d'autre que lui, je voulais qu'il me rassure et me dise que non, il ne comptait pas me laisser tomber.
Mais bien sûr, ça ne pouvait pas se passer comme ça.
Je l'ai vu arriver, écouteurs aux oreilles. Il n'y avait quasiment personne dans le couloir, il ne pouvait pas me rater. Mes jambes se sont mises à flageoler lorsqu'il s'est approché dans ma direction et j'ai bien cru me briser quand il est passé à côté de moi, sans ne serait-ce que m'adresser un regard. Rien,  pas de sourire, pas de coup d'oeil, même pas de haine. Il a juste fait comme si je n'avais jamais existé.
Et putain, même après tout ça j'espérais encore. Je voulais y croire, croire au fait qu'il allait revenir, qu'il était simplement mal.
Peut-être aurais-je dû lui courir après.

Jeudi.

-Je vous promets que vous allez pouvoir venir chez moi le week-end prochain mes anges. Il faut juste un peu de temps pour que j'emménage et que je puisse décorer un peu la maison.

Mon frère et moi avions simplement hocher la tête. Il était inutile de râler ou se sentir triste. C'était ainsi et il fallait l'accepter. Ma mère partait, nous devions juste nous habituer à ce nouveau quotidien, rien de plus.

Il devait venir aujourd'hui. Taehyung. Au lieu de ça, il était allé inventer à Hoseok qu'il ne pouvait pas et celui-ci était venu me le dire. Apparemment, il ne se sentait pas très bien. Mon cul.

Vendredi.

Je me suis réveillé en sursaut à 2h du matin. Mes terreurs nocturnes revenaient à la charge.
Je me suis endormi en classe. À nouveau.

Yoongi avait définitivement abandonné avec la fille qu'il aimait. Ça ne m'étonnait pas tant que ça. Il avait toujours été du genre à aimer les défis mais à ne pas savoir savourer la victoire, en quelque sorte. Il ne le faisait pas exprès mais, en réalité, il aimait le fait qu'on lui résiste. Et une fois qu'une fille ne lui résistait plus, il s'en débarrassait. Ça pouvait paraître méchant comme ça mais à vrai dire, c'était plutôt lui la victime de l'histoire. Il n'arrivait pas à ressentir quelconque amour alors qu'il ne demandait qu'à le vivre.

J'ai croisé Jimin. J'étais à deux doigts de lui demander comment Taehyung allait. Puis, ça a fait tilt dans ma tête : je devais arrêter de lui courir après alors que lui m'avait lâchement abandonné. J'avais beau ressentir un vide énorme, ma haine grandissait bien plus vite que ma triste solitude.

Samedi.

J'ai presque déchiré mes dessins de lui. Dans un moment de colère intense, après que mon père soit rentré presque bourré et que mon frère se soit cassé en pleurant. J'ai voulu tout détruire sur mon passage. J'ai pleuré, hurlé, pété un câble. J'ai cassé un ou deux vases pour le simple sentiment de satisfaction de voir quelque chose voler en éclats. Quelque chose d'autre que moi.
Ma nuit blanche n'avait, en plus de cela, que décupler ma crise. Pour la deuxième fois en peu de jours, j'avais fait, non pas un, mais deux cauchemars.

Je n'ai rien pu faire d'autre. Les deux seules choses qui me remontaient le moral étaient que je n'avais plus cours le samedi matin et que mes amis allaient venir me voir demain. Je les avais presque suppliés à vrai dire. J'avais conscience du fait que je devais me débrouiller seul et de ne pas compter sur les autres. Cependant, eux étaient différents de Taehyung. Nos relations et le fait que je ne dépende pas d'eux de la même manière m'autorisaient à me laisse réconforter par leur présence.