Chapitre 2 - Rouges & Bleus

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     Pierce se leva, tout en tentant de se rappeler ce qu'il avait appris de cette race. Une seule caractéristique lui revint : ils étaient capables de se rendre inexistants, à savoir invisibles, inodores et totalement silencieux. Il y avait bien d'autres choses, mais il ne s'en rappelait pas, la bonne nouvelle, c'était qu'il ne risquait de perdre de vue l'intruse. Après avoir lentement longé le mur attenant à sa chambre, Pierce se rendit dans la cuisine. Il se dit qu'il serait plus facile de surprendre l'individu en sortant par la cuisine,  au lieu du couloir qu'il avait utilisé pour se rendre dans la salle de bain. Une fois dans la pièce, il chercha instinctivement le bloc dans lesquels étaient fourrés les couteaux de cuisine. Un sourire vint sur son visage. Et s'il mettait à profit ce qu'il avait pratiqué il fut un temps ? Alors qu'il avait les doigts tendus vers le manche d'un tranche-lard, il baissa sa main et tourna la tête sur la gauche. Le patio se trouvait de l'autre côté du mur. Pierce cligna des yeux. Sa Libre-Vue revint, beaucoup plus nette. Il accentua son attention sur le mur et celui-ci s'effaça en partie visuellement, pour laisser place à un large panorama sur le patio. Vraiment pratique de pouvoir regarder à travers. Il revit l'être vivant entouré de la brume rouge caractéristique, assis dans le canapé, avec beaucoup de précisions, comparé à la 1re fois. C'était une femme, vu de dos. Elle semblait vêtue de cuir, du moins pour ce qu'il entrevoyait. Elle avait 2 piercings à l'oreille droite, le premier était un piercing hélix, le deuxième, un anti-hélix. Ses cheveux sombres paraissaient mi-longs. Pierce déblaya visuellement le 1er plan de l'image qu'il avait, afin de voir à travers le canapé et le corps de la femme ce qu'elle faisait. Elle tenait entre ses mains sa tablette et naviguait dessus. Un « zoom » permit à l'Erranest de voir qu'elle se baladait dans le dossier des images. Ok, donc quelqu'un avait pénétré la villa pour simplement regarder ses photos dans le plus grand calme à 23h passées. La situation était passée de louche à absurde. Pierce retourna à sa vue normale, accéléra le pas, déboula dans le patio et interpella l'intruse.

« Ahem, juste pour savoir, que faites-vous chez m.. »

Il interrompit sa phrase, car il fut surpris par la rapidité avec laquelle la femme avait disparu de son champ de vision, alors qu'au moment où il avait pénétré la pièce, elle était clairement visible, sans l'usage de ses yeux améliorés. Un juron traversa les pensées de Pierce. Il repassa à sa vision transformée et poussa un « Oh ! » tout en évitant de justesse la lame de poignard qui avait quasi-parfaitement visé ses côtes. Le coup aurait été parfait si l'Erranest n'avait été pas capable de voir son assaillante. Il profita de son élan pour lui saisir le bras droit, effectua une pression douloureuse sur son poignet et d'une poussée franche, la plaqua contre le mur, en y mettant une partie de son poids. Quelques années auparavant, Pierce avait voulu connaître totalement les détails de son patrimoine génétique. Il avait alors découvert qu'il était à 60% Erranest et 40% Duraki. Il avait mieux compris pourquoi il n'avait pas eu de mal dans sa jeunesse à se faire respecter quand il avait été nécessaire d'user les poings; Avoir une force légèrement au-dessus de la moyenne, ça aidait forcément. Il se retourna et observa son assaillante. Celle-ci s'était relevée, essoufflée. Sur son visage se trouvait un faible air douloureux, majoritairement couvert par la surprise. Ses sublimes yeux pourpres, se conjuguaient parfaitement avec ses cheveux roux et le teint rose de sa peau, sur laquelle se trouvaient quelques tâches de rousseur, cela sur les joues. Pierce ne put s'empêcher de penser qu'elle était plutôt mignonne, mis à part le fait qu'elle venait d'essayer de le poignarder mortellement. Il soupira et se dit qu'il devait profiter de l'accalmie pour reposer sa question, quand un soupçon de bon sens lui rappela qu'il avait déjà quelques indices sur la réponse. Il la modifia légèrement.

« Hum. Juste pour être sûr. Que faites vous chez moi ? »

La rousse ne put s'empêcher de lâcher un sourire. Elle avait rarement croisé des personnes aussi calmes alors qu'elles étaient passés à deux doigts de mourir subitement. En fait non, elle n'en avait jamais croisé, généralement, elles étaient déjà mortes. Elle passa sa langue sur ses dents et s'apprêta à répondre, quand elle entendit un grésillement. Elle tourna la tête sur la gauche, et vit une sphère bleutée apparaître à l'intérieur du patio, près de l'entrée. Une silhouette entière se matérialisa à l'intérieur de la sphère , tandis que les bords de cette dernière se rabaissèrent. Il fallut exactement 2 secondes et 35 millièmes à la nouvelle venue pour faire irruption. Il s'agissait d'une brune aux yeux bleus, dont un regard dur s'en échappa. Le carré plongeant de ses cheveux couleur jais finissait d'accentuer l'air déterminé présent sur son visage. Un large manteau de laine gris recouvrait un pull au col roulé blanc. Un pantalon noir tombait sur des bottes cuissardes à talon haut, avec des lacets sur les côtés. Sans trembler, elle brandissait un pistolet à douilles pulsantes en direction de la rousse. Celle-ci laissa sa pensée s'égarer quelques secondes, en se disant que cette personne aurait bien besoin d'un petit relooking. Il y avait quelque chose selon elle qui pouvait être exploité, un capital beauté clairement présent mais à l'état brut. La brune prit la parole.

« Donnez-moi une raison de ne pas vous coller une balle qui vous empêchera de disparaître sournoisement à mes sens durant les 12 prochaines heures. »

La femme à qui cette parole était adressée, écarquilla les yeux. La situation devenait vraiment compliquée.

Lune PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant