Chapitre 22 - Père et Fille

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    Quelque part dans le quartier d'Ibusen, à l'étage d'un restaurant huppé nommé « le Paon Doré », régnait une ambiance remplie de tension, même si la personne au téléphone à cet instant même, faisant tout son possible pour rester calme. Ce n'était pas tous les jours que Kimeru Osamura, téléphonait à la Famille Merumi, afin de négocier des faveurs, en Nipōnais de plus. La langue était connue pour être très difficile, et seuls les ressortissants de Nipō, un pays situé à l'Est, la parlait, et encore, certaines couches sociales l'utilisaient avec moins d'aisance que d'autres. Ayant grandi dans un Refuge Martial, Kimeru parlait excellemment le Nipōnais, et savait utiliser toutes les facettes de la langue pour exprimer le fond de sa pensée, tout en gardant une politesse exemplaire. Admirative, Niekira regardait son père, et ne cessait de se dire qu'elle aurait tout donné pour comprendre ce qu'il disait à l'instant précis. Elle ne s'était jamais montrée intéressée pour apprendre la langue paternelle, mais à une époque, en avait eu une certaine compréhension. Cependant, à force de parler le Versal, la langue plus parlée au monde après l'Oranien - à cause de la puissance économique du pays de Versa - elle avait peu à peu oublié le Nipōnais, pour arriver à une compréhension approximative de certains idéogrammes, mais sans plus. La Volvin jeta un coup d'œil dans le bureau où siégeait le chef actuel du Clan Osamura. Des piles de dossiers étaient entassés sur des meubles sur les côtés. Une grande affiche en noir & blanc, représentant Kimeru à sa 23èmeannée, lors de sa promulgation en tant que Main du Chef du Clan de l'époque, était placardée sur le mur attenant, au fond. A côté se trouvait un tableau, où l'on pouvait apercevoir une partie de la famille Osamura, dont certains étaient déjà morts. Niekira reconnut sa grand-mère encore en vie, des cousins de son père, mais c'était tout. Sur le meuble derrière le bureau, était posé un grand bocal, où une carpe Koï aux reflets bleutés, se pavanait sereinement. Niekira vit son père tapotait doucement le bocal, comme pour jouer avec le poisson. Celui-ci réagit un instant, puis repartit à sa frime à l'intérieur de son bocal. Kimeru se retourna alors, tout en soupirant. Niekira put alors contempler le style de son père, qu'elle trouvait très classe, alors qu'il avait atteint les 61 ans récemment. Kimeru était vêtu d'une chemise rouge sang large, avec des boutons de manchettes dorés. Il portait un pantalon noir, fit sur mesure, et qui retombait des chausses de cuir véritable, noires, dotée pour chacune d'entre elles, d'un pompon doré. Ses cheveux grisonnants, retombaient un peu sur sa nuque, tandis qu'une mèche survolait son nez. Une balafre sur sa joue gauche, n'ôtait en rien la beauté de son visage, elle rajoutait même du crédit à celui qui était surnommé le Loup Solitaire aux 1000 Chasses dans le milieu. Une chevalière en or pur ornait l'auriculaire de sa main droite, dans lequel il tenait son téléphone Eccho. A son niveau, il ne craignait aucunement d'être écouté ou traqué pour les autorités. Il était officiellement le propriétaire d'une franchise de restaurants Nipōnais, dont les menus aux prix abordables, réjouissaient la classe moyenne. Officieusement, il était le 60èmechef du Clan Osamura, le Seigneur Pourpre, et dirigeait sans aucune rébellion possible, la plus ancienne famille mafieuse établie à Ora. Spécialisée dans les meurtres sur commandes, mais aussi la protection à la personne, ou de commerces. Moyennant finances, et discrétion absolue de la part des concernés. Personne ne parlait quand les Osamura étaient impliqués, personne n'insinuait même leur participation, lorsque des représailles étaient menées, afin de venger l'affront fait à un protégé. On ne disait pas « j'ai aujourd'hui fait affaire avec un Osamura » mais « j'ai réussi un projet avec une Lame Pourpre », ou « J'ai trouvé un accord avec un Silencieux-Protecteur ».

Si Niekira avait choisi de devenir un assassin, alors qu'elle aurait pu être élevée par sa mère, en dehors de ce contexte, c'est qu'elle avait toujours admiré cet univers, même trouvé fascinant. Quand elle l'avait dit à son père, à l'âge de 14 ans, celui-ci était attristé, car il aurait apprécié voir un de ses enfants vivre normalement. Mais il n'avait pas voulu la forcer. C'était d'ailleurs ce qui avait par la suite débouché sur le départ de la mère de Niekira, Rani Miramoto. Elle n'avait pas supporté le fait que son compagnon avait cédé à la demande de sa fille, alors que son aîné, avait entamé une carrière d'assassin également. C'est du jour au lendemain qu'elle était donc partie, laissant Niran et Niekira entre les mains de Kimeru, sans regrets. Elle avait eu marre de cette double vie, cuisinière le jour, comptable des comptes sanglants pour le clan la nuit. Suite à cela, Niekira s'était mise à la détester, et des années après, même si Kimeru l'avait poussé à le faire, n'avait jamais cherché à revoir sa mère. Elle savait que son grand frère Niran, l'avait fait à la naissance de ses propres enfants. Mais elle gardait, tenace, cette rancœur envers cette mère qui à ses yeux, l'avait abandonnée sans raisons valable. Et cette blessure était encore présente dans son cœur à ce jour.

Lune PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant