CHAPITRE XXII.

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La tombe est belle. La Dame et moi avons, exceptionnellement, quitté le refuge pour rejoindre une petite ville, non loin du bois. Nous sommes allé choisir un beau cercueil, et une pierre tombale simple, mais à mon goût.  Aymeric était orphelin et vivait au Manoir depuis toujours. Nous n'avions personne à contacter, sa famille était tout les pensionnaires.
L'enterrement s'est fait avant-hier, sur le bord d'une falaise, de l'autre côté de la forêt. Depuis, je suis là, assise, à contempler la tombe. Un léger vent fait soulever mes cheveux au dessus de ma tête et je les repousse de mon visage d'un geste de main. J'ai cesser de pleurer, maintenant. Je fais mon deuil en silence, seule, en tailleur devant la pierre. Parfois, je laisse quelques notes sortir de ma bouche, l'air d'une vieille chanson dont je ne connais pas les paroles. Puis je me penche devant la falaise, j'observe le sol lointain, en son fond. Je laisse mollement tomber une pierre, tentant d'entendre le choc lorsqu'elle heurte le sol. Je m'occupe en parlant seule, en imaginant qu'il m'entend.

Quelques jours plus tard, je me suis enfin décidée à rentrer au refuge pour de bon. Je me sens mieux, malgré ce vide impossible à combler au fond de moi. Les autres enfants me jettent parfois des regards de pitié, mais j'ai finis par ne plus y faire attention. Couchée sur mon lit, les yeux rivés sur le plafond, je joue avec la couverture, je la fais rouler entre mes doigts. Soudain, une voix me sort de mes pensées.
-Alpha, il y a quelqu'un qui veut te voir.
Je fronce les sourcils et me lève, sans vraiment comprendre. En ce moment, il semblerait que les gens ne veulent pas vraiment me parler, étant donné que la moitié des personnes au refuge me prenne pour une folle, et l'autre pour une dépressive. Je finis tout de même par me lever. Je m'avance, pieds nus, sur le carrelage froid du couloir, avant de m'arrêter brusquement. La personne au fond, j'ai d'abord du mal à la reconnaître. Puis, elle court vers moi et m'enserre de ses bras.
-Alpha.
Sa voix est rassurante, réconfortante.
-Maman ? Mais...
-Je lui ai donné notre nouvelle localisation. Je t'avais dis que je la ferai venir, me lance la Dame.
Je regarde la femme sans y croire. J'ai l'impression que ça fait des années que je ne l'ai pas vu, alors que ca fait seulement quelques mois.
-Nous devons parler, me dit-elle.

Quelques instants plus tard, je suis assise dans le petit salon, un bol de soupe dans les mains, en face de ma mère.
-Tu dois te demander pourquoi je ne t'ai rien dis à propos de toi.
-Pour me protéger, non ? C'est toujours l'excuse la plus valable.
-En partie, mais je t'ai cacher la vérité par égoïsme surtout. Je ne voulais pas être seule, déjà que ton père était partit...
En effet, mon père était mort il y a quelques années, et j'avais finis par faire le deuil.
-De toute façon, ca revient au même, dis-je. Je suis ici, maintenant, et je ne veux pas rentrer.
-Je ne suis pas venu pour te ramener, ne t'en fais pas. Je venais prendre de tes nouvelles, et puis, je venais rendre visite à ma sœur.
-Quoi ?!
La Dame, silencieuse depuis le début, prit la parole.
-En effet, ta mère et moi sommes sœur.
-J'ai du mal à comprendre, je rétorque en secouant la tête. La seule famille que nous avions, c'était ma grand mère, et elle est morte il y a un an.
-Je suis désolée de t'avoir cacher ca, ma puce, déclare ma mère.
Je hausse les sourcils et lance un regard à la Dame. Elle me sourit faiblement.
-Je suis Rita. Rita Wilson.

C'est insensé. Comment, en seize ans, on aurait pu le cacher l'existence de ma tante ? Je pousse un long soupir. Décidément, je ne suis pas au bout de ma peine, et j'en apprends tout les jours. Si bien que là, à cette instant, j'ai du mal à savoir qui je suis vraiment. Je me lève.
-Laissez moi juste un peu de temps pour digérer ça. Et, en fait, si j'ai encore un frère, ou je ne sais quoi d'autre, secret, j'aimerai être mise au courant maintenant.
Les deux femmes me regardent avec un air désolé, que j'ignore avant de me retourner et partir. En sortant du petit salon, Aria me tombe dessus, un grand sourire sur le visage.
-Alors, c'était comment, avec ta mère ?
En voyant mon regard froid, elle hoche le menton.
-Ok, pas de problème. Tu me raconteras ca plus tard.

Nous rejoignons la chambre, où Charlène nous attend. Avant même que j'ai le temps de m'assoir sur mon lit, la brune m'envoie un paquet de vêtements, Je je rattrape tant bien que mal.
-Vas te laver et te changer, on sort faire une activité féminine que nous n'avons pas eu depuis une éternité, soit le shopping. La Dame nous a autorisées à sortir !
-Sans moi, désolée.
-S'il te plaît, Alpha !
Dans son regard, je vois que ça ne sert à rien de batailler.
-Ok, je râle en levant les yeux au ciel.
Une heure plus tard, nous sommes dans les rues grouillantes de gens.
Nous nous arrêtons dans un bar pour boire un coup après quelques magasins, et un homme vient nous parler, sourire aux lèvres.
-Bonjour, mesdemoiselles ! Ca vous intéresserai, une petite fête ? Je suis musicien et mon groupe et moi nous produisons pour la première fois demain, ici même. On essaye de rameuter des gens, alors...
Nous nous regardons, et mes deux amies ont les yeux qui pétillent. Je n'ai aucune envie, personnellement.
-C'est gentil, je commence, mais...
-On va venir ! s'exclame Aria. Ce sera super.
-Génial. À demain, alors !
Il s'en va après nous avoir tendu une photo du groupe en papier glacé.
-Trop beau ! s'exclame la rouquine entre de part de son gâteau à la fraise.
-Trop vieux, marmonne Charlène.
Son visage prend un air triste, elle pense sûrement à Constant. Songer à son nom me fais frémir de colère. Je veux juste le tuer. Et je le ferai, j'en suis persuader. Je le hais et je le tuerai.

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