CHAPITRE XXXI.

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Le temps s'écoule dans ma cellule alors que je joue avec un pauvre petit cailloux. Il s'écrase contre le mur et revient dans mes mains inlassablement dans un cliquetis bruyant causé par sa collision avec le métal de la paroi. Assise dans la poussière, je soupire et ramasse mon outil de jeu. Je m'approche de l'espèce de brancard rouillé qui me sert de lit et le retourne. Derrière, de nombreuses marques blanches sont dessinées. Je trace un nouveau trait et m'attelle à les compter. Apres quelques secondes, je remets la couche en place. Vingt trois lignes strient le dos du brancard. J'en dessine une par jour, pour passer le temps.

La porte de ma prison valdingue soudain et découvre Max et Lena, et leurs sourires insupportables avec eux. Je les foudroie du regard : après plus de trois semaines de solitude, on se décide enfin à m'envoyer des interlocuteurs. Jusqu'à maintenant, je me suis occupée comme j'ai pu : les premiers jours, à vrai dire, je n'ai cessé de pleurer comme une madeleine, roulée en poule sur la terre dur et étouffante. Ensuite, lorsque j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, j'ai dessiner sur le sol, j'ai chantonnée, je me suis ennuyée, j'ai créé des statues de glace pour finir par les réduire finalement en miette... Et je pensais continuer ça encore longtemps. Cette solitude m'a au moins servit à réfléchir, et malgré la mort de ma mère, j'ai décidé de ne plus pleurer. De toute façon, je crois qu'il ne reste plus assez d'eau dans mon corps pour faire une larme.

Mais cette visite attise quelque peu ma curiosité. Les deux adolescents viennent s'asseoir à côté de moi.

-Ça va mieux, Alpha ? me demanda gentiment Léna, à ma plus grande stupeur.

Je la foudroie du regard : ils se moquent de moi, j'en suis sur.

-Ne jouez pas à ce jeu avec moi, c'est clair ? je grogne.

-Eh, calme toi. On est juste venu voir comment ça allait, tente de me calmer Max.

-Super, je lâche avec sarcasme. Vous venez de tuer ma mère, et je viens de passer le mois le plus fantastique et intéressant de ma vie !

Ma gorge se serre à la mention du premier problème. Mais, contre toutes mes attentes, les deux baissent les yeux d'un air désolé, abandonnant totalement leurs airs supérieurs et heureux.

-Tu sais, on a aussi vécu ça. Perdre des proches, je veux dire, murmure la jeune fille.

Je lève les yeux au ciel. Je ne veux pas leur parler, à vrai dire. Je veux juste me retrouver à nouveau seule. Et je ne veux surtout pas parler de mort.

-Je m'en tamponne, allez vous en.

Mais malgré mes nombreuses supplications, aucun des deux ne part. Ils restent là, assis à mes côtés dans la poussière, comme si ils voulaient être mes amis. Comme si je m'étais trompé à leur sujet et qu'ils n'étaient pas si sans coeur que ça. Nous restons donc assis en silence durant un temps indéterminé mais très long, avant que Lena ne se mette à parler. Elle commence à raconter le voyage qu'elle avait vécu, elle et son frère ainsi que leurs parents, au bord d'un océan. Max se prit au jeu et renchéri, donne plus de détails. Leurs yeux pétillent à l'allusion de ces souvenirs qui semblent leur tenir très à coeur. Pour ma part, je les écoute sans dire un mot mais leur récit me distrait. Finalement, leur présence me réconforte quelque peu et il est bon de ne plus se sentir seule. Mais ça, je suis bien trop fière pour le leur avouer. Lorsque la nuit tombe, ils me quittent avec une nouvelle expression sur le visage, amicale et sincère, que j'ai du mal à saisir.

-Nous reviendrons demain, me promet Max.

-Tu dois terriblement t'ennuyer mais heureusement tu as trouvé tes sauveurs, ajoute Léna, le regard plein de malice.

Puis ils quittent la cellule et me laisse à nouveau seule avec une tonne de question en tête. Pour quelles raisons ont ils décidés de venir me parler ? Sous ordres de l'Espionne, peut être, mais ça m'étonnerai. Je doute que ce soit le genre de personne qui pardonne si vite une trahison.

Le lendemain, la fratrie me rejoint à nouveau, tout comme le surlendemain, et le jour d'après. Plus le temps avance et plus la glace entre eux et moi fond. Je me mets moi même à leur raconter les histoires du lycée, de Tyler et Ryan. De ma vie à New York. Nous nous perdons dans des rêveries plaisantes et oublions chaque heure plus encore que nous sommes ennemis et dans deux camps se menant la guerre. Nous ne parlons d'ailleurs jamais de ce genre de sujet, prenant soin de les éviter, sachant qu'ils remettraient instantanément le froid entre nous.

-Personne ne se plain que vous veniez me rendre visite ? je demande un jour à mes deux camarades.

-Bien sur que si, mais que veux tu, ils ne savent pas ce qui rate ! Nous nous entendons tellement bien, me répondit au tac au tac Léna.

-Je suis sur que maintenant, tu serais prête à revenir sur ta décision. Tu as fais une erreur mais nous t'avons brusqué, mais avoue qu'aujourd'hui, tu penses que notre camp est le bon, me lance Max.

Je me crispe. Je ne m'entendais pas à ce qu'il remette ce sujet sur le tapis alors qu'il avait été tabou si longtemps. Je lui lance un regard plein de haine.

-Tu connais très bien ma position, elle n'a pas changé, et ne changera jamais. Si vos petites visites avaient pour but de me faire changer d'avis, vous n'aurez qu'à dire à ma tante qu'elle a raté son coup.

Les deux adolescents ont un air déçu et attristé, mais Léna vient se coller à moi et m'enlace de ses longs bras minces.

-Peut importe ton camp, nous t'aimerons toujours, Al.

Je déteste les surnoms, en temps normal, mais cette fois, accompagné de cette phrase, il m'apaise et je sens mes muscles se détendre. Je la serre à mon tour. Je crois que j'avais oublié ce que ça faisait d'avoir des amis. Si je ne m'étais pas jurer le contraire, je me serai, en ce moment précis, surement mise à sangloter.

NDA :
3k, merci beaucoup (: hésitez pas à commenter si il y a des trucs qui vous dérangent ou qui vous plaisent, ça fait toujours plaisir ((:

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