CHAPITRE XXXII.

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Je tape sur la main de Max qui me vole le peu de nourriture dans mon plateau repas de tout les jours.

-Arrête, tu as bien assez de nourriture comme ça, tu vas devenir obèse !

Léna n'avait pas pu venir aujourd'hui et nous nous sommes retrouvé seul. C'est déjà arrivé plusieurs fois et je trouve les moments seule avec lui très paisibles et agréables. Nous restons parfois allongés dans ma cellule durant des heures en silence : le simple fait de ne pas être seule me remplie de joie. Mais aujourd'hui, l'atmosphère est lourde et le garçon semble plus grave que d'habitude, pensif, lorsque vient notre rituel du couché. Au bout de quelques minutes de silence, il tourne son visage vers moi.

-Alpha, je voudrais te parler de quelque chose.

Je plante mon regard dans le sien mais il l'évite et pousse un long soupir.

-Nous ne somme pas venu te rendre visite de notre plein gré, au début..

Je fronce les sourcils alors que mon corps se met à trembloter.

-Quoi ?

-C'est l'Espionne qui nous a demandé de faire en sorte que tu sois plus docile : c'était pour que tu rejoignes notre cause. Mais après, on s'est rendu compte à quel point tu étais géniale, s'il te plaît, ne nous en veux pas.

Ses paroles résonne dans ma tête, brisant mon cœur en mille morceaux. C'était trop beau. Je ne peux pas m'empêcher d'attirer les mauvaises choses. Encore une trahison, murmure une petite voix. Je sens les larmes monter mais je les chasse : je ne dois pas oublier ma promesse. M'efforçant de garder les yeux rivés sur le plafond, je tente de calmer les émotions qui me submergent.

-Vas t-en.

-Alpha, murmure t-il d'une voix tremblante.

-Vas t-en, et pas besoin de revenir. Je sais de quel côté je suis.

Ma voix est mal assurée et tremblante, mais je parviens à y glisser un peu de fermeté. Max se lève doucement et s'approche de la sortie lorsqu'un bruit assourdissant retentit telle une explosion et le fait sursauter. La porte qui me retenait prisonnière depuis si longtemps vient de valdinguer dans ma cellule et une jeune fille que je connais bien apparaît sur son seuil. D'un geste de main, elle fait jaillir de grosse racine qui grimpent sur les jambes de Max et l'immobilisent. Charlène accourt vers moi et me serre dans ses bras.

-Pardonne nous, Alpha, souffle t-elle.

Je reste immobile, incapable de bouger aucun membre. C'est comme un rêve, ce que j'ai espéré tout les jours depuis mon arrivée ici. Mes amis sont venu me sauver.
Sa main se glissant dans la mienne me fait sortir de mes pensées.

-Allons-y, Peter nous attend.

Le nom du garçon me fait trembler : nous ne nous sommes pas quitter dans de bons thermes, mais il est tout de même venu. Cette nouvelle me réchauffe le cœur. Alors que je suis la blonde, Max m'interpelle.

-Alpha, ne fait pas cette erreur, je t'en pris ! Je ne veux pas redevenir ton ennemi.

-Oh, je crois que tu n'as jamais cesser de l'être, je réponds sèchement et le foudroyant du regard. 

Et je trottine pour rejoindre Charlène partit devant, sans me retourner. Je la découvre face à un homme et je m'empresse de la rejoindre. En gardant le regard rivé devant elle, elle me glisse :

-Attrape lui le bras.

Je m'exécute et elle fait de même alors que l'homme, surpris, n'a pas le temps de réagir lorsque nous le soulevons et l'écrasons sur le sol. Nous marchons jusqu'à une petite salle où jonchent plusieurs corps et où nous attend Peter. Lorsqu'il me voit, il baisse les yeux, et je remarque sa mâchoire se serrer. A mon tour, je fixe le sol, gênée. Charlène me tire.

-Allez, on s'en va.

Le garçon me tend sa main et je l'attrape avec hésitation. Nous attendons quelques instants jusqu'à ce que des hommes apparaissent à la porte, l'air mauvais. Peter serre alors nos mains et je ferme doucement les yeux.
Lorsque je les rouvre, nous sommes devant le Refuge. Je me laisse alors tomber dans l'herbe. La lumière chauffante du soleil me brule agréablement la peau et je fais jouer la végétation entre mes doigts. Je suis enfin de retour. Et libre. Je colle mon visage contre le sol. Charlène s'assoit à côté de moi, vite imitée par Peter.

-Nous aurions dû venir plus tôt, pardonne nous..

Sans répondre, je roule dans l'herbe et laisse les rayons m'éblouir. Je me rends compte à quel point la vie peut être plaisante, ce qui m'avait paru totalement faux depuis un laps de temps qui m'a paru être un million d'années. Je regarde mes deux amis.

-Alors, qu'est ce que j'ai raté ?

Charlène fronce les sourcils et Peter me propose d'aller à l'infirmerie, mais je leur répond sèchement que j'aime mieux rester ici. Voyant mon air insistant, ils cèdent et me content les événements déroulés en mon absence. La Dame aurait mit en place des entraînements au combat en prévoyance d'une quelconque attaque de Tueurs. Charlène ne cesse de répéter que les nuits au dortoir sans moi était interminables et qu'elle était désolée. Puis vient le moment où ils me retournent la question.

-Oh.. moi, j'ai éclaté l'intégralité des verres au self de mon lycée, perdu ma meilleure amie, et ma mère en passant (ma gorge se noue à cette allusion), et je suis restée glander dans une cellule durant... je ne sais pas, mais longtemps.

Charlène me serre dans ses bras, tremblante.

-Je suis tellement navrée...

Je lève les yeux au ciel lorsque je sens que les larmes me montent aux yeux.

-T'inquiètes, je murmure, mais ma voix se brise.

Je crois que je vais, pour cette fois et à titre d'exception, faillir à la promesse que je me suis faite à moi même, car à cet instant, dans les bras de Charlène, avec ce sentiment de sécurité que j'avais oublié ressurgissent en moi, je me sens incapable d'y tenir.

Des larmes glissent de mes yeux sur mes joues empourprées. Cette fois, elles restent liquides.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant