CHAPITRE XLI

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Voilà trois jours que se déroulent les entraînements, et je me sens déjà plus en possession de mon don. J'ai l'impression de découvrir de nombreuses nouvelles possibilités auxquelles je n'aurai jamais songé, comme d'utiliser la vapeur pour aveugler mon ennemi ou pour me déplacer à travers les molécules d'eau si légères. Le directeur Fiels semble être très intrigué par mon don, car il m'aide beaucoup à le développer. En effet, la veille, il m'avait fait travailler tout l'après midi pour gérer mes transformations, et c'est toujours lui qui surveillait mes combats. Je l'aime bien, il a un aspect paternel qui me manquai un peu.

Alors que je termine mon pancake aux myrtilles, Aria me vole d'un vif coup de cuillère le reste de ma chantilly. Je pousse un grognement alors que je rapproche mon assiette de moi et que j'enroule mes bras autour d'elle.

-Tu t'es encore faite avoir, Al, ricane Lois.

Je lève les yeux au ciel : c'est vrai qu'avec la rouquine, c'est devenu compliqué de manger l'entièreté de son petit déjeuné ou de son dessert avant qu'elle n'en ai piqué la moitié. Sourire aux lèvres, elles enfournent la cuillère pleine de ma crème pâtissière dans sa bouche.

-En fait, Alpha, dit elle entre deux bouchées, quand est ce que tu vas te décider à faire le premier pas ?

Elle n'a pas besoin de tendre sa cuillère vers Peter, assis un peu plus loin vers Charlène, pour que je comprenne où elle veut en venir : ce sujet est très redondant, en ce moment. Mes meilleures amies s'amusent à me tanner avec ça et à me mettre mal à l'aise, à croire qu'elles ne jetteront jamais l'éponge. Mais tout de même, je ne peux pas oublier comme ça mon boycott masculin, ma promesse a moi même ! Enfin, ce n'est pas un argument, pour elles. Johan, retirant doucement une mèche rousse rebelle qui passait devant les yeux de Aria, me lance un rire amusé.

-Tu sais Alpha, ça ne sert à rien de lutter. Laisse couler.

Sur ces mots, il dépose ses lèvres sur celles de mon amie, qui lui jeta un regard plein d'une lueur étincelante, brillant d'amour.

-C'est ça, mêlez vous de vos affaires, les tourtereaux, je grommelle.

Le jeune homme passe son bras autour de mon épaule et pointe Peter du doigt.

-Ça, cocote, c'est un garçon qui n'attend qu'une chose. Mais comme il a l'air mou du genoux et qu'il n'a pas l'air décidé à faire le premier pas, il va falloir que tu te lances si tu veux que quelques choses arrivent. Et dépêche toi, je te rappelle que le temps est compter.

En effet, à la guerre, nous ne pourrions plus beaucoup penser à nos histoires amoureuses. Mais tout est encore trop mélangé dans ma tête : d'un côté, une petite voix me susurre de cesser d'hésiter et de me laisser aller, alors qu'une autre, à l'opposé, me rappelle sans arrêt mon boycott. Comme si, à la minute où j'admettrai mon amour pour lui, Peter serai en danger.
Et puis, même si les intentions de mes amis ne sont que bonnes, ils ne font que renforcer mes doutes et mes angoisses.

-Laissez tomber, avec ça. Qui vous a dis que j'avais envie de quoi que ce soit, de toute façon?

Les deux compères me lancent un regard accusateur et je sens le rouge me monter aux joues. Je baisse la tête pour leur cacher, et à ma plus grande joie, la Dame et Fiels entrent dans la salle avant que Aria n'ai le temps de me renvoyer un de ses conseils boiteux et lourds. Ils déposent l'urne devant les tables de petit déjeuner : c'est l'heure de la pioche, comme nous l'appelons maintenant. Cette fois, c'est Lois qui se lance en premier. Il pioche le nom de Nara, une des anciennes pensionnaires du Refuge aux cheveux de jais coupés à la garçonne et a qui je n'ai jamais vraiment parlé. J'attends que quelques autres adolescents ne soient passés pour me lever à m'approcher de l'urne. J'enfourne ma main dans la boîte de carton et retire un des papiers. Quand je l'ouvre, je manque de m'étouffer avec ma salive.

-Peter, j'articule.

Comme si j'avais besoin de ça, comme si la lutte n'était pas déjà assez complexe. Mes joues me brûlent. Le jeune homme, quant à lui, semble plutôt satisfait par la nouvelle. Il me gratifie d'un large sourire. A leurs chaises, Aria et Johan trépignent alors que Charlène laisse échapper un petit rire.
Le brun me rejoint et nous nous dirigeons jusqu'au jardin.

-Où veux-tu qu'on aille? demande t-il.

-Dans la forêt, ça te va ?

Il acquiesce. Quelques instants plus tard, nous sommes face à face, en position de combat. Arthur nous donne depuis deux jours des cours d'art martiaux, il se trouve que le géant est très bon au combat. C'est plutôt une bonne chose car nous n'avions, sauf quelques exceptions, aucune base de ce côté là, mais nous apprenons vite.
Je place ma garde devant mon visage.

-Je m'abstiendrai d'utiliser mon don, mais ne compte pas sur moi pour retenir mes coups.

-Je te retourne la remarque, sourit-il. Les filles d'abord.

Je ne me fais pas prier. Je fonce vers lui et envoi un premier coup de poing sans parvenir à percer sa garde. Sans même que je ne m'en rende compte, ma tête et projetée en arrière par un taquet maîtrisé.

-Tu as baissé ta garde, déclara t-il alors que je me recul et pose ma main sur mon front.

Je me re-avance vers lui et relance mon poing dans son épaule. Alors qu'il tente de se protéger, j'en balance un deuxième de mon autre main, en plein dans son visage, et heurte violemment son nez sans gérer ma force. Il se recule et passe sa main sur son visage, commençant à se teinter d'écarlate. Mon cœur se serre de peur.

-Ca va ? Je suis désolée, je n'ai pas calculé...

-Ca va, dit il en levant la main pour me rassurer, t'inquiète, c'est le jeu.

Il essuie son nez encore suintant de sang et, avant même que je ne réagisse, se retrouve derrière moi. Il me fait une clé de bras qui me tire un cri de surprise et de douleur. Je tente de me débattre et envoi mon pied en arrière, essayant désespérément de le toucher pour qu'il lâche prise. Mon attaque n'a pas l'effet escompté et ne permet que de nous faire perdre l'équilibre. Peter s'écroule sur le sol, et moi dos sur lui. Le choc me coupe le souffle. Nous restons couché sans bouger durant quelques instants avant que je ne me rende compte de la situation -extrêmement gênante- et que je ne roule sur le côté, or de son corps.

-Désolée, je marmonne.

Il m'attrape la main alors que je me relève en position assise et plante son regard gris perçant dans mes yeux.

-Attends, s'il te plaît. Reste.

Sa voix est mal assurée, comme si il avait peur de ma réaction. La petite voix du boycott raisonne dans la tête, mais celle qui me souffle de laissé aller hurle plus fort. Alors, sans que je ne puisse plus rien contrôler, je laisse mon corps se courber et dépose mes lèvres sur celles du brun. Le baiser à le goût de la sueur, du sang, et surtout de toute notre histoire. Un goût amer et doux. Je me redresse doucement, mais le jeune homme passe doucement sa main sur mon visage, un large sourire fendant son visage.

-Tu ne sais pas à quel point j'ai rêver de cet instant. A vrai dire, je ne l'avais encore jamais imaginer avec un nez cassez, mais...

Il se redresse à son tour et l'embrasse à nouveau, et je me perds totalement. Les yeux fermés, j'oublie tout ce qui se trouve autour de nous, tous nos soucis. Je me sens enfin libérée, comme comblée d'un vide.

-Je t'aime, Alpha Wilson.

Ce murmure termine de masquer la partie de la conscience qui refusait cet amour.

-Je t'aime depuis le début, ça n'a jamais changé.

Alors que j'allais ouvrir la bouche pour répondre, un claquement de main me sors de cette bulle de bonheur aveuglante. Le directeur Fiels sort de derrière sa cachette : j'avais oublié que nous étions surveillés. Je vire au rouge écarlate, à peu près la même couleur que le sang qui ne cesse de couler du nez de Peter.

-Ça suffit, les entraînements sont sérieux, vous réprimande t-il. Ce n'est en aucun cas un moment pour vous occuper de vos petites histoires.

Il enrage ainsi durant plusieurs minutes, mais je n'écoute plus. Finalement, il nous envoie tout les deux à l'infirmerie.

-Encore désolé, déclare Peter.

-C'est ça. Dépêchez vous de rentrer.

Le brun me saisit discrètement la main et me tire jusqu'au bâtiment.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 24, 2019 ⏰

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