CHAPITRE XXXIV

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Rappelez moi de ne plus me faire kidnapper. Tout d'abord, parce que ça inquiète l'entourage. Deuxièmement, parce qu'on rate des choses importantes. Troisièmement, parce que tout le monde jette des regards apeuré sur vous et qu'il est impossible d'être un peu seul.
La Dame et moi sommes assises sur les sofas du salon. Je sirote tranquillement ma tasse de thé alors qu'elle m'énumère les derniers événements majeurs :

-Le directeur d'un Manoir en Écosse m'a contacté il y a peu. Il s'est fait attaquer par des Tueurs récemment et les pertes sont lourdes. Il a apprit pour notre situation et nous propose de le rejoindre pour l'aider et pour joindre nos force. C'est vrai qu'une demeure plus grande serait agréable, nous sommes à l'étroit ici. Qu'en penses-tu ?

Un sourire se dessina sur mon visage : ma mère me lisait souvent de vieilles légendes sur l'Ecosse et le Loch Ness, et j'avais fortement envie d'aller voir par moi même. Cependant, ces souvenirs me font un pincement au cœur et je m'empresse de repousser de mauvaises pensées de ma tête.

-Ce serai cool ! je m'exclame.

-C'est à peu près ce qu'on répondu tout les pensionnaires. Depuis l'incident Constant, personne ne se sent en sécurité ici.

L'annonce du nom du Tueur fait parcourir un frisson sur mon échine et je crispe la mâchoire. La Dame semble le remarquer et se racle la gorge.

-Désolée.

-Pas grave, je marmonne.

Une pensée traversa alors mon esprit. Peut être que la Dame pourrait m'éclairer sur l'ancienne situation de Peter. Je repose doucement la tasse encore tiède sur la table et inspire profondément. Je vais enfin connaître la vérité.

-Madame, ma tante a dit quelque chose qui m'a interpellée. A propos de Peter.

La femme aux cheveux de feu se tend brusquement et se lève. Elle s'approche doucement de la grande vitre et fait mine de regarder au dehors. Le soleil se reflette dans ses yeux verts et la rend véritablement magnifique. J'ai du mal à m'imaginer que cette femme aussi est de ma famille. Dommage que je lui ressemble pas du tout, avec mes cheveux négligemment brosse à la couleur blond délavé à cause de la décoloration mal entretenu de ces derniers temps. Mon regards bruns est trop banal, lui aussi. Peut être que je tiens tout ça de mon père. A vrai dire, j'ai du mal à me souvenir à quoi il ressemblait, depuis le temps qu'il est mort. La plaie s'est enfin refermée totalement et j'espère que ce sera plus rapide pour ma mère et Aymeric. Je commence à avoir l'habitude, maintenant, mais ça fait toujours aussi mal. La Dame prend la parole et me sort de mes pensées.

-Qu'à dit l'Espionne ?

-Elle a dit que Peter avait été un Tueur mais que vous l'aviez récupéré. Que le bien n'était pas là où tout le monde pensait qu'il était.

La rouquine soupire longuement et, sans se retourner, m'invite à la rejoindre. Je m'exécute et plante mes yeux dans le joli paysage que nous laisse découvrir la baie vitrée.

-Lorsque j'ai recueilli Peter, ses parents l'avaient abandonné. Ainsi, il ne faisait plus confiance à personne, pas même à moi. Ma sœur est métamorphe, tu as pu le remarquer. Elle l'a attiré à l'aide de son don et entraîné jusqu'à son repère. Je ne sais pas ce qu'elle lui a fait mais il a finit par croire aux mêmes choses qu'elle. Pendant près d'un an, il l'a servit, puis il n'a plus été à la hauteur et je l'ai retrouvé en piteux état. Madame Julie l'a soigné et depuis, il s'est rendu compte de son camp. Il veut faire partit de la Résistance.

Ce therme me fit frémir. Je l'avais presque oublié, la Dame m'en avait parlé lors de notre toute première rencontre. Elle disait vouloir créer une armée pour vaincre les Tueurs. A l'époque, ça m'avait fait peur, mais maintenant, je me sens prête à en faire partie. Je dois venger tout ce qui avait péri sous les mains des Tueurs. Même si cela implique de me battre face à Max et Léna. Ce ne sont pas mes amis, ils ne l'ont jamais été. Tout le temps passé avec moi était intéressé et orchestré par ma tante. Je bouillonne intérieurement contre moi même : comment ai-je pu être aussi naïve ?

-Moi aussi, je veux en être.

La Dame esquisse un grand sourire et plante son regard émeraude dans le mien, un regard chaleureux et fier.

-Tu as grandis, Alpha.

Je lui rends son sourire et hoche la tête. Elle pose une main sur mon épaule.

-Mais ne parlons pas tout de suite de la Résistance. Nous partirons bientôt en Ecosse pour y trouver un logement plus tranquille.

Sa réponse me frustre quelque peu. J'aurai aimé en savoir un peu plus sur ses plans mais elle ne semble pas désirer m'en parler pour le moment. Je dissimule tant bien que mal ma déception : je finirai bien par le découvrir.

- - -

J'avais acheté la rose d'un roue écarlate et les graines sur le marché, ce matin, accompagnée de Peter et Charlène. Ces derniers avaient accepté de me laisser enfin seule en début d'après midi, ainsi je me rends, la fleur épineuse à la main, jusqu'à la falaise. Dessus trône fièrement la jolie pierre tombale sur laquelle est gravée en lettres fines et gracieuses « Aymeric Wells. 2001 - 2018 Paix à ton âme ».
Je frémis et dépose délicatement la majestueuse rose rouge sang sur la tombe. Ensuite, je m'attelle à creuser plusieurs trous écarté d'environ deux mètres chacun dans la terre molle et y enfonce avec douceur les graines. Je prends soin de reboucher chacune des fosses après de manière à les enterrer, avant de laisser l'eau couler de mes doigts jusqu'au sol meuble et agréable. Le travail terminé, je me laisse tomber devant la tombe de celui que j'avais aimé.

-Salut, Aym. Je voulais t'apporter le dernier cadeau que je t'offrirai. On va quitter le refuge bientôt. On opte pour l'Ecosse, cette fois. Ce sera fun, j'en suis sûr. C'est peut être la dernière fois que je peux venir ici, du coup.

Ma voix se bloque et je me racle bruyamment la gorge. Je caresse doucement l'herbe autour de moi pour calmer ma nervosité. C'est idiot d'être stressée alors que je parle au vide, mais j'espère tellement qu'il m'entende que je ne veux pas dire de bêtises.

-En fait, je voulais te dire que tu me manques. Mais j'ai pris des résolutions. La vrai Alpha est enfin de retour, elle m'avait manquée aussi. Tu m'as fais un sacré choc, tu sais, quand tu es partit ! (J'esquisse un petit rire) Tu m'as appelée Octavie Davinson et je me suis mise dans le crâne que c'était ma vrai identité ! N'importe quoi, tu te rends compte !

Cette fois, le rire se mêle bien aux larmes. Pourtant, chacun de ces mots me libèrent un peu plus du poids dans mon cœur.

-J'aurai aimé que tu puisses m'appeler Alpha avant de mourir mais tu n'en as pas eu le temps. Enfin, maintenant, je vais mieux. C'est vide, sans toi et Gary, mais on essaye de vivre pour vous. Et pour ma mère, aussi. Et mon père.

Je déglutis difficilement et lève les yeux au ciel pour tenter de stopper les gouttes qui coulent sur les joues, en vain. Cependant, elles ne viennent plus se geler sur mon visage, elles glissent avec douceur sur ma peau rougie. Je me rends alors compte que j'ai perdu beaucoup. Je chasse vite cette pensée et la remplace par tous ceux qui sont toujours là : la Dame, Lois, Charlène et Aria, Peter.. Tous les pensionnaires du Refuge. Un sourire se dessine doucement sur mon visage et je me lève tranquillement.

-Nous allons partir et te laisser là, et ce sera comme si tu n'avais jamais existé.

Je tourne les talons alors qu'un gros sanglot s'extirpe de ma gorge.

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