CHAPITRE XXIV.

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C'est un concert de rock. Assez plaisant à mes oreilles, j'écoute sans véritable attention, la tête mollement posée sur ma main, elle même retenue par mon coude posé sur la table. Charlène et Aria, souriantes, sont partit danser au milieu du bar, acclamées.

Nous sommes parvenu assez facilement à sortir du refuge sans être repérés. Nous nous sommes fais discrets jusqu'à avoir passé le seuil de la porte. Ensuite, Peter nous a téléporté jusqu'en ville. Il parvient à nouveau à user de ses pouvoirs, malgré l'effort que cela lui demande.

Assit à mes côtés, il a le regard perdu et la main sur sa bouteille de bière.
-Tu ne voudrais pas quelque chose de plus... fort ? je lui demande.
-Tu veux qu'on aille en prendre ?
Il me jette un regard étonné mais j'acquiesce. Je suis là pour me changer les idées, et, il y a quelques temps, je rêvais d'être invitée à des soirées où les gens finissez tous par terre, à vomir. Apres tout, c'était bien quelque chose à tenter. Bien sûr, on ne m'avait jamais proposé de venir à une fête de ce genre. Aujourd'hui est l'occasion parfaite pour ne serai-ce que goûter.

Dans mes pensées, je n'ai pas remarqué Peter partir. Il revient quelques instants plus tard avec dans les mains de petits verres pleins d'alcool fort. Je lui souris et en attrape un. Je trempe d'abord mes lèvres, puis, voyant que le goût du liquide dans ma bouche ne m'est pas désagréable, j'en bois plusieurs gorgées.
-Alpha, ce genre de truc, il faut le boire doucement, je crois, me lance le garçon.
-T'inquiète, je gère, dis-je.

Au cours de la soirée, nous commandons de nombreuses et diverses boissons, si bien que je sens ma tête tournée. Pourtant, je ne me suis jamais aussi bien sentie. Un sourire idiot reste en permanence dessiné sur mon visage et mon crâne semble totalement vide. Je ris pour rien et manque de tomber lorsque je marche. Peter, lui, est resté plutôt raisonnable. Il pose quelquefois sur moi des regards inquiets mais me laisse faire.
Alors que j'allais ingurgité un énième verre, je le regarde. Terriblement beau et craquant. Je lui attrape la main et le tire pour le lever de son siège. Il m'empêche plusieurs fois de tomber et me laisse le guider jusqu'aux toilettes. À l'entrée, il me lâche.
-Je t'attends là, déclare t-il.
Je secoue la tête en signe de négation et l'entraîne jusqu'aux lavabos. J'approche mon visage du sien, passe ma main derrière sa nuque et colle mes lèvres aux siennes avant qu'il ne puisse réagir. Surprit, ses joues s'empourprent.
-Alpha, attends...
Je l'embrasse à nouveau et cette fois, il prolonge le baiser. Il me caresse doucement les cheveux et je ferme les yeux. Il me pousse doucement contre un mur et je me colle à lui.
-Je t'aime tellement, Aymeric.

Il se crispe. Il retire ses mains de moi et me repousse. Je rouvre les yeux et le compte de fées est terminé.
-Pas comme ça, déclare Peter, les yeux emplis de larmes.
-Mais...
Soudain, son poing s'écrase violemment à quelques centimètres de mon visage.
-Je ne suis pas Aymeric ! Merde !
Il s'essuie les yeux d'un revers de main et se retourne, me laissant là. Je me laisse glisser contre le mur. Qu'est ce qu'il m'est passé par la tête ? Durant un instant, j'ai vu Aymeric à sa place, et je n'ai pas pu résister. Quelques larmes glissent sur mes joues et se gèlent. Je me frotte le visage pour les retirer. Je reste ainsi durant un temps indéterminé. Quelques minutes, peut être des heures. Quand je me relève, mon humeur fluette grâce à l'alcool s'est métamorphosée en de lourds coups de marteaux dans mon crâne.

Quand je me relève et que je sors des toilettes, Aria et Charlène accourent vers moi.
-Tu nous a fais peur ! Tu avais disparue !
-Désolée. Vous savez où est Peter?
Elles hochent la tête négativement. Je fais plusieurs fois le tour du bar en vain. Aucune trace du garçon. Je sors dans la rue et cri son nom à maintes reprises, sans succès. Ma vision se brouille du plus en plus et je me mets à regretter d'avoir tant bu. Je décide de retourner à la buvette après de longues minutes de recherche. Quand j'arrive, je l'aperçois devant l'entrée.
-Peter. Je suis désolée.
-Ca va, répond t-il. Excuse moi de m'être emporté. C'est juste qu'en ce moment..
Il laisse sa phrase en suspens et baisse la tête.
-En ce moment quoi, Peter ?
-Tu n'es plus toi même. Les évènements t'ont totalement transformée.

Je sens une colère monter en moi.
-Gary est mort. Aymeric...
-Je sais. Et, je crois que pour ta santé, le mieux serait peut être que... que tu rentres chez toi avec ta mère.
Mes yeux s'écarquillent et je me crispe. Je serre tellement les poings que je m'en ouvre les paumes avec mes ongles.
-Quoi ?
Quelques larmes coulent sur son visage.
-Tu veux me renvoyer ? Alors que c'est toi qui es venu me chercher ?! C'est toi qui à tout bouleversé, détruit toute ma tranquillité !
Maintenant, je lui hurle des paroles et des insultes. Mais au fond de moi, j'ai l'impression qu'on me plante profondément un poignard dans le dos et qu'on le tourne et le retourne.
Quand les filles nous rejoignent, elles essayent de me calmer sans y parvenir. Peter, lui, ne bouge pas. Il laisse parfois échapper un sanglots, mais reste silencieux.
-Réagis, salaud ! je cris alors que Destiny me retiens tant bien que mal.
-Calme toi, Alpha, calme toi, dit-elle fermement en m'attrapant le visage. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous mais ça suffit, je crois que tu en a assez dit. On rentre, maintenant.

Ma colère et ma haine se changent d'un coup en une tristesse insurmontable, je m'écroule et me mets à sangloter sans parvenir à m'arrêter. Je sens Peter poser une main tremblante sur mon épaule et nous nous retrouvons devant le refuge. J'aperçois la Dame et ma mère sur le seuil de la porte. Elles nous lancent des regards accusateurs.
-J'espère que vous vous attendez a des punitions sévères, déclare la rousse avec autorité. Allez directement vous coucher, je réfléchis à votre sentence durant la nuit.
-Inutile pour moi, dis-je. Je rentre chez moi.
-Quoi ? s'égosille Charlène. Mais, c'est ici chez toi !
Elle m'attrape le bras alors que je continue de marcher dans l'écouter. Je la repousse violemment.
-J'ai déjà pris ma décision. Laisse tomber !
Ma mère et la Dame, me regarde, confuses.
-Maman, on rentre à Brooklyn.
-Mais, ma chérie, pas plus tard qu'hier tu disais...
-J'ai changé d'avis. Je fais mes affaires et on quitte se trou.

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