CHAPITRE XXXVIII

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Elle était là, dans une très jolie robe blanche qu'elle sortait chaque été depuis tout le temps que je me souviens. Elle ramasse quelques fleurs pâles afin de compléter le gros bouquet qu'elle tient dans ses mains, accroupie dans les hautes herbes piquantes. Lorsqu'elle m'aperçoit, son expression s'illumine et elle ouvre de grands bras vers moi. Sans hésiter, je cours me réfugier dans la chaleur réconfortante de son étreinte. Elle caresse doucement mes cheveux, démêlant quelques une de mes boucles avant de me repousser en affichant un sourire lumineux.

-Tu es si belle, ma chérie.

Je voudrai lui répondre, la remercier, mais ma voix reste bloquée.

-Si seulement tu avais été assez forte pour ne pas me laisser mourir.

Tout va très vite : les pétales blanchâtres des fleurs se teintent d'écarlate, tout comme la robe. Son sourire est déformé par son sang et ses larmes, et elle m'attrape par les épaules en hurlant :

-Tu as laissé ta tante de tuer ! Tu l'as laissé me tuer !

Le liquide visqueux vient se coller à ma peau, à mes vêtements, alors qu'un flot de larmes découlent de mes joues.

-Maman...

Je me bouche les oreilles pour ne plus entendre ses cris, la suppliant de me pardonner. Je ferme les yeux, me recroquevillant, les muscles tremblant comme des feuilles. Soudain, les hurlements cessent. Une main douce vient se poser sur mon dos et me caresser doucement. Je me retourne et découvre Max et Léna, me souriant tristement.

-Ca va aller, Alpha.

-Ne les écoutes pas !

La voix provient de derrière moi. Peter me tend la main pour m'inviter à le rejoindre.

-Alpha, choisis ton camp, murmure t-il.

Sans hésiter, j'attrape sa poigne et le laisse me tirer vers lui. Un incendie éclate alors autour de nous. Il brûle tout, et dans la fumée, seule la silhouette de mon pire ennemi se dresse, un large sourire fendant son visage.

J'ouvre les yeux brusquement. Mon visage suinte de larme et de sueur et ma respiration est saccadée. Aria et Charlène dorment dans leurs lits, à côté du miens, totalement retourné : j'ai dû bouger durant mon cauchemar. J'enfouis ma tête dans mes mains et tente tant bien que mal de calmer mon rythme cardiaque. Je finis par me lever et sors de la chambre. Ma gorge est desséchée, ainsi je me lance en quête d'un verre d'eau. Je le trouve sans peine dans la nouvelle cuisine et en bois quelques gorgées avec hâte, comme si ma vie en dépendait. Soudain, la lumière de la salle -que j'avais pris soin de laisser éteinte pour plus de discrétion- s'allume. Je me retourne avec hâte, mon cœur ratant un battement. La Dame se tient devant moi, l'air endormi.

-Ca ne va pas, Alpha ? me demande t-elle, la mine anxieuse.

J'hésite à tout lui raconter, mais je me sens encore incapable de parler de quoi que ce soit. Semblant comprendre mon mal, elle m'invite à la suivre et nous nous installons toutes deux dans le salon.

-Alpha, tu peux tout me dire. Je... je sais que je ne pourrais jamais remplacer ta mère, mais je ferai de mon mieux pour être une bonne tante, je te le promet.

Ses paroles me font l'effet d'un électrochoc : sa voix chaleureuse et son regard bienveillant me réchauffe le cœur. Elle est ma seule famille, à présent, si l'on conçoit que l'Espionne n'a plus rien à voir avec nous, et je suis sa seule famille aussi. Elle est tout ce qui reste de ma mère.

-J'ai fais un mauvais rêve, murmurai-je. Je crois que... j'ai cru que j'étais remise de la perte de maman, mais je me suis trompée. Elle était là, et elle me demandait pourquoi j'avais laissé l'Espionne la tuer. Elle mourrait encore, sous les yeux, et j'étais impuissante, comme d'habitude.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant