CHAPITRE XXIII.

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Le miroir reflète une jeune fille à l'air frêle et fatiguée, maigre et aux poignets bandés. Ses cheveux sont relevés en vague chignon qui forme une touffe blonde sur sa tête. Elle a l'air encore plus faible une fois dans la robe qu'elle vient d'essayer. Je soupire.
-Elle te va à merveille ! s'exclame Aria en me faisant tourner sur moi même.
Je hausse les sourcils et hoche les épaules.
-Elle ne me plait pas.
Charlène pousse un cri de supplication en se frappant la tête de ses mains.
-C'est déjà le quatrième magasin et on a toujours pas de robe à ton goût. Tu ne serais pas un peu difficile ?
-Sinon, ça ne me dérange pas de rester au refuge, dis-je, tentant d'échapper au supplice que serai la soirée de demain.
-Non, Alpha ! Promets moi que tu viendras !
Je lève les yeux au ciel. Elles ne me lâcherons pas.
-Ok, ok, je râle.
Charlène me tend une robe bleu turquoise qui descend juste au dessus de mes genoux et qui n'a pas de bretelles. Elle est serrée sur le buste et s'élargie au dessous de mon nombril.
-Celle ci est parfaite ! me lance Aria.

La vendeuse me jette un regard, à la recherche d'une pointe de sentiment dans mon regard, les bras encore emplis de mes anciens essaies. Stoppons tout de suite la torture, me dis-je. Je fais un grand sourire.
-Très bien, prenons celle ci, dans ce cas. Elle me plaît.
La femme paraît soulagée et repart avec les articles. Je me change, paye la robe à contre cœur en dissimulant mon agacement au mieux. Lorsqu'enfin je retrouve la chambre au refuge, je me laisse tomber sur mon lit, balançant le sac du magasin.
-Attends, Alpha, nous n'avons fait que le plus simple de la mission, pour l'instant, déclare Aria. Maintenant il faut négocier avec la Dame pour sortir le soir, et ça c'est pas gagné.
-Débrouillez vous, je réponds d'un signe de main.
-Allez, lèves toi ! me motive Charlène en tirant sur mon bras.

Je ne parviens pas à leur résister, car quelques instants plus tard, je me retrouve dans le salon, en face de la Dame et de ma mère, qui discutait avec elle avant notre arrivée.
-Que voulez-vous, les filles ? demande la rousse en nous souriant chaleureusement.
-Hum, commence Aria, nous avons vu que demain, il y aurai un concert dans un petit bar en ville.
Elle prend soin de cacher l'information sur la rencontre, sûrement pour ne pas effrayer la femme.
-Nous voudrions savoir si on peut y aller ? Peter viendrai avec nous et nous serions en sécurité...
-Non, la coupe la Dame.
-Mais..
-Pas de mais. Croyez vous que je veux retrouver vos cadavres dans le coin d'une ruelle ? J'en ai assez comme ça, en ce moment.
Son sourire à disparu. Elle fait référence à Gary et Aymeric. Je hausse les épaules.
-Tant pis, dans ce cas, je réponds, plutôt satisfaite.
Alors que j'allais suivre mes amies, qui affichent toutes deux une mine déçue, ma mère m'attrape le bras.
-Alpha, on peut parler ?
J'acquiesce et la suit dans le jardin. Elle me sourit tristement.
-Ta tante m'a expliqué ce qui s'était passé, je suis désolée de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin.
Je hausse les épaules, toujours pas faite à l'idée que la Dame soit ma tante.
-T'en fais pas, je vais bien maintenant.
-Elle m'a aussi dit qu'il serait peut être préférable que tu rentres. Pour ta santé, rester ici avec les mauvais souvenirs n'est pas une bonne idée.

Je me crispe à l'entente de ces mots. Rentrer à la maison ? Impossible. Retourner au lycée et reprendre la vie monotone d'avant? Jamais. Je ne veux pas quitter mes amis, qui sont peu à peu devenu ma famille.
-Je suis bien, ici, maman. Et puis, tu oublis que les Tueurs pourraient m'attaquer si je ne suis pas ici.
-Ta tante m'a assuré que tu serais sous protection, qu'elle ne te laisserai pas sans surveillance.
Un tremblement me parcours. L'idée même de les perdre me donne des frissons.
-Or de question, je reste ici.
Elle soupire.
-Réfléchis-y, s'il te plaît.
Je hoche la tête positivement pour la satisfaire mais je sais pertinemment que je ne partirai pas. Je rejoins les filles dans le dortoir.
-Alpha, me lance Aria une fois que j'ai retrouvé mon lit et mon pyjama, nous avons un plan !
-Quoi ?
-Pour sortir demain soir. Car nous allons sortir ! Peter est de notre côté, on a réussi à négocier. Plus que ton accord et on met le plan en action.
Je laisse tomber ma tête en arrière.
-Vous n'abandonnez jamais, vous, hein ?
Charlène sourit.
-Il semblerait ! Alors, c'est très simple. Demain, on s'arrange pour mettre la table. On demande à Elena de nous aider, elle est sympa et fiable, elle dira rien. On a besoin de son don, il consiste à endormir ceux qu'elle veut. Je pense qu'elle fabriquera facilement un somnifère qu'on mettra dans le verre de la Dame en mettant la table ! Ensuite, c'est très simple, on sort des que tout le monde et couché, et on rentre quand tout est terminé, sans faire de bruit, ni vu ni connu !

Je ris. Malgré le fait que cette soirée m'ennuie à mourir, leur ingéniosité et leur manière de ne rien lâcher ne peut que me motiver. Et puis, ce sera l'occasion de changer d'air.
-Ok. Ca me va.
Charlène saute de joie.
-J'étais sûr que tu serais intéressée, notre plan est génial !
-Ca va marcher, j'en suis persuadée ! s'exclame Aria, sourire aux lèvres.
-Au moins, je n'aurai pas acheter la robe pour rien, dis-je.
-Exactement !
-En fait, que te voulais ta mère? demande Charlène, plus sérieuse.
-Oh. Elle voulait que je rentre. Mais, j'ai refusé.
La brune écarquille les yeux.
-Oh, je t'en pris, reste avec nous, Alpha ! me supplie t-elle.
-Ne t'en fais pas, je ne veux pas m'en aller. Je suis mieux ici que nulle part ailleurs. Et puis, que ferais-je sans vous? finis-je en souriant.

Mes amies viennent me serrer contre elles et je me sens en sécurité, avec elles. Puis nous sortons pour aller dîner et mettre au clair le plan avec Peter. Au fond de moi, j'espère que tout se passera bien, car la perte d'un autre ami serai bien trop dur à encaisser.

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