Surnaturelle

CHAPITRE XXVI.

Les visages sont tous tournés vers moi alors que je marche, sac sur le dos, dans le couloir autour duquel se trouve les casiers. Voici le problème d'un lycée privé. Il est privé, donc petit. Ma mère avait tenu, au début de l'année, a m'envoyer absolument dans ce genre d'établissement, parce que j'avais déjà eu des problèmes de relations avec les autres au collège. C'est étrange, parce qu'on avait jamais fait autant attention à moi avant.

Une main se pose sur mon épaule alors que je vais entrer dans les toilettes pour avoir un minimum d'intimité. Une brune me sourit.
-Alpha, tu es enfin de retour !
Je dévisage Torie un instant. C'est fou comme j'ai presque oublié son visage.
-Salut.
Voyant mon manque de coopération, elle me fixe d'un air inquiet.

-Ca va ? Que t'es t-il arrivé pour que tu disparaisses ainsi sans crier gare ?

Un petit personnage dans mon esprit se mit à pédaler sur son vélo. Il fallait absolument que je trouve une excuse à raconter à tout le monde. Mais comme je mets trop longtemps à répondre, elle me tapote gentiment l'épaule.

-T'inquiète, si c'est des problèmes dont tu n'as pas envie de parler pas de problème.

Tu ne me croirais tout simplement pas si je te le disais, aurai-je voulu lui répondre. Mais elle m'offre un échappatoire.

-Ouais, c'est ça. J'ai pas très envie d'en parler.

-En tout cas, ta nouvelle couleur te va à merveille, déclare t-elle comme pour changer de sujet.

Je la remercie et nous nous rendons dans notre premier cour de la journée. Lorsque le professeur me voit entrer, il écarquille les yeux.

-Mademoiselle, vous voilà donc de retour parmi nous.

Je hausse mollement les épaules. Monsieur Heston est mon professeur principal, ainsi que de mathématique.

-Vous viendrez me voir en fin d'heure, jeune fille, me lance t-il. Nous allons discuter un peu.

Je pousse un long soupir. Comme si j'avais besoin de discuter avec une personne qui se fichait éperdument de ma réussite et de ma présence dans sa salle. Mais, au lieu de répliquer, je fais un grand sourire et acquiesce. Alors que je m'assois à côté d'un garçon de ma classe, Etienne si je me souviens bien, qui est juste avant moi dans l'ordre alphabétique, mes voisins d'à coté et de devant se retourne vers moi;

-Qu'est ce que tu avais ? Tu sais qu'il y a plein de rumeur à ton sujet depuis que tu est partit !

-Je me fiche pas mal des rumeurs, je rétorque en levant les yeux au ciel.

-Mais, pourquoi tu n'est pas venu pendant au moins trois mois ?

Leurs questions me font rager intérieurement. Jamais il ne m'avait prêté attention avant, et c'est maintenant que je n'en ai plus rien à faire qu'ils me parlent. Finalement, je veux bien rester l'inconnue du lycée.

-Elle a perdu sa langue ?

-Non, je grogne en sortant de mes pensées. Je n'ai juste pas envie de vus raconter quoi que ce soit.

Alors que quelqu'un allait à nouveau m'assaillir de question, le professeur réclama le silence. Je laisse glisser ma tête sur mon sac toujours fermé et posé sur la table. Par chance, monsieur Heston ne semble pas dérangé par mon comportement inapproprié et me laisse étendue sur la table durant toute l'heure. Quand la sonnerie retentit, je me lève brusquement et avance rapidement vers la sortie.

-Alpha, veuillez patienter quelques instants pour que l'on puisse parler, j'entends alors que j'allais ouvrir la porte pour quitter la salle.

Je me retourne et regarde l'homme et sourit faussement.