CHAPITRE III.

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J'ouvre les yeux. Les flocons tombent, de plus en plus gros, et se logent dans mes cheveux, qui bouclent négligemment sous l'humidité. La prairie est toujours là. Je fronce les sourcils. Les autres ont le même air confus que moi, surtout Peter, qui se met a tourner en rond en pestant.

-Ce n'est pas normal. Nous aurions du être au manoir dès que nous étions tombés du pont !

-Tu t'es raté, déclare Gary.

-La ferme, grogne l'adolescent, les poings serrés.

Et s'en suit une infinité de questions. Peter réessaye plusieurs fois sans parvenir à nous faire parcourir un seul mètre, obéissant aux ordres de Charlène. Se mêlent alors cris et disputes sur le fait qu'il faut qu'on soit sur le point de mourir pour nous téléporter. Pour ma part, je ne sais dissimuler mon agacement, et je le leur fais bien comprendre.

-Vous êtes venus me chercher alors que tout allait très bien, et deux minutes plus tard je me retrouve perdue je ne sais où, après m'être fais écrasée par un train et avoir fais une chute de voiture pour me noyer !

Pourtant, ma vie n'est pas si interessante et cool. Mais toujours mieux que ce qui m'arrive. Je préfère ma routine habituelle.

-On devait te sauver, Alpha ! s'exclame Charlène, nous sommes venus pour toi !

-Ce sont les ordres de la Dame.

-Non ! Vous auriez dû rester chez vous, je n'avais pas besoin qu'on me sauve de quoi que ce soit ! je m'indigne.

-Bien sur que si, tu as un don, comme chacun de nous.

-C'est ca, je peste.

-Elle n'y crois pas, déclare Peter.

-Fais un effort, me supplie Gary.

Je secoue la tête.

-Désolée, mais la magie n'existe pas.

Je sors mon téléphone. Pas de réseaux. Évidence. Je suis surement morte. Je n'étais pas du genre à croire à la vie après la mort, mais en ce moment précis, tout jouait en faveur de cette hypothèse. Cependant, au fond de moi, un doute s'était formé sur ce qu'ils me racontaient. Je donnerai beaucoup pour avoir les conseil d'experte de Torie. Elle, à ma place, serai sûrement fascinée par les événements. Elle adore tellement le bizarre.

-Tu es bien vivante, déclare Lois en me regardant de ses yeux bleus perçants, comme lisant dans mes pensées.

Peter se tape le front de sa main.

-Tu penses que tu es morte, alors ? Mais c'est totalement absurde !

-C'est clair que vos histoires sont bien plus crédibles, je raye.

-Mais alors comment expliques-tu que Peter nous ai téléportés, et que Lois sache exactement ce que tu penses ?

Je passe nerveusement ma main sur mon visage.

-Je ne sais pas, c'est bien le problème ! Je ne comprends rien !

Je commence à paniquer. Le désespoir me gagne peu à peu. Je sens les larmes me monter aux yeux, mais je me mords la lèvre inférieur pour m'empêcher de pleurer. Torie doit m'envoyer des tonnes de messages pour savoir où je suis. Ma mère doit être en train de mourir d'inquiétude. Je l'imagine, appelant la police, apeurée, et sortant dans la rue en criant mon prénom. Elle toquerait aux portes de tous les voisins, préviendrait Brooklyn tout entier. Puis elle rentrerait à la maison, s'écroulerait sur le canapé, puis, recroquevillée, elle pleurerait toutes les larmes de son corps. Cette image me donne encore plus l'envie d'éclater en sanglot et je me hâte de la chasser. Lois place sa petite main dans la mienne.

-Tu reverras ta maman, tu sais ! Il fait juste aller au Manoir avant !

-C'est pour ta sécurité, dit Charlène.

Gary s'approche de moi. Il ferme les yeux, puis place ses mains dans ma direction. Il fronce les sourcils d'un air concentré et de millier de paillettes lumineuses jaillissent autour de nous. Elles se mêlaient aux flocons de neiges. Je regarde, émerveillée, les lumières me tomber dessus et sur les autres, portées par le vent. Elles s'éteignent doucement, et Gary me sourit.

-Tu nous crois maintenant ?

Je soupire. Au fond de moi, j'ai envie de les croire. De cesser de lutter contre ce que je vois et d'abandonner la logique.

-Vous ne me laissez pas le choix, de toute évidence. Mais comment ce fait-il que je n'ai pas de pouvoirs comme vous ?

-Certains dons mettent du temps à se manifester. Ca devrait finir par arriver, ne t'inquiète pas, m'explique Charlène.

-Malheureusement, le fait que tu nous crois ne change rien à la situation, déclare Peter. Nous sommes toujours coincés ici.

-La faute à qui ? rétorque Charlène.

-La ferme. Tu crois que ça nous avance que tu rejettes la faute sur moi ? Tu te goures, alors à la place de chercher un coupable, trouve une solution.

La blonde se tait, vexée, tandis que le garçon se met à marcher.

-Tu vas où Peter ? demande Gary.

-Il faut trouver quelqu'un qui puisse nous indiquer où l'on est. Si mon don ne fonctionne plus, on prendra des moyens de transport plus communs.

Je suis assez rassurée de cette réponse. Au moins, nous ne ferons pas de nouveaux quelques choses de dangereux. Nous suivons Peter dans la forêt enneigée. Tout était silencieux. Après de longues minutes de marche, nous tombons sur un village. Il est très petit, seulement quelques maisons se tassent autour de la place principale, sur laquelle on trouve une fontaine. Autour, on a quelques commerces tel que des boulangeries ou des bureaux de tabac.
Peter s'approche d'une des maisons et toque à la porte. Nous attendons quelques instants, mais personne n'ouvre. Nous recommençons sur quelques unes des habitations, ainsi que dans les magasins.

-Il n'y a personne dans ce trou, râle Charlène.

Pendant que les autres, troublés, cherche une raison et ce désert, je m'écarte du groupe. Je marche en observant le village avant de m'arrêter sur la place, devant la fontaine. La couleur de l'eau m'interpelle. Elle est écarlate, et a un aspect visqueux. Je m'approche et découvre la chose la plus effrayante que je n'ai jamais vu.
Au fond du bassin se trouve une femme, les yeux fermés, du sang dégoulinant de sa bouche, sur ses vêtements, dans ses cheveux.
Je m'accroupi, tremblante. Je pose une main mal assurée sur son cou. Aucun pouls. Sa peau gelée me glace le sang.
-Madame ?
Elle ouvre les yeux.

Sans pouvoir m'en empêcher, je pousse le plus strident des hurlements.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant