Chapitre 3

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Dans la voiture, Hyojin posée à l'arrière avec son fils s'amusait à lui chanter des berceuses tout en tapant des mains et qui excita le petit bébé :

« Gom-se-mari-ga han ji-bae iss-eo (Il y a trois ours dans la maison)

a-pa-gom, eo-ma-gom, a-gi-gom (Papa ours, Maman ours, bébé ours)

a-pa-gom-eun dung-dung-hae (Papa ours est gros)

eo-ma-gom-eun nal-shi-nae (Maman ours est mince)

a-gi-gom-eun neo-mu gi-yeo-wa (Bébé ours est tellement mignon)

eu-seuk eu-seuk chal-han-da (Hop la - Hop là, tu as bien fait!) ».

« Euh, Hyojin c'est quelle langue ça ? L'interrogea Mohamed gardant les yeux rivés sur la route.

- Ma langue maternelle mon cher, lui répondit Hyojin.

- Il aura une tête cheloue après, lui chante pas des trucs bizarres comme ça aussi.

- Elle a quoi la chanson ? Elle est mignonne la chanson, il y a que toi qui connais rien, bah vas-y chante lui une chanson en marocain moi monsieur je connais tout !

- OK, attends », lui répondit Mohamed qui toussa pour s'apprêter à chanter. Il s'arrêta subitement.

« Il y a quoi ? L'interrogea Hyojin.

- Attends, je me souviens plus des paroles, lui dit-il en se mettant à réfléchir.

- Monsieur ne connaîtrait pas les chansons de son bled ? Lui demanda Hyojin sur un ton moqueur.

- Si attends, maman chantait ça avant, attend », lui dit-il en continuant à réfléchir. Hyojin se mit subitement à chanter ce qui laissa Mohamed choqué et en retour son fils Moad tout excité :

« Ni-ini ya mo-omo Hata'iteb achè-èna

Ni-ini ya mo-omo

Hata'iteb achè-èna

Willamatab achè-èna

Iteb acha jirè-èna

Ni-ini ya mo-omo

(Fais dodo mon bébé

Jusqu'à ce que notre dîner soit cuit

Et s'il n'est pas cuit

Celui des voisins le sera

Fais dodo mon bébé),

« Attends, comment tu la connais ? Lui demanda Mohamed. Maman, me chantait ça.

- Elle l'a chanté à Moad, je l'ai appris avec elle, je l'aime trop, pas vrai mon gros bébé ? Demanda-elle à Moad en pinçant sa joue et celui-ci se mit rire.

- Ouais, chante lui des choses comme ça, c'est mieux et je comprends.

- Je lui chante la chanson que je veux lui chanter, peu importe la langue, lui dit Hyojin. En gros ça te dérange sérieusement que je chante dans ma langue, toi je dis rien quand tu veux inculquer ta culture, parce que j'accepte, mais dès qu'il s'agit de moi ça attise les moqueries et ça te dérange et tu viens jouer ton air macho à deux balles c'est toi qui décide de tout, lui reprocha-t-elle très contrariée.

- C'est bon, pas la peine de t'énerver aussi.

- Si, parce que tu me prends pas au sérieux, on sait tous les deux que Moad a deux origines différentes, mais tu ne veux pas me laisser de la place, je suis désolée mais oui ça m'énerve, surtout quand ta vielle sœur vient mettre sa vieille gueule là où il ne faut pas. Surtout pour la fête de Moad, rien que tes cousines comment je voulais les buter, elles se permettaient de faire des remarques sur comment je dois l'éduquer on aurait dit qu'on est des sauvages d'où je viens et des gens chelous, certes j'ai pas eu une vie sainte, mais j'ai eu une famille avant, je sais certaines choses de la vie ». Mohamed arrêta la voiture en plein air d'autoroute et souffla.

Titre inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant