Coq, n.m. : Animal très prétencieux qui peut dérober votre nourriture entre deux numéros chantants.
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SAMEDI. JOUR DE FOIRE À MONTDESBOIS.
C'est avec un manque de joie certain que je m'extirpai de mon lit ce matin. Fanny, comme à son habitude, avait pris de l'avance sur moi et par la fenêtre, je l'entendais déjà siffloter un air de Michael Jackson alors qu'elle marchait paisiblement dans la cours. Je poussai un soupir d'agacement et secouai légèrement la tête en refermant la fenêtre chancelante, épargnant à mes oreilles le chant impitoyable de ma cousine. L'air frais de cette mâtinée s'était rapidement engouffré dans la chambre aux teintes jaunâtres, tant et si bien qu'un frisson parcourut mon être alors que je glissais mes pieds dans mes tongs.
J'ouvris la porte et débouchai sur le petit palier désert. Les marches d'escalier grinçaient sous mon poids et mes doigts effleuraient doucement la rambarde en bois verni. Cette plainte insupportable s'arrêta lorsque mes deux pieds finirent par rejoindre le sol carrelé. Cette partie de la maison semblait déserte : le velux situé au dessus du palier était grand ouvert, laissant un puissant rayon de soleil le traverser et réfléchir sur le dur sol ; il manquait quelques paires de chaussures dans l'entrée et la télévision ne jacassait pas comme elle en avait pourtant l'habitude.
Seul Oppy, le labrador au pelage caramel me regardait de ses grands yeux bruns, intrigué par ma présence en ces lieux désertés. Je m'abaissai à sa hauteur et lui accordai quelques caresses sur le sommet de la tête, ce qui n'eut pas l'air de lui déplaire. J'avais toujours eu un faible pour ce chien, et ce, même si je n'appréciais guère les canidés. Cependant, et sans savoir réellement pourquoi, j'étais éprise de pitié lorsque je voyais Oppy. Non pas parce que ses maîtres le maltraitaient, loin de là même ! Mais parce que cela devait être dur de vivre dans une famille de cinglés.
- Pauvre Oppy, soufflai-je en me relevant, faisant craquer mes genoux au passage.
Quelqu'un passa brusquement la tête par la fenêtre alors que je débouchai dans la cuisine. Je me rapprochai, alors que la personne regardait à droite et à gauche et finis par reconnaître Adrien au bout de quelques instants. Son regard clair s'arrêta sur moi alors qu'il passait une main dans sa tignasse ébène, retirant quelques grains de pollen au passage. Vêtu d'un polo blanc et d'un bermuda bleu, il semblait avoir fait un effort vestimentaire en ce jour de "fête".
- Ah, Darla... Super te voilà ! T'as mangé là ?
- Non, je viens juste de descendre. Pourquoi ? questionnai-je en frottant mes yeux maladroitement.
- On va aider à installer les stands pour cette aprem. Tu viens avec nous ?
- Ai-je vraiment le choix ? rétorquai-je simplement en me saisissant d'une pomme qui reposait paisiblement dans la corbeille de fruits.
- Pas vraiment, ajouta une voix provenant de nulle part.
Aussitôt, Chloé passa sa tête à travers l'encadrement de la fenêtre, poussant son frère pour qu'il lui laisse un peu de place. Elle avait relevé ses longues mèches chocolats en un chignon désordonné et souriait de toutes ses dents, plissant ses paupières jusqu'à faire disparaître ses iris vertes. Au loin, j'entendis le pas de Fanny, qui se rapprochait à toute vitesse de la bâtisse, abandonnant ainsi sa potentielle carrière de chanteuse, ce qui, entre nous, n'était pas plus mal.
J'étais vaincue, je ne pouvais lutter face à ces trois sourires de diablotins qui réussiraient à bousiller le régime de n'importe quelle personne assidue. Alors je me contentai de pousser un énième soupir tout en croquant dans ma pomme.
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MOI, DARLA
Teen Fiction- "Allez ça va être cool, Darla ! Pense qu'on ne vit qu'une fois ! - Ouais bah si c'est pour finir estropiée par une poule, j'préfère mourir en paix sur mon canapé !" ||° Fille de la ville, petite princesse à ses...