36||°Le camping "Les Trois Dauphins"}

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Camping, n.m. : Lieu où résident pour la plupart du temps des touristes allemands en claquettes-chaussettes, en marcel blanc et une bière à la main.

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BON, SI VOUS VOULEZ TOUT SAVOIR, PERSONNE NE S'EST DOUTÉ DE NOTRE MÉSAVENTURE À FANNY ET À MOI. Ce qui, entre nous, était plutôt une bonne chose : je n'avais point envie de passer ma dernière semaine à récurer l'étable à l'aide d'une brosse à dents.

- Alors c'est ça le camping de Montdesbois ? Deux pauvres caravanes qui se battent en duel, un bar à l'enseigne défraîchie et une bande de jeunes qui s'amusent à taguer le mur des toilettes, constatai-je en entrant dans le fameux camping Les Trois Dauphins, lieu où se déroulait l'élection tant attendue de Miss Camping.

- C'est pas ça le camping de Montdesbois, ça c'est juste la sortie de secours, expliqua Fanny en levant les yeux au ciel.

- Pourquoi on passe par là dans ce cas ? Pourquoi on emprunte pas l'entrée habituelle ?

- Parce qu'on n'est pas censée être là sans avoir payé l'entrée où sans résider là, finit par lâcher Fanny comme si c'était la chose la plus évidente qui soit.

Waouh... Je venais tout juste de découvrir le côté rebelle de Fanny, je suis choquée. Même moi, je n'aurais pas fait ça, enfin, de base, je n'aurais même pas eu l'idée d'assister à une élection de camping sans y résider, mais bon, chacun ses goûts quoi. Fanny passa devant, jetant un regard amusé aux adolescents qui se prenaient pour des artistes avec leur bombe de peinture, puis elle commença à gambader, comme elle le faisait si souvent lorsqu'elle était de bonne humeur. Un des jeunes nous interpella et nous demanda ce qu'on faisait là, ce à quoi je jugeai qu'il était bon de répondre :

- C'est pas tes oignons, Picasso.

Puis j'accélèrai le pas, rejoignant ma cousine qui sautillait toujours, les cheveux courts volant légèrement, la brise s'engouffrant sous sa robe fleurie. C'était également la première fois que je la voyais vêtue d'une robe depuis... Depuis le jour de mon arrivée. Sûrement avait-elle décidé de se faire belle aujourd'hui ? Sûrement pensait-elle croiser l'homme de sa vie à la soirée qui suivait l'élection ? Oh... Peut-être même qu'elle tomberait sous le charme d'un des garçons puérils que nous venions de dépasser ? Comme vous pouvez le voir, j'aime m'imaginer des scénarios tous plus improbables les uns que les autres, ça alimente mon imagination débordante.

Nous marchions toujours le long des allées du camping Les Trois Dauphins, sous la chaleur écrasante de cette fin d'après-midi. Mon short en lin commençait à me donner chaud, mes cuisses collaient entre elles à chaque pas que j'effectuais et franchement, cela commençait sérieusement à m'agacer. J'avais fait l'effort de me lisser les cheveux, malgré la promesse que je m'étais faite de ne plus le faire : un jour, j'allais perdre mes cheveux ; mais du fait de la chaleur, ma tignasse commençait à gonfler et à friser de nouveau, tant et si bien que je finis par m'arrêter pour m'attacher les cheveux en une queue de cheval haute. Ah... Ma nuque respire enfin !

- Darla ! Amène toi ! annonça Fanny avant de tourner à l'angle d'une allée.

- J'arrive ! répliquai-je en me mettant à courir à sa suite.

S'il y avait bien une chose que je ne voulais pas, c'était me perdre une nouvelle fois dans un camping. Les gens me font flipper, surtout les touristes et leurs claquettes munies de chaussettes. Brrr... Je ne veux même plus y penser : cet épisode de ma vie a été si traumatisant. Je m'en souviens comme si c'était hier, alors que les événements se sont déroulés il y a plus de dix ans.

MOI, DARLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant