30||°"Elle a quoi de si spécial cette soirée ?"}

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Bouton, n.m. : protubérance écœurante et souvent pleine de pus qui peut apparaître sur votre front au moment le moins idéal.

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MON TÉLÉPHONE SONNA, m'arrachant brutalement de l'emprise de mon si doux et apaisant rêve. Je m'extirpai de la couverture et tendis mollement le bras en direction de la table de chevet. Je saisis mon cellulaire, et décrochai, les yeux encore endormis par cette sieste soudaine.

- Allô...? demandai-je d'une voix pâteuse.

- Darla ? C'est Ulysse.

Oh merde. Aussitôt, j'éloignai le combiné de mon visage et ouvris grand les yeux. Il ne fallait absolument pas que je continue de parler avec cette voix, c'était juste... Pas possible. Et en plus, c'est un méga tue-l'amour. Alors je raclai ma gorge, le plus discrètement possible - ce qui, entre nous, était un acte des plus difficiles - et repris le pauvre Ulysse.

- Ulysse... Que me vaut le plaisir de cet appel ? minaudai-je en recoiffant mes cheveux désordonnés - complètement inutile vu qu'il ne me voyait pas.

- Je voulais juste te dire que quelqu'un viendra te chercher ce soir, vers 20h30, et que cette personne t'emmènera au lieu de la soirée.

- Attends... Pourquoi c'est pas toi qui m'emmènes carrément ? Et ce sera qui cette personne ? J'pars pas avec des étrangers moi ! m'écriai-je en me relevant d'un seul coup.

- Parce que... J'aide à organiser et je pourrai pas me libérer, ni Noé. Et c'est une fille du nom d'Agathe qui viendra te chercher. Tu vas voir, elle est cool ! Bon, je te dis à tout à l'heure ! Bisous !

- J'ai l'impression que tu me dis pas toute la vérité, Ulysse Anvers, murmurai-je alors que le brun venait de raccrocher.

Ma tête me tournait, et une incroyable nausée s'était subitement emparée de moi. Pourtant, je n'étais pas censée avoir mes "problèmes de filles" aujourd'hui, mais vu la chance que j'ai depuis quelques temps, il se pourrait bien qu'ils aient été avancés de quelques jours. J'haussai les épaules et tournai la tête vers le soleil aveuglant, qui transperçait sans la moindre contrainte, la vitre de la chambre de Fanny. Les rayons lumineux se déposèrent sur moi, caressant ma peau de leurs assauts brûlants, aveuglant mes pauvres yeux.

Je plaquai rapidement une main sur mes paupières et entrepris de marcher à l'aveuglette jusqu'à la porte. Un bras tendu en avant, je m'orientais comme je le pouvais, de petits points jaunes s'agitant devant mes yeux fermés. Enfin, ma paume se referma sur la poignée de la porte, et je tirai avec force cette dernière vers moi. Par chance, la lumière tamisée de l'escalier me permit de rouvrir les paupières, m'évitant ainsi une chute mortelle dans les escaliers. Je regardai l'heure qu'indiquait mon portable : 17h45. L'heure de la fête était de 20h30, ce qui voulait dire qu'il me restait précisément 2h45 pour me préparer, et pas une minute de plus.

Le premier réflexe que j'eus, fut de me ruer vers la cuisine et d'attraper un abricot - enfin, des abricots plus précisément. Je m'assis à la table en bois et commençai à dénoyauter silencieusement mes fruits, le regard rivé vers l'extérieur : ma tante jardinait paisiblement, elle arrachait les mauvaises herbes situées devant la grange. Le soleil semblait taper sur son chapeau de paille, mais elle continuait quand même, s'essuyant le front assez fréquemment. Vraiment, je l'admire : travailler en plein soleil alors qu'elle pourrait se reposer sur une chaise longue, et bronzer en paix... C'est remarquable... et totalement impensable si j'étais à sa place.

Des bruits de pas se firent entendre, et bientôt, Fanny déboula dans la cuisine, une glace à la vanille dans une main, un sac dans l'autre. Elle s'arrêta de marcher lorsqu'elle m'aperçut, moi et ma colonie de noyaux d'abricots, et cligna plusieurs fois des yeux, lentement.

MOI, DARLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant