o3||°Tuto : Comment avoir la honte de sa vie ?}

415 64 90
                                    

Cousine, n. f. : être infâme et quelque peu ingrat, expert pour foutre la honte à n'importe qui.

||°

RÉSULTAT DES COMPTES, FANNY M'A TOUT RECRACHÉE À LA FIGURE.

Assise sur mon lit, je fixais Fanny qui jouait au solitaire, allongée sur le tapis indigo de sa chambre. Sa tignasse fraîchement lavée, dégoulinait sur son visage hâlé du fait de ces longues journées passées au soleil. Elle semblait enfermée dans sa bulle, partie loin dans un monde alternatif, où "licorne et sucrerie" serait la devise. Néanmoins, alors que je ne m'y attendais pas, elle tourna la tête vers moi, ce qui me fit sursauter.

- T'aimes bien les foires ?

- Euh... Dans quel sens ? ajoutai-je en inclinant légèrement la tête sur le côté.

- Bah dans le sens "endroit où tu peux acheter du saucisson en même tant qu'assister à un spectacle de coq chantant", lâcha Fanny comme si ceci était la chose la plus banale du monde.

- À vrai dire... Je n'ai jamais eu la "chance" d'assister à ce genre d'évènements.

- Tant mieux. Faut une première fois à tout de toute façon.

Fanny rabattit son regard vers son jeu et s'attela de nouveau à sa tâche, me laissant quelque peu perplexe.

- Pourquoi tu me demandes ça ? ne pus-je m'empêcher de demander en fronçant les sourcils.

- Samedi, c'est le jour de la foire mensuelle du village. Et bien sûr, on y va avec Chloé et Adrien, ainsi que leurs parents, maman et papa.

- Ah mais vous savez, vous pouvez très bien me laisser là aussi si vous voulez...

- Non, tatie Tanya a été claire : "Fanny, je veux que tu emmènes Darla partout où tu vas. Il est hors de question qu'elle passe ses journées enfermée !".

- Je déteste ma mère, grognai-je en glissant un coup d'œil vers la porte ouverte de la chambre.

- Allez ça va être cool, Darla ! Pense qu'on ne vit qu'une fois ! argumenta Fanny en se relevant et en sautant sur le lit à côté de moi.

- Ouais bah si c'est pour finir estropiée par une poule, j'préfère mourir en paix sur mon canapé ! répliquai-je en la repoussant avec un coussin rayé.

°

D'ailleurs en reparlant de poules... Je songe fortement à décapiter ce fichu coq, qui vient juste de me réveiller alors qu'il n'est que sept heure du matin.

Allongée sur mon lit, le drap fleuri remonté jusqu'à la hauteur de mes épaules, je scrutais le plafond illuminé par les quelques stries de lumière qui passaient à travers les volets de bois. Cela faisait désormais deux jours que j'étais arrivée dans ce trou paumé, deux jours que je n'avais pas regardé la télévision ou que je ne n'avais pas somnolé sur le canapé. J'avais envie de rentrer chez moi, de retourner à mes petites habitudes, loin de la campagne et de ses animaux enragés. Pourtant tout n'était pas si nul ici : la cuisine de tante Olga était divine, quoique un peu trop grasse par moment, oncle Paul s'efforçait à me faire rire et même Fanny cherchait des activités pour me distraire. Non, le problème dans tout ça c'était moi, moi et ma mauvaise volonté.

Je me redressai péniblement et m'étirai légèrement, les yeux encore groggy par ce réveil inhabituel. La couverture en tricot jaune qui siégeait au bout de mon lit, avait totalement glissé pendant la nuit et gisait à même le sol, complètement repliée sur elle-même. Je tournai la tête vers le lit de Fanny et remarquai que ce dernier était vide et que les draps étaient déjà remis correctement. Mon dieu... Mais à quelle heure s'était-elle levée ?! À six heures ?! Mais c'est inhumain ma parole !

MOI, DARLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant