Karaoké, n.m. : Show durant lequel Darla essaye de tout donner, tout en gardant le peu de dignité que Mère Nature lui a accordée.
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IL EST ACTUELLEMENT 21H52, Noé et Victoire n'ont pas refait apparition, de même que Fanny et Picasso Junior. Quant à moi, je m'apprête à monter sur scène et à chanter un petit air de karaoké.
Oui, vous avez bien compris : moi, Darla, vais chanter devant des gens que je ne connais pas et vais probablement me ridiculiser comme il se doit par la même occasion.
- Darla ? T'es sûre de ton coup là ? questionna Ulysse en attrapant mon bras, les sourcils froncés.
- Mais oui... T'inquiète pas je gère ! répliquai-je en hochant de la tête.
Je déposai un baiser sur sa joue et m'en allai en direction de la scène. Le show de la personne précédente avait été un désastre, alors je m'étais dit qu'il fallait bien que je me dévoue pour remonter le niveau. Et puis avec onze ans de danse moderne et seize ans de chant sous la douche à mon actif, ça ne devrait pas être si compliqué. Alors je continuai d'avancer, pressentant tout de même qu'il y avait de fortes chances pour que je me ridiculise devant tous les gens présents au camping. Néanmoins, je n'allais pas abandonner à deux pas de la scène, ce serait beaucoup trop facile.
- Oh mais je vois que nous avons une nouvelle chanteuse en herbe ! C'est quoi ton nom ma jolie ? demanda le directeur du camping en approchant le microphone de ma bouche.
Je me raclai discrètement la gorge et pris à mon tour la parole.
- Darla.
- Et bien souhaitons bon courage à notre chère Darla ! termina l'homme à la peau matte avant de s'installer sur le côté de la scène.
Le public se mit à applaudir en signe d'encouragement, tandis que quelques garçons de mon âge, plus ou moins, se mirent à siffler lourdement dans ma direction. Quelle maturité dit donc... Bref. Mon regard se déporta vers Ulysse, le visage tendu. Ses yeux émeraudes m'imploraient presque de me résigner. Il voulait sûrement éviter que je me tape la honte devant toutes ces personnes. Néanmoins, il n'avait pas à s'inquiéter : personne ne me connaissait ici, et si jamais cela devait mal tourner, il ne me restait plus que quelques jours à Montdesbois.
Je quittai donc Ulysse du regard et me dirigeai vers le disc-jockey, qui attendait patiemment que je choisisse ma chanson. Ma chanson ? Je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais interpréter. Me voilà bien dit donc ! Debout sur une scène bancale avec aucune chanson à chanter en tête. Enfin... Si, il y en avait bien que j'avais dans la tête, mais je ne les aimais pas vraiment et ne pouvais donc effectuer mon show dessus. Puis soudain, alors que l'homme assis en face de moi perdait tout espoir, ma bouche expulsa des mots.
Et je me retrouvai bientôt au centre de la scène, à attendre pour chanter Me too de Meghan Trainor.
Le dos tourné au public, je tenais le microphone dans ma main droite, ma main droite qui commençait à devenir moite au fil des secondes. Le disc-jockey se fit prier quelques instants, ne trouvant pas la chanson que je lui avais demandé. Enfin, après ce qui me parut être les pires secondes de mon existence, la musique démarra. Je me redressai à l'entente du bruit qui se trouvait au début de la chanson et levai doucement le bras gauche en l'air, tout en tapant du pied droit. Ce numéro, je le connaissais par cœur, pour l'avoir tant effectué dans ma chambre quand j'étais seule. Je n'avais donc pas le droit à l'erreur.
Mon dieu... Je me crois trop dans The Voice là.
Enfin, lorsque le moment du petit "ow" arriva, je me retournai d'un seul coup et lâchai l'onomatopée en faisant abstraction du public. Les premières notes arrivèrent pendant lesquelles je me contentai de claquer des doigts, et me déhanchai à chaque fois qu'elles devenaient plus rapides.
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MOI, DARLA
Teen Fiction- "Allez ça va être cool, Darla ! Pense qu'on ne vit qu'une fois ! - Ouais bah si c'est pour finir estropiée par une poule, j'préfère mourir en paix sur mon canapé !" ||° Fille de la ville, petite princesse à ses...