42||°Stand de tir et peluche peu ordinaire}

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Tir à la carabine, n.m. : Endroit capable de faire taire des idiots arrogants et de leur montrer que non, ils ne peuvent pas tout réussir.

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- ET DE DEUX !

Nous étions au stand de tir depuis bientôt un quart d'heure, et durant ce lapse de temps, j'avais déjà effectué deux parties. J'avais explosé la plus grande majorité de mes ballons, et si je continuais ainsi, à toujours vouloir rejouer, c'était mon porte-monnaie qui allait exploser. Comprenez moi, il ne faut jamais, jamais m'amener dans une fête foraine ou encore au casino. C'est une question de vie ou de mort pour mes banquiers, alias mes parents.

- Eh bah... Si je te connaissais pas, j'aurais peur pour ma vie ! lança Noé derrière moi.

Je me tournai vers lui, la carabine en plastique dans les mains et esquissai un large sourire. Noé était accoudé au comptoir en bois du stand, sa casquette masquant sa chevelure blonde. Ses yeux malicieux risquèrent un coup d'œil en direction d'Ulysse, qui se tenait non loin de là. Mon regard se déporta vers le jeune brun et je réprimai un petit rire. Mon petit-ami, aussi connu comme le garçon le plus pacifiste que je connaisse - après Adrien du moins - ne semblait pas dans son élément. Ses doigts fins tenaient désespérément le fusil en plastique rouge, tandis qu'un petit bout de langue émergeait de ses lèvres. Il semblait concentré, très concentré. Néanmoins, cela ne l'empêchait pas de rater la plus grande majorité de ses tirs.

- Pourquoi j'y arrive pas ?! se plaignit-il en levant une main en signe de protestation.

À mes côtés, Noé détourna le regard et étouffant un rire dans sa casquette, il s'écroula sur le comptoir. Je reposai la carabine sur ce dernier et m'avançai vers Ulysse, un large sourire amusé au bord des lèvres. Une petite moue contrarié avait établi domicile sur son visage hâlé et ses lèvres fines étaient pincées. Il semblait contrarié, déçu de ne pas arriver à faire ça. Mais après tout, tout le monde ne pouvait pas être un tireur à la carabine en plastique aguerri.

- J'suis désolé Darla, mais je vais pas pouvoir remporter le gros ours en peluche et te l'offrir, grogna Ulysse en se grattant la nuque.

- Tant mieux, je déteste ce cliché du cinéma américain, ris-je en rabattant une mèche derrière mes oreilles.

- Ouais fin bon... J'aurais bien aimé en éclater deux au moins, souffla le brun en entourant de son bras mes épaules.

- Écoute vieux, commença Noé après avoir repris son souffle. C'est pas de notre faute si t'es schlecht.

Je me retournai vers lui et lui fis les gros yeux. Étudiant - enfin, étant présente en cours du moins - l'allemand depuis la sixième, j'avais tout de même retenu que schlecht signifiait mauvais, et je ne trouvais pas cela cool. Ce n'était pas de la faute d'Ulysse s'il ne maîtrisait pas ce genre de jeu d'arcade, et croyez-moi, je préférais largement un gars ordinaire comme lui plutôt qu'un mec qui réussit tout et se prend pour un dieu.

- T'as qu'à essayer toi, au lieu de critiquer les autres, défiai-je Noé en attrapant la carabine rouge que je venais de déposer.

- Tout de suite Captain Darla, accepta le franco-allemand en se saisissant du jouet en plastique.

Il se décolla du stand, ôta sa casquette et la posa sur ma tête, tout en veillant à me décoiffer au passage. Je pouffai de rire et grimpai sur le comptoir, malgré les regards appuyés de l'homme qui tenait le jeu d'arcade. Je tournai la tête dans sa direction et lui adressai un grand sourire, tant et si bien qu'il finit par lâcher l'affaire et retourna draguer la fille du stand d'à côté. Ulysse, qui avait lâché mes épaules, se tenait près de moi, sa carabine posée loin de ses mains. Il ne touchait plus à cette dernière et semblait avoir abandonné la partie : sûrement souhaitait-il voir comment Noé se débrouillait avant de poursuivre ?

MOI, DARLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant