Poussin, n.m. : Petit de la poule. Être jaunâtre à l'allure adorable et fragile, mais qui peut s'avérer ne pas être si mignon que ça.
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SI VOUS VOULEZ MON AVIS, le marché de Montdesbois n'était pas le lieu rêvé pour des jeunes femmes aussi pétillantes que moi.
- Bon c'est bon, t'as fini de faire mumuse ? me mis-je à râler, les poings sur les hanches, le regard rivé sur Fanny.
Fanny qui était postée, depuis ce qui me semblait une éternité, devant un carton rempli de poussins jaunes et bruyants. Ma cousine les caressait du bout des doigts, tout en discutant avec le fermier qui vendait ces pauvres piafs. Quant à moi, je me tenais à une distance raisonnable de ces transporteurs de maladie sur pattes, n'ayant pas envie d'attraper une quelconque bactérie émanant d'eux.
La place du village était occupée par les nombreux stands colorés des maraîchers, et un air provençal planait sur l'ensemble. Cela aurait pu être agréable si une insupportable odeur de fumier n'émanait pas du seul stand où Fanny avait daigné vouloir s'arrêter. Alors je prenais mon mal en patience, tout en cherchant du regard n'importe quelle tête qui m'était familière. Hélas, aucun des ados que je connaissais n'était là, même si je savais que je n'avais qu'à traverser la rue pour aller voir le pâtissier, enfin, son fils en particulier.
- Tu veux en prendre un dans tes mains ? questionna une voix féminine, me sortant de mes esprits.
C'était une dame d'une quarantaine d'années, aux traits fatigués mais bienveillants. Ses cheveux blonds étaient ramenés en une imposante tresse, et de la paille était collée à son polo vert sapin. Je fis non de la tête, tout en n'oubliant pas de sourire, mais la dame en avait décidé autrement et me refilait déjà un poussin entre les mains.
Au secours, au secours ! Je ne veux pas de ça ! Je ne veux pas de ça ! C'est plein de bactéries, merde ! Je vais devoir me laver combien de fois les mains après ?! Et puis c'est moche un poussin... Bon, quand on regarde de plus près c'est pas si moche que ça, mais quand même c'est pas très... Bon ok. C'est trop mignon, j'avoue, je me rends, la bonté s'est emparée de mon cœur cette fois-ci.
- Je rêve où tu tiens un poussin dans tes mains ?! lâcha bruyamment ma cousine, choquée de cet élan si soudain d'amour envers les animaux.
- Bah quoi, il est mignon.
- J'pensais que ce n'était qu'un passeur de maladie couleur pipi ? poursuivit Fanny en s'approchant de moi.
- J'ai jamais dit ça, ripostai-je en souriant au petit poussin qui se lovait dans mes mains.
- Tu l'as pensé très fort dans ce cas, termina la brune en haussant les sourcils.
Je m'apprêtais à dire quelque chose, mais un je-ne-savais-quoi me coupa. J'avais l'impression que de l'eau coulait sur mes mains ou qu'il pleuvait uniquement sur cette partie. Mon regard dériva sur le petit poussin et c'est là que je compris : ce piaf était en train de se soulager dans mes mains ! Ni une ni deux, j'eus un réflexe, qui, je l'avoue, n'est pas des plus recommandables : j'écartai d'un seul coup mes mains et le petit poussin se serrait écrasé sur le sol si Fanny ne l'avait pas rattrapé. Ma cousine me jeta un regard qui semblait dire "assassin", et se retourna pour vérifier que les deux vendeurs n'avaient pas remarqué la potentielle chute mortelle d'un de leurs petits protégés. Néanmoins, ces derniers ne semblaient pas y avoir prêté attention et discutaient avec de potentiels futurs clients.
- Mais t'es malade ma parole ! Y a une minute à peine tu le trouvais trop mignon, et là tu manques de le laisser s'écraser sur le bitume ! s'exclama Fanny à voix basse, tout en reposant le poussin dans son carton.
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MOI, DARLA
Teen Fiction- "Allez ça va être cool, Darla ! Pense qu'on ne vit qu'une fois ! - Ouais bah si c'est pour finir estropiée par une poule, j'préfère mourir en paix sur mon canapé !" ||° Fille de la ville, petite princesse à ses...