Chapitre 9

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Chapitre 9

« Putain » était le seul terme qui m'était venu à l'esprit. J'étais en train de rouler une pelle à Fatou Kiné Ndoye. Oui vous avez bien lu, rouler une pelle. Après m'être saisi de ses lèvres, j'ai demandé accès à sa langue et elle s'est laissée faire. Je savais que je lui plaisais, j'en étais sûr. J'avais tellement fantasmé de ce moment.
Je sentais qu'elle veut se séparer mais c'était normal, on commençait à manquer d'air. Je quittai sa bouche pour m'attaquer à son cou. Je l'entendis gémir, comme un déclencheur ça m'incitait à continuer.
Brusquement sans même que je comprenne ce qui se passe, elle me poussa et quitta mon bureau.
Qu'est-ce qui venait de se produire ?
Ai-je été médiocre ?
Evidemment que non, c'est de moi qu'il s'agissait. Je ne pouvais être médiocre.
Je retournai sur mon siège mais il était évident que la concentration n'était plus au rendez-vous.
Si j'ai réussi à l'embrasser sans qu'elle me colle une gifle, cela signifiait que j'avais de grandes chances de la mettre sur mon lit et que ce n'était qu'une question de temps.

*******

Depuis notre baiser, j'avais l'impression que Fatou Kiné m'évitait. Si elle a un truc à me dire concernant le boulot, j'ai droit à un mail alors qu'elle venait d'habitude m'en parler de vive voix. Elle évitait mon bureau comme si je souffrais d'une maladie contagieuse. Ça faisait des jours que cela durait et franchement ça m'agaçait d'autant plus que c'était en train de tout compliquer.
Quoi qu'il en soit on avait notre réunion du premier mardi du mois qui regroupait tous les agents car nous devions parler des évènements, de ce qui a été fait le mois précédent et ce qui se fera le prochain mois. Qu'elle le veuille ou non, il allait falloir qu'on se voie et qu'on se parle. 
Cheikh sera à côté d'elle aussi collant que de l'adhésif mais je trouverai un moyen.
Nous nous sommes tous regroupés dans la grande salle comme d'habitude et mon père avait pris la parole. J'avais fait une présentation de la nouvelle boite qu'on avait acquise. Cette présentation je devais la faire mais dans la mesure où elle m'évite j'étais plus ou moins obligé de me débrouiller tout seul. Mais comme vous devriez vous en doutez, je n'avais point besoin d'elle.
Cheikh a pris la parole pour nous parler d'un spot publicitaire qu'il a prévu pour un des produits de la partie agroalimentaire. Il avait même remercié Kiné pour son aide. Voyez-vous ça ? Elle délaissait ses responsabilités pour faire nunuche avec son copain.
En toute franchise je trouvais nul la présentation de Cheikh mais je me suis abstenu de parler car si je l'avais fait, il m'aurait traité de jaloux.
Bienvenu au Sénégal, un pays où nous n'avons point le droit de détester ce que font les autres. Critiquer et vous serez considéré comme des jaloux.
Quand j'ai voulu prendre la parole et que j'allais lancer le PowerPoint, Kiné m'a intercepté.

-Je ne savais pas qu'on devait parler.
-Si tu gérais plus les finances que le département marketing, tu en saurais plus.

Ne vous inquiétez pas. On a parlé de façon assez basse et à part des oreilles indiscrètes, personne n'avait entendu notre échange.
Je vous le promets Fatou Kiné Ndoye est une véritable peste. Avez-vous vécu ce moment où vous faites une présentation devant quelqu'un qui se met à contredire tout ce que vous dites ?
Peu importe ce que je disais, elle en rajoutait. Je pensais avoir fait le tour du sujet mais elle m'a montré que non. J'avoue que c'était un peu de ma faute je devais m'attendre à ça. C'était évident qu'elle n'allait jamais subir sans rien dire. Je me suis bien ridiculisé à cause de cette peste. J'ai des envies de meurtre  et le pire est que mon père a trouvé ma présentation médiocre. Il m'a demandé de le refaire mais cette fois avec elle.

******

-Cette situation me déplait autant qu'à toi qu'à moi...Me dit Fatou Kiné assise dans mon bureau en face de moi.
-Si tu avais fermé ta grande bouche, on en serait pas là.
-Je t'interdis de m'insulter.
-Et moi je t'interdis de me ridiculiser devant mon père.
-Si tu fais un travail bâclé, le seul dont tu dois en vouloir c'est toi-même.
-Travail bâclé ?
-C'était l'impression que ta présentation donnait.
-S'il te plait, nous sommes entre nous alors n'insulte pas mon intelligence. Pour un profane après tes remarques infondées, ma présentation était bidon mais toi et moi c'était loin d'être le cas.
-Je doute que Monsieur Cissé soit du même avis.
-Monsieur Cissé est du genre à croire tout ce qu'on lui dit. Faisons cette présentation et qu'on en finisse.

Un stupide pariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant