Chapitre 19

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Chapitre 19

*****Kiné*****

Aujourd'hui je reprends le boulot. Comme vous pouvez vous en rendre compte une semaine s'est écoulée depuis que j'ai vécu la plus grande débâcle du siècle. Et oui, un mariage qui n'aura même durée 48 heures. Peut-être que c'est un record, il faudra que je me renseigne là-dessous.
Mon sarcasme est simplement dû au fait que je n'ai pas envie de m'effondrer. C'est vrai que je n'étais pas amoureuse de Demba mais ce qui s'est passé ne peut me laisser indifférente. Il n'y a pas un jour où je ne me demande pas comment a-t-il pu réagir de la sorte. Il voulait une femme vierge , ok c'est son droit, mais était-il obligé de me mettre mal à l'aise ? Il s'est foutu de tout. Depuis ce qui s'est passé ma mère m'en veut. Pour peu qu'elle ne m'adresse pas la parole. Je la comprends parce que vous savez au Sénégal souvent quand l'enfant fait des bêtises c'est la mère qui est accusée. Le pire reste de voir les mégères du coin venir à la maison avec pour unique but une pêche aux informations. Elles savent bien ce qui s'est passé. Nul besoin d'être une lumière pour savoir que seul l'absence de virginité peu justice un échec aussi précoce. En 48 heures, qu'est-ce qui aurait pu se passer d'autres ?
Si c'était à refaire, oui ce serait différent. Pas pour cet abruti de Demba mais simplement pour ma mère. Elle ne mérite de vivre ces moments par ma faute.
Quand on se donne à un homme pour la première fois, on ne pense qu'au moment présent. On oublie tout ce qui reste alors qu'on est en train de faire une action lourde de conséquence. La seule chose qui pourra me faire un peu de bien c'est de savoir que ma petite sœur voit et est consciente de ce qui s'est produit et ne fera mais les mêmes erreurs. 
Je n'ai même pas sentie le trajet en taxi. J'étais bien trop perdue dans mes pensées. Je donne au chauffeur son argent avant de descendre du véhicule.
Malgré le fait que j'étais plus en lune de miel, j'ai quand même conservé la semaine de congés. Revenir au boulot allait pire je crois que de rester chez moi malgré l'ambiance glaciale que ma mère nous infligeait. Je ne voulais pas faire face à des questions mais surtout au regard des gens qui me jugeront, me critiqueront, me plaindront. Je sais forcément en tant que « nouvelle mariée » que les collègues voudront savoir comment va mon époux. Je tergiverserai cette question comme je pourrai. Si j'arrive à tenir d'ici un mois, je leur dirai que finalement ça n'a pas marché. Pour l'instant c'est ma vie et je n'ai point envie de partager ce qui s'y passe avec eux.

******* 

J'ai salué les collègues que j'ai croisés avant d'atteindre mon bureau. J'ai eu droit aux félicitations de ce qui n'ont pas pu venir au mariage et aux blagues douteuses auxquelles tout nouveau marié à droit. J'ai juste souri et j'ai avancé.
J'ai croisé également Cheikh. On s'est trop parlé. Il m'a félicité, je l'ai remercié avant de m'éloigner. Je comprends qu'Habib ne lui a pas parlé de ce qui s'est passé. Ça ne m'étonne guère Habib et lui ont beau être frère, ils ne s'entendent pas trop et je n'ai pas facilité les choses. Parfois je me demande si ce qui m'est arrivé avec Demba n'est pas l'œuvre du karma qui me tombe dessus après ce que je lui ai fait. J'ai pas été très cool avec Cheikh. Je me suis excusée certes mais peut-être que ça n'a pas suffi.
Une fois installé dans mon bureau, je fais la première chose que je fais d'habitude de consulter mes mails. Calme plat rien de nouveau. C'est comme si le temps s'était arrêté. C'est impossible. Cette entreprise  bouge plus que les marchés opus. Il faut que j'aille voir Habib et qu'il me dise ce qui y a eu la semaine.
Je quitte mon bureau pour me rendre au sien.
Que personne n'ait d'arrière-pensée. Si je vais voir Habib c'est pas parce que j'ai envie de voir sa tête mais simplement pour le boulot. Vous n'allez pas croire que je vais me jeter dans ses bras juste quelques jours après ma séparation avec Demba ? Non seulement j'en ai marre des hommes en ce moment, ils me dégoûtent tous et après je n'ai pas encore pardonné à Habib.
Je toque et il me demande d'entrer. Il est très concentré sur son ordinateur. Je suis entré et il n'a pas fait attention.

Un stupide pariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant