Chapitre 14

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Chapitre 14

******Kiné******

L'avez-vous déjà sentie ? Vous savez, cette petite boule au fond de votre estomac dont vous avez fort envie de vous débarrasser mais qui reste quand même, cette boule qui est là qu'avec le seul but de vous rappeler à quel point vous avez mal ? Je suis sûre que vous savez de quoi je parle.
Cette boule est venue explorer ma cage thoracique ces derniers temps. Dès qu'elle est venue je l'ai reconnue. J'ai commencé à avoir l'habitude. Devant le miroir je m'efforce à croire que je suis tout simplement une fille qui n'a pas de chance mais je sais que c'est faux j'ai de la chance, encore faudrait-il que je sache m'en servir. Des mecs bien s'intéressent à moi mais Fatou Kiné Ndoye avec son cœur d'artichaut ne s'intéresse qu'à des loosers. Et le pire est que j'en suis consciente. J'ai mon cerveau qui cesse de m'envoyer des signaux d'alerte mais effectivement je ne l'écoute jamais. Ces quelques lignes représentent un parfait résumé de ma vie.
Cheikh était parfait, attentionné, une personne sur qui je savais que je pouvais toujours compter. Dès que j'ai posé les yeux pour la première fois sur Habib, je savais que c'était un joueur. Et je n'ai cessé de me convaincre que plus de loin je serai et mieux je me porterais. Mais celui qui n'en fait qu'à sa tête a encore sévi et en deux temps/trois mouvements, il s'est retrouvé séduit par les beaux yeux d'Habib. Je savais que c'était une erreur. Je dois être la seule femme au monde qui commet deux fois la même erreur. Habib pourrait être la copie parfaite du dernier imbécile avec lequel j'ai rompu, à quelques détails près bien sûr. Je savais que c'était un terrain glissant et pourtant je m'y suis quand même aventurée.
Quand on nous regarde, on peut avoir l'impression que j'en veux énormément à Habib, oui je lui en veux mais pas autant que je m'en veux d'être tombée dans ce piège. J'ai pris le risque de sacrifier ma réputation juste pour pouvoir être avec lui. Je suis l'ex de son frère. Je savais que ça allait être mal vu par toute personne qu'on croisera. Et moi en tant que femme taxée en premier lieu. A ce moment tout ce que je voulais c'était être avec Habib et peu importe les conséquences, je me voyais prête à les assumer.  
Quand je me suis engagée avec Cheikh j'aurais dû continuer. Peu importe ce que je commençais à ressentir pour son frère. J'ai abdiqué trop facilement. Après je dois également me l'avouer, j'ai même pas laissé à Cheikh la possibilité de me séduire. Je le voyais plus comme un meilleur ami masculin qu'autre chose.
Je n'ai jamais parlé à quiconque de ma relation avec Habib, ni à mes sœurs, ni à mes amies. Même pas à Betty qui est pourtant ma « jumelle ». Après Betty, je ne savais pas vraiment comment lui  dire. Elle avait développé un coup de cœur assez idiot pour Habib mais je parlais tellement mal de lui qu'elle a fini par s'en débarrasser. Je savais qu'elle allait me juger si je lui disais que je me suis mise avec Habib et je n'avais pas envie de vivre ça.
Je dois remercier le Ciel d'avoir été mise au courant assez vite de ce pari. Que se serait-il passé si tout le monde était au courant de ma relation avec Habib et que par la suite qu'ils aient tous appris que pour Habib c'était juste un jeu et qu'il n'a rien fait d'autre que de m'utiliser comme si j'étais un vulgaire jouet? 
Sa mère vient de partir. Je lui ai dit toute la vérité. Ce que je pensais d'Habib et surtout ce que je pensais de moi-même. Ne vous m'éprenez pas. En aucun moment j'ai pris la posture de la victime. J'ai eu un gros rôle à jouer dans cette histoire, si Habib a pu me manipuler c'est forcément parce que je l'ai laissé faire.
Il parait qu'il est malade. Depuis la soirée anniversaire, il a pas fait signe de vie. Il peut se permettre de rater une semaine, après tout c'est le fils du patron. Une partie de moi a envie de croire que c'est à cause de moi mais une autre partie plus rationnelle soutient que ça n'a rien à voir avec moi et qu'il a seulement pris des vacances en prétextant une quelconque maladie.  Moctar m'a appelé, il voulait venir me parler. Je lui ai clairement dit qu'il n'avait rien à me dire, ni lui, ni Habib.
J'entends quelqu'un qui toque à ma porte.

Un stupide pariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant