IV

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Aujourd'hui, je porte un pull à manches longues.
Comme tous les jours.
J'ai adopté le style des vêtements longs et larges depuis un an.

Afin de masquer le nombre de bleus et de traces de coups sur mes bras, sur mon corps.

Apprendre à vivre avec la douleur du quotidien : elle ne disparaîtra peut-être pas mais au moins on s'y habituera.

En arrivant au lycée, je traverse ce maudit couloir en pensant à une seule chose : la lettre.

Je me pointe devant Nina.

- Alors ma chérie, la lettre ?
- Oh...
- Ne me dis pas que tu as oublié...
- Non justement j'y ai travaillé une bonne partie de la nuit.

Je lâche un soupir de soulagement :
- Tu m'as fait un de ses frayeurs Nina !

Elle ouvre son casier.
- Je l'ai déposée ici en arrivant.
- Au fait, en parlant de casier, tu te souviens que celui-là m'appartient. Sale voleuse.
- Je suis prête à te le rendre.
- J'éspère bien. Comment pourrais-tu regarder ton chèr Kevin dans les yeux.

Elle baisse ses yeux à terre.

- Alors la lettre ? On n'a pas toute la journée.

Elle fouille maintenant dans son sac.
Confuse, elle dit faiblement ;
- Je croyais pourtant l'avoir mis dans mon casier...

Mon cœur bat, ma colère, ma rage tentent de refaire surface...

- Oh non, Nina... Je ne crois pas que tu aies compris les règles avec moi.

...avec succès.

Je vois dans ses yeux de l'inquiétude. Elle avala lourdement sa salive.

Je prononce distinctement :

- Où est cette fichue lettre ?!
- Je suis désolée... Je... Je pense que je l'ai oubliée...
- Tu l'as oubliée ?!

- Pardonne-moi...

Je la coupe sans respect :

- Écoutes-moi bien salle petite chienne, tu n'es qu'une soumise à présent. Tu n'obéis qu'à mes ordres à partir de maintenant. Je pense avoir été claire hier soir. J'ai juré de pourrir ta vie et je compte prendre soin de cette promesse. Alors tu vas me retrouver cette lettre dans la journée ou je te jure que je balance tout ce que tu as fait à la direction. Et je peux te dire que le harcèlement ça pardonne pas.

- Non Claire je t'en supplie...
- Et surtout ne me dis jamais non.
- Bien sûr...euh oui. Oui Claire.

Je décide alors de jeter toutes les affaires de son casier dans le couloir.

Je saisis les piles de cahiers, les livres et les feuilles.
Je m'empare de tout.

Les lycéens dans le couloir me regardent mettre à terre les affaires de Nina sans respect, avec rage.

C'est toute essoufflée avec les cheveux décoifés que je saisis et presse ses joues avec ma main et la force à me regarder droit dans les yeux.

- Dès aujourd'hui je reprends ce qui est à moi.

La cloche sonne et je lâche avec un profond mépris son visage.

- Tu as l'ordre de tout ramasser maintenant.

Je ferme maintenant mon casier et je rentre en cours, satisfaite à la fois de lui avoir fait honte et en même temps légèrement mal à l'aise d'avoir contenté ce petit monstre en moi qui ne cesse de grandir. D'avoir satisfait cette colère. Car je sais que plus je la nourris, plus elle s'accroît.

Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant