XV

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Perdue comme une enfant au milieu d'une forêt ardente. Abandonnée comme un déchet qui flotte au beau milieu de l'océan, et qui ne demande qu'à couler pour reposer en paix. Mettre fin à ce supplice interminable, et se libérer de ce désarroi infini. 

Allongée dans mon lit, je fixe le plafond. Ce vide plat et blanc, qui invite souvent à méditer.

Je me sens seule. Seule comme cette roue de secours à l'arrière de la voiture. On y pense seulement lorsque on en a besoin. Vide comme une mère ayant perdu ses enfants. Silencieuse comme un arbre qui vit aussi longtemps que le monde pour ensuite être irradié par les humains et leurs machines. Il ne dira rien.

L'envie de se frapper soi même, comme pour se réveiller vient alors, poussée par ce sentiment de faiblesse face à cette vie absurde et imprévisible.

Cette vie qui choisit à son aise ceux qu'elle a envie de bénir, et ceux qu'elle a envie de punir. Ce n'est pas nous qui menons la vie, mais c'est elle qui nous mène par ce sacré bout du nez. 

Quelques fois, elle se permet même de nous pousser et d'être brutale, de nous plonger définitivement dans ce froid humide et sec à la fois, où s'emmêlent des milliers de questions et d'interrogations, qui ne s'arrêteront jamais. 

Jamais.

Mais il est l'heure.

J'enfile ma veste et sors de chez moi.

21h00.

Je prends la lettre de Nina posée sur mon lit.

Mon père dort comme un agneau sur son fauteuil... qu'il n'a pas quitté de la journée. Il ne se réveillera pas avant demain, je peux donc sortir librement sans cris ni violence.

La nuit est froide, coupante, mais ne m'arrêtera pas.

Je cours jusqu'au lycée, lettre à la main. Mes cheveux se rafraîchissent, titubent et se démêlent au fil de ma course. Mes pieds sont si légers qu'il paraissent me bercer dans la nuit. Je m'imagine danser dans le noir.

Et je décide de m'arrêter un instant, je fige cette longue rue sombre qui s'étend devant moi, et décide de ralentir ma course. Je replace une mèche de cheveux rebelle Ma respiration s'apaise et se fait transparente sous la forme de petite fumée à chacun de mes souffles. 

Je m'arrête, parce que je veux danser dans le noir. Seulement les étoiles pourront me juger ce soir. Je n'ai pas la possibilité de me divertir à ma guise chez moi.

J'enfile mes écouteurs pour écouter un morceau énergique.

Je m'imprègne lentement du son, et commence à remuer mon bassin. Puis mes mains viennent se mêler à cet envoûtement du corps. Je remue ma tête tout en fermant les yeux.

Je sens la musique habiter ma gorge, mes poumons, mes bras et mes jambes pour ne faire plus qu'un avec l'intégralité de mon corps. La musique est en parfaite osmose avec mon esprit.

La musique a le pouvoir de changer la vision du monde, ce qu'on en perçoit actuellement. Elle embellit le silence, le décor. Elle devrait faire parti intégrante de la nature. Elle devrait combler tous les hommes. Elle a le mérite d'appartenir à quiconque.

Elle est libre et généreuse. Elle donne sans retour, panse et soigne tous les maux du monde.

Et je danse, je danse et je danse ! 

J'é...

Mon cœur bat rapidement, ni par le stress, ni par la colère. Il bat de joie.

...vacue.

J'arrive enfin devant les portes du lycée. Je ne compte pas y entrer par effraction. Je ne suis pas comme ça et ce n'est pas dans mes intentions de tenter quoi que ce soit d'illégal. 

Je ne suis pas une mauvaise personne.

Je me poste devant la boîte aux lettres.

Je ne sais pas pourquoi j'hésite à jeter le bout de papier à l'intérieur.

Est-ce à cause des propos de Steve, ou bien est-ce le sens que je donne à tout cela. Mais y a t-il vraiment un sens ?

Tout cette histoire, je peux facilement y mettre fin. Que tout s'arrête là, ou bien la laisser continuer. De poursuivre là où elle devait tous nous mener.

Ai-je finalement vraiment le choix ?

Mais je dois rester fidèle à moi-même, sinon tout ce qui s'est passé avant n'aura plus aucun sens. Je tiendrai ma promesse.

Je suis Claire, et je mérite la vie, ma vie.

Je laisse tomber le bout de papier s'adressant au directeur dans la boîte aux lettres du lycée.

Nina, Steve, Kevin ; Après cette interlude, que le spectacle continue...

Que ce fleuve encore trop tranquille à mon goût, nous mène au bout de son ravin.






























Salut 😉
J'espère vraiment que ce chapitre t'as plu. Selon moi, il constitue une petite parenthèse dans cette partie un peu mouvementé qu'est la 3.
J'ai voulu rendre un petit hommage personnel à la musique aussi.

N'hésite pas à laisser un commentaire, je réponds 🤗.

La fin de la partie 3 arrive dans quelques chapitres.

Bsx et merci d'être arrivé jusque là, c'est vraiment énorme 🖤.

Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant