XVI

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La sonnerie est criante, frappante, rappelant à tout mon être de s'extérioriser de soi-même, de se rappeler où l'on se trouve réellement.
C'est à dire dans ce chaos infini que l'on appelle la vie.

Assise au dernier rang de la classe, la sonnerie ne sonne pas pour annoncer la fin des cours, mais pour bien autre chose.

Dans un flou obsédant mêlant crissement de chaises, voix entremêlées, rires insignifiants et brouhahas excités, ces quelques mots prononcés à l'interphone du couloir commencent à faire battre mon cœur plus rapidement soudain.

" Tous les élèves sans exception sont priés de se réunir au gymnase immédiatement."

Nous voici enfin à la fin du parcours, de ce que j'ai bâti.
Tout allait enfin s'achever, prendre fin.
Mon plan, la lettre, Nina, ce qu'elle mérite.
C'est aujourd'hui que ma promesse se réalise.

Nous sommes aujourd'hui deux jours après avoir déposé la lettre de Nina dans la boîte aux lettres du lycée.

Le jour où j'ai dansé.

Mon regard s'entreprend à chercher Kevin. Je veux lui prouver que je suis une personne de confiance, et que, ce qu'il a subi est prêt à s'inverser sur cette traîtresse sans nom.

Mais dans cette foule agitée qui se questionne encore sur l'objet de ce grand rassemblement, mes yeux se posent involontairement sur deux mains s'entrelaçant, se caressant. Puis relevant la tête, deux paires d'yeux s'entremêlant. Des regards se dévisageant avec espoir.

Nina et Steve.

Je reste involontairement ébahie.
La foule a beau me bousculer, mon regard ne s'arrête pas d'observer deux êtres s'aimer.

Ce que je n'aurai jamais.

Je m'approche lentement afin de les rejoindre. Je traverse la foule sans m'excuser et bouscule quelques élèves.
Une boule grossissante commence à envahir ma gorge, et mes yeux se couvrent d'un étrange filtre rouge.

Avant même de pouvoir approcher Nina qui ne m'aperçoit pas encore, une main se pose avec pression sur mon épaule.
Je me retourne et me retrouve nez à nez avec Kevin.

- J'espère que tout ce grabuge n'a rien avoir avec toi...

- Tu verras bien. Ne sois pas trop enthousiaste surtout.

- Vu ton comportement choquant ces derniers jours... Je ne te reconnais plus Claire, même avec ta veste en cuir.

Je l'interrompt sèchement, parce que je commence à me lasser sérieusement de sa façon de penser.

- Je sais ce que tu vas dire. Mais il est trop tard. Ne ressens-tu absolument rien pour toi, pour ce que tu as enduré ? Voilà une question que je me poserai toujours. Pour le carnage intérieur de ta personne qu'elle a causé ?

- Et toi, n'as tu donc aucune passion même pour ceux qui ont fait du mal ?Tu as sûrement raison, mais il y a des manières de s'y prendre. Et puis tout cela c'est du passé, non ? On arrête tout Claire, tout va absolument trop loin.

Je ne crois pas ce que je viens d'entendre. Kevin capitule ? Comment est-ce possible après tout le mal que je me suis donné. J'essaie de réprimer ma colère noire.
Je lui déclare d'une voix glaçante.

- De toute façon, il est trop tard.

Le courant de cette marée humaine, qui a envahi les couloirs du lycée en moins de cinq minutes, nous mène donc au gymnase.

Les gradins se remplissent.

Personne ne sait vraiment ce qu'il va se passer, qui va parler ou ce qui va être prononcé. Si après quelques minutes, cet événement causera des conséquences indélébiles pour chacun de nous.

Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant