II

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Une semaine plus tôt :

- À moi de mener le jeu maintenant.

Nina, les yeux trempés est à présent dans mes bras.

Je me retire et place mes mains sur ses épaules.
Je la regarde droit dans les yeux maintenant. Et je lui assure avec responsabilité :

- Tout va bien se passer. Ne t'inquiètes pas. Tu seras en sécurité avec moi.

Elle secoue légèrement sa tête et essaye de ravaler ses sanglots.

Je reprends :
- Tu te souviens de ta promesse ?

- Oui... Mais je n'ai pas tout compris.

- Une lettre. Tu vas devoir écrire une lettre, mais pas à n'importe qui.

- Oui je me souviens. Je le ferais Claire.

Soudain pris d'un étrange élan d'affection pour elle, je dépose un léger baiser sur sa joue. Ma lèvre se retrouve mouillée de ses larmes salés qui faisait scintiller légèrement son visage dans la pénombre du lycée.

Elle me regarde avec espoir. Comme si elle me confiait la totalité de sa personne. Qu'elle s'abandonnait à moi.

Je n'aurai jamais imaginé une telle dévotion de sa part. La connaissant justement, je m'attendais à plus de résistance.

- Tu me déçois Nina.

Elle répond rapidement,

- Merci Claire, merci de me sauver.

Oui Nina, et si tu aimes ça, tu n'as pas fini de me remercier.

On sort du lycée enssemble et on reste quelques instants plantés devant l'immeuble imposant. C'est ici que tout a commencé et que tout finira.

Sans même un au revoir, elle s'en va lentement retourner chez elle.

Je la regarde s'en aller, avachie par le mal qu'elle a commis à elle seule.

Je la déteste pour ce qu'elle est.

Je lui crache alors mon venin, en lui criant pour qu'elle entende bien le son de ma voix. Pour qu'il résonne à jamais dans son esprit minable.

- Sache que tu resteras une sale chienne Nina !

Elle se retourne vers moi quelques instants, avant de reprendre son chemin plus rapidement cette fois.

Je continue de lui hurler dans son dos :

- J'ai la promesse de te détruire Nina, et tu n'y échapperas pas !

Je prie pour qu'elle entende ces mots. Je veux qu'ils la brise en miette. Je veux qu'elle souffre autant qu'elle a fait souffrir.

Un soudain élan de rage et de colère me surprend.
Ce violent sentiment me fait sortir de mes gonds et je hurle dans cette rue à présent noire et vide :

- Je te déteste ! Je te déteste !

Je ne peux contrôler cette colère croissante et je donne un coup de pied sur une poubelle près de moi. Cette dernière se retourne complètement et chute à terre, laissant s'échapper toutes sortes de déchets. La poubelle roule jusqu'au niveau de la route. Dans cette ruelle noire de nuit et vide de vie, réside quelques instants, moi, ma rage et la poubelle allongée en plein milieu de la rue. Comme un homme se vidant de tout son sang, les déchets s'élancent sur le trottoir accompagné du vent.

J'ai besoin d'évacuer cette colère. Je dois la contrôler.
Je décide de piquer à sprint. Je cours sans m'arrêter. Mes pieds frappent de plus en plus vite le sol l'un devant l'autre et le froid gèle mes yeux. D'une quelconque façon, il faut que j'atténue cette rage qui me ronge. Il ne faut surtout pas qu'elle rattrape ma conscience.

J'arrive enfin devant la porte de ma maison essoufflée, mais libérée enfin pour quelques temps.

Alors je rentre chez moi à mon tour. En repensant à cette journée, je ne pense pas que Kevin ait mis le téléphone volé dans mon cartable dans l'intention de m'atteindre. Il a dû paniquer et trouvé une échappatoire et je ne lui en veux pas. Avec tout ce qu'il a subi, je n'ai pas le droit de lui en vouloir moi aussi.

Les pieds fixés sur le palier devant chez moi, je n'ose ouvrir la porte.
Mon cœur commence à battre plus fort qu'il n'y a quelques secondes sous ma course. J'ai peur de ce qu'il y'a à l'intérieur. De ce qui m'attend ce soir, encore.

Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant