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Après ce cours d'histoire passionnant sur la guerre froide, l'heure de la pause sonne.

Je rejoins le couloir avec tous les autres élèves mais je ne trouve pas Nina.

Je range à présent mes affaires dans mon casier respectif.
Kevin arrive près de moi et je le sens très gêné.

J'engage la conversation puisqu'il a du mal à le faire.

- Tu vas bien ?

Mais il m'intércepte directement en me déclarant ce qui lui brûle les lèvres ;

- Écoute Claire, pour hier, enfin je veux dire pour l'incident avec le téléphone dans ton cartable. Je...enfin c'était moi. C'était moi le voleur et je ne voulais pas... enfin j'ai calculé que si le téléphone se retrouvait dans ton cartable et que tu ne présentais aucun signe de culpabilité...

- Doucement, doucement.
Je te pardonne Kevin, et je ne t'en veux pas. Tu n'as pas à t'expliquer. Ce que tu as subi est grave.

- Je suis soulagé d'entendre cela. Merci beaucoup.

Je m'approche de lui discrètement et demande  ;

- Entre nous, qui est au courant de l'identité de AnonymementVotre ?

- Eh bien il y a moi, toi et Steve.

- Steve ?

- Oui je lui ai tout raconté hier soir. Il fallait que je me confie à quelqu'un, et je ne voyais que lui étant donné que je lui ai parlé pour l'histoire du portable, enfin bref.

Je pose longuement mon regard sur lui.

Il reprend ;
- Je lui fais confiance.
D'ailleurs je le cherche mais je ne le vois pas.

- Oui moi aussi je ne vois pas Nina. Tu l'as vue toi ?

- Ne me parle pas de Nina s'il te plaît...

- Excuse-moi.

- D'ailleurs...

- Oui ?

- Tu t'occupes bien d'elle ?

- Avec brio. Et ce n'est que le début.

Au moment où je termine ma phrase, j'aperçois Nina s'approchant dans ma direction, avec un papier en main.

- Ah voilà Steve aussi, remarque Kevin.

En effet, ce dernier était juste derrière Nina.

- Voilà la lettre, fit-elle.
Elle me la tend avec un nouveau regard de sa collection. Celui de la pitié.
L'autorité que j'incarne envers elle commence vraiment à me plaire au fur et à mesure.

Steve s'approche aussi directement vers moi.

Kevin, Nina Steve et moi.
Tous réunis en cercle.
Réunis pour la première fois. Et j'ai le pressentiment que ce ne sera pas la dernière.

Je devine tout de suite quelque chose que je n'apprécie pas du tout.

Colère, rage et contrariété sont de retour.
Et me torturent.

Je prends et manipule avec soin la lettre mais ne la lis même pas.

Je fixe Steve droit dans les yeux, remplis de haine.
Et je déchire la lettre en deux, puis en quatre puis en huit jusqu'à qu'il n'en reste qu'une multitude de miettes que je lâche non-chalencement à terre.
Le bruit soigneux du déchirement du papier réside durant tout le long et comble ce silence profond entre nous malgré le brouhaha du couloir.

Tous le monde a les yeux à terre, admirant chacun d'une  différente manière le travail de Nina parti en confettis blancs, telle la neige de janvier.

Tout le monde retient son souffle.

Steve relève la tête le premier et me fixe d'un des regards les plus sombres.

La voix brisée, Nina réagit :
- Mais...pourquoi ? Ça m'a pris toute la nuit !

- C'était du mauvais travail.

Kevin esquisse un petit sourire au coin.
Je suppose qu'il savoure sa vengance en direct.

Steve toujours me défiant du regard me dit d'un ton inflexible.
- Tu n'avais pas le droit. J'ai passé du temps pour retrouver cette lettre avec Nina.

Je fronce les sourcils.
- Comment ça ?

- C'est moi. Je lui ai demandé, se dénonce Nina.

Et je peux deviner qu'elle a peur. Peur de moi.

- Mais tu ne m'as pas demandé à moi. J'ai pensé avoir été précise ce matin !

- Ok on va calmer cette tension ici, lance Steve.
Viens Nina.

J'attrape le bras de cette dernière.
-Elle reste là. Tu ne lui dis pas quoi faire. Elle obéit à mes ordres. N'est ce pas Nina ?

- Pardon ?

Kevin intervient alors ;
- Te mêle pas de ça Steve. S'il te plaît.

- Je rêve...

Je serre plus fort le bras de Nina et lui dit nerveusement :
- Quant à toi, tu m'en feras une autre pour demain. Meilleure. Celle là n'était pas encore au point.

Steve m'interrompt nettement.
- À plus tard Nina, si tu as besoin d'aide n'hésite pas.

Je tremble de colère.
Quel affront de sa part...

Et il nous tourne le dos.
Je distingue à présent entre nous quatre une terrible atmosphère. Comme deux clans. Une division fracassante. Le blanc et le noir.

D'un côté Kevin et moi, et de l'autre Steve et Nina.
Ce gars est d'une insolence... mais je ne me laisserai pas faire.

Il a vraiment choisi le mauvais moment pour me défier.

Et cette guerre, c'est moi qui vais la gagner.










Un petit com sur ce chapitre ?

Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant