VI

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Devant chez moi.
Sur le palier.
Je n'ose toujours pas entrer.

Cette journée était épuisante et m'a rigoureusement énervée.

Je décide tout de même de tourner la serrure et affronter mon quotidien.
Je ne suis pas du genre à fuir.

- Papa tu es là ?
- Bonjour ma chérie.

Et puis je l'affronte, mon quotidien. On en a tous un pas vrai ?

***

Je remonte à l'étage et m'enferme dans la salle de bain.

Je me regarde dans le miroir. Je fais vraiment peine à voir.
Mes larmes de douleurs ont rougis atrocement mes yeux, et je remarque un  grossier ématome sur ma joue gauche.

Mes cheveux sont crépus et leur couleur manque d'âme.

Je ne m'aime vraiment pas.
C'est en me dévisageant de dégoût pour moi-même qu'un mot fait surface : changement.

Je veux être enfin moi même et je ne veux que personne me prenne pour une autre. Être moi, celle que je veux être enfin. J'ai vraiment envie de me retrouver. Ne plus mettre un déguisement toute la journée.

Je décide tout d'abord de me laver.
Je me déshabille entièrement et rentre dans la douche, l'eau bouillante.

Mon corps est couvert de bleus et d'égratinures.
Je pousse un léger rire au départ. Les femmes partent rarement à la guerre. Et voir ce corps malmené par la vie, par la seule famille qui me reste, n'est pas banal... Ou peur-être que si ? Peut-être que d'autres filles sont dans la même situation que moi.
Et puis je comprends qu'au fond de moi, je crie la solitude.
Tout ce que je veux c'est ne plus être seule.

Je prends alors conscience de ma situation familiale, de mes émotions surdosées à l'école, des personnes que j'aime et que je déteste.

Et puis je fonds en larmes. Progressivement. Ce n'était qu'une petite pluie avant que l'avalanche ne débarque.

Des larmes de chagrin et de tristesse. Des larmes d'angoisses et de peur viennent se mêler aussi.
Je me sens tellement faible à ce moment précis.

Se détacher de mon ancien moi.
C'est cela qu'il faut.

Après cette douche libératrice, je me sens déjà mieux.

Je redonne un peu de vie à mes cheveux en leur donnant du volume et en coupant les pointes.

Et je me regarde encore et encore dans ce fichu mirroir qui ne renvoie que le reflet de la réalité.
Je veux une autre réalité.

J'ouvre un petit placard et prends quelques produit de maquillage.

J'applique du crayon noir sur mes yeux.
Je peint mes lèvres d'un rouge strident.

Je retourne dans ma chambre et met une ancienne veste en cuir noir.

Là je me sens moi même.







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Culpabilité LycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant