Après un dîner où ma mère avait tenté d'en apprendre plus sur les deux jeunes hommes, Lysandre et moi étions rapidement retournés dans ma chambre pour travailler l'œuvre de ce bon vieux Molière. Je grimpais les marches d'escalier complètement humiliée par ma génitrice qui pensait que Lysandre était mon nouveau copain. Elle avait passé sa soirée à vanter mes talents culinaires en mettant en avant le dessert que j'avais préparé. Il s'agissait de petites tartelettes au citron meringuées. Mais entre nous, copier une recette de marmiton n'avait rien de vraiment extraordinaire, surtout quand on précisait qu'un enfant pouvait la suivre... Avec les œufs, lait, beurre, farine que maman achetait en abondance chez la firme bio S&P, je pouvais chaque jour innover en pâtisserie. Heureusement pour moi, je prévoyais toujours quelques pièces supplémentaires dans l'éventualité où les jumeaux débarqueraient à l'improviste chez nous ou simplement pour trouver de quoi céder à un craquage diététique. Cette fois-ci, ma prévoyance avait été utile pour d'autres invités. D'après un Castiel d'humeur à plaisanter avec des vannes sexistes autrement en balançant de la merde, j'étais « bonne à marier » tandis que le victorien se contenta de brièvement complimenter l'ensemble du repas et d'en remercier poliment ma mère. Tout cela se déroula sous les yeux d'une Mélodie observatrice. Cette dernière affichait l'un de ses sourires les plus narquois, sans doute en train de faire défiler mentalement ce qu'elle avait vu dans ma chambre, ce qui n'annonçait rien de bon pour moi. Sortir de table n'avait jamais été autant synonyme de délivrance à mes yeux, jusqu'à ce que ma chambre deviennent ma nouvelle cellule pour la nuit. Il était déjà minuit passé et la fatigue commençait à nous gagner. Chaque point ou consigne du travail était sujet à discorde entre ce diable de victorien et moi-même. Ce crétin s'obstinait à jouer l'acte le plus embarrassant de toute la pièce, à croire qu'il le faisait exprès. Il usait de tous les arguments possibles pour me convaincre de ce choix. Pour ma part, malgré le niveau raisonnablement bon de jeu théâtrale acquis à l'Académie, je surjouais et prétextais que ce morceau de la pièce était trop dure à jouer.
- Non, désolée, je ne peux pas. J'y ai beau mettre toute mon énergie, ça ne veut pas venir naturellement... on ne peut vraiment pas prendre un autre acte ? le suppliai-je.
- Lequel voudrais-tu jouer ? De toute la pièce, c'est le moment fort à côté duquel on ne peut pas passer.
- Ouais tout ça parce que c'est une déclaration...
Qui flatterait probablement ton égo de pseudo romantique ajoutai-je pour moi-même.
- Je dirai plutôt une crise de jalousie de la part d'Amour, nuança le jeune homme.
- Mouais appelle ça comme tu veux... mais ça ne change rien...
- Fais un effort s'il te plaît. On retravaillera les répliques pour les rendre moins longues. Reprenons !
Tentant de prendre sur moi, j'essayais de passer outre sur mes impressions en inspirant et expirant profondément avant de reprendre là où nous nous étions arrêtés. Je sentais déjà le rouge me monter aux joues alors que mon partenaire semblait à l'aise dans son personnage, prenant un air songeur avant de transformer complètement l'expression de son visage, imitant un être habité par une passion amoureuse sans limite. Si l'expression faciale était un atout chez lui, sa seconde grande carte était cette voix à la fois suave et envoûtante. À dire vrai, c'était ce regard qui bien que faux, me déstabilisait le plus. Si seulement il avait un mauvais jeu, dans ce cas, cela aurait pu être plus facile pour moi. Je me ressaisissais à nouveau pour faire preuve de contenance et ne pas être perturbée par ce gars, c'était ridicule de ma part. Prenant le texte entre les mains, je lisais à nouveau la réplique :
- « Des tendresses du sang peut−on être jaloux ? »
- « Je le suis, ma Psyché, de toute la nature :
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Ce mec me déboussole !
FanfictionQuand Monie, une ado pétillante dotée d'un franc parler, rencontre Lysandre, jeune homme froid et distant, on peut être certain qu'entre ces deux là, ça va faire des étincelles !