Chapitre 22 : La vie en rose ♫

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Je dévisageais les filles, les yeux encore écarquillés sous l'effet de la surprise qu'avait provoqué la réplique d'Annabelle. C'était une plaisanterie, du moins, j'osais espérer que s'en était bel et bien une. Mais le regard déterminé de ces deux amazones ne présageait vraiment rien de bon. Le comble dans tout ça, c'est que j'étais prise au piège entre ces deux déesses de la beauté et mes grands-parents ne semblaient pas prêts à me prêter main forte. Même papy semblait s'être attendri devant la présence des deux femmes. «Je ne laisserai pas ma princesse au main de ce p'tit» disais-tu ? Tu parles ! Il était limite plus coopératif qu'il ne l'avait jamais été avec sa femme.

- Allez ma Monie ! Je n'ai pas envie que tu rates une occasion !

- Pour une fois, je suis d'accord avec la rouquine.

- Mais je fête le nouvel an avec mes grands-parents déjà !

- Voyons princesse, tu ne vas pas passer ta soirée avec deux vieux croûtons ! Allez vas !

- Mais papy je...

- Tutute ! J'ai dit oust !

- Bon allez Monie ! On ne perd pas de temps, le compteur tourne ! Où est ta chambre ?

Ce fut mon grand-père qui vendit la mèche face à mon silence obstinée. L'info acquise, les deux filles me tirèrent de mon confortable canapé. À ce moment, j'avais l'impression de comprendre le sentiment qu'avait ressenti Jésus face à Judas. J'adressai un regard hargneux à papy qui se contenta de lancer un « bien, bien » de satisfaction tandis que j'étais entraînée de force dans ma chambre. Seule ma grand-mère secouait la tête, les bras croisées pour exprimer sa consternation à son mari. Malgré mes maintes et unes protestations, j'avais pu entendre lui dire un «Vous les hommes, tous pareils... ». Le mal étant fait, j'abandonnais vite l'idée de lutter contre elles. Néanmoins, je sus faire preuve d'une résistance plus passive, faisant en sorte de leur rendre ce moment aussi détestable que possible. À commencer par les incessants coups de coudes et pieds que je filais à Rosalya qui tentait de m'enfiler une robe qui me coupait limite la respiration, ou encore par mes tortillements du visage qui rendait la mise en beauté d'Annabelle aussi esthétique que celle d'un clown. Cependant, il leur en fallait beaucoup plus pour baisser les bras. J'étais parvenue à mettre leur nerfs à bout et elles comptaient bien me rendre la pareille. Leur arme ? La menace. Du coin de l'œil j'observais Rosalya en train de faire le tour de la chambre. Elle s'arrêta un instant pour prendre un objet que je n'avais pu apercevoir car Annabelle me forçait à la regarder pour appliquer la base à paupière.

- Oh tiens, ce ne serait pas la boite à musique que t'ont offert Alexy et Lysandre ? me lança Rosalya sur un ton mielleux qui ne laissait présager rien de bon.

- Euh oui...

- Tu y tiens ?

- Pas tant que ça, mentis-je avec un mauvais pressentiment.

- Ca te va si je la pose ici sur le rebord de la fenêtre ?

- Je... tu ne devrais peut-être pas... répondis-je fébrile.

- Tu as raison. Ça serait vraiment dommage qu'elle passe malencontreusement par la fenêtre non ? En plus avec le coup que tu m'as filé au bras, j'ai du mal à la tenir...

- Rosa s'il te plaît...

- Puis avec les lois de la gravité et les lois de la garcité combinés, ça risque de faire très mal...

- Je capitule.

- Anna, finis ton travail, lança-t-elle alors sur un ton brutalement sec.

- Oui, m'dam !

Ce mec me déboussole !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant