Ma vie n'était plus vraiment pareille qu'autrefois. Il me fallait reprendre mes vieilles habitudes tout en m'accommodant des nouvelles. Par exemple, nous étions désormais souvent quatre à la maison. Richard venait fréquemment dormir chez nous les week-end ou durant ses congés. Cela nous faisait un peu bizarre alors qu'on avait depuis longtemps vécu qu'entre filles. Oui bon il y avait certes Armin et Alexy mais à mes yeux, ce n'était pas tout à fait comparable. Cependant, voir ma mère heureuse me faisait accepter volontiers ce changement dans notre quotidien. De plus, Richard savait rendre sa personne appréciable, se faisant une place parmi nous sans pour autant être envahissant, au point de nous laisser une impression de vide lorsqu'il repartait dans son appartement en période de travail. Évidemment, je n'oubliais pas qu'il était l'oncle du victorien. En parlant de lui, il m'arrivait de le croiser dans les couloirs ou durant les cours, chose inévitable lorsqu'on fréquente le même établissement. Néanmoins, nous nous considérions comme de parfait inconnus, ou plutôt comme de banales camarades de classe, faisant chacun semblant que rien ne s'était jamais passé, un peu comme si le temps avait été suspendu au lycée durant mon séjour à l'hôpital. J'étais celle qui avait commencé ce petit jeu et cela me convenait pour l'instant, même si je percevais une forme d'impatience de son côté.
Au lycée aussi tout me semblait avoir été bouleversé. J'arrivais avec le sentiment de vivre une seconde fois ma rentrée à Sweet Amoris. À la différence que cette fois, les élèves me connaissaient mais me dévisageaient pourtant toujours comme si j'étais une bête de foire, ma nouvelle coupe que j'assumais ne m'aidant pas à me fondre dans le décor. Dieu merci, j'avais toujours ma petite bande d'amis pour me sentir à l'aise malgré ça. Heureusement, les esprits étaient envahis par d'autres formes de préoccupation : la question du bac et des orientations futures de chacun. De mon côté, j'avais probablement visé un peu trop haut en voulant fréquenter les bancs d'une des écoles de gastronomie les plus réputées du pays. Avec 8500 euros comme frais d'inscription exigés, j'allais devoir effectuer tous les petits jobs possibles et inimaginables. Je ne voulais pas que ma mère ou mes grands-parents interviennent encore une fois dans les frais. Je leur avais suffisamment coûté cher comme ça avec mon académie et ensuite mon hospitalisation. Si je voulais entrer dans une école de mon choix, j'allais devoir y mettre entièrement du mien.
Le seul inconvénient était que je devais au même moment faire face à une pénurie d'emploi. En épluchant sans cesse les petites annonces, je tombais sur des jobs demandant une certaine expérience. Et lorsque je dénichais la perle rare, la place était déjà prise. Cela influençait lourdement mes états d'âme et me rendait facilement irritable, en particulier vis-à-vis de ma sœur. Nos disputes avaient fini par avoir raison de notre pauvre vieux micro-onde. Il avait fini par péter tout ça à cause d'une mésentente sur le temps de cuisson de stupides œufs. Je les voulais dures et ma sœur pensa ingénieux de les mettre au micro-onde. Or après l'aluminium, il était aussi dangereux pour l'appareil. Les œufs avaient explosé et la matière visqueuse avait dû se faufiler entre les rouages du vieil appareil, le faisant en même temps surchauffé et péter les fusibles de la maison. Ma mère avait piqué une colère noire ce jour-là, nos ressources économiques n'étant pas au top, nous envoyant toutes les deux acheter un nouveau mais en nous débrouillant pour le ramener à la maison par nos propres moyens. Tout ce qu'on avait pour cela, c'était mon vélo. Le problème était que faire tenir plus de 30 kilos sur la selle de ce petit moyen de transport n'était pas facile et bien entendu, cela donna à nouveau lieu à une guéguerre entre Mél et moi.
- Mais bordel Mél, tiens ton côté correctement !
- C'est facile à dire quand on a la manche du carton pour soi !
- Oh ma vieille ne commence pas !
- Ha, on se demande qui a bien pu commencer... si une personne n'insistait pas pour cuisiner comme un chef cuistot, on n'en serait pas là !
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Ce mec me déboussole !
Hayran KurguQuand Monie, une ado pétillante dotée d'un franc parler, rencontre Lysandre, jeune homme froid et distant, on peut être certain qu'entre ces deux là, ça va faire des étincelles !