Ce mec me déboussole !

Chapitre 19: Couleur et sentiment ♫

En me levant, aveuglée par les rayons du soleil qui filtraient les rideaux mal fermés, je prenais conscience que j'étais dans ma chambre. En voulant me mouvoir, mon cœur manqua un battement lorsque je sentis un bras posé sur ma hanche. Mon premier réflexe fut de voir si j'étais habillée. De ce côté-là, tout allait bien vu que je portais l'un de mes pyjamas. Par contre, l'angoisse repris de plus belle lorsque je m'interrogeais sur la personne qui me l'avait enfilé, n'ayant pas le souvenir de l'avoir mis moi-même. En me retournant après quelques secondes d'hésitation, je laissai échapper un profond soupir de soulagement en apercevant la tignasse bleue d'Alexy dont les mèches recouvraient le visage endormi. Soulagement oui, mais aussi pour être franche, une pointe de déception en ne voyant pas la figure du victorien à la place. Mon voisin de lit se retourna en marmonnant dans son rêve des brides de paroles incompréhensibles. D'ailleurs, j'avais du mal à comprendre sa présence ici. La seule hypothèse est qu'il m'avait attendu pour que je déballe tout à mon retour. D'ailleurs, je me demandais également par quel miracle j'avais pu atterrir jusque dans ma chambre. Je voulais grappiller toutes ces informations auprès du jeune homme.

- Hé la Belle au Bois Dormant, c'est l'heure de se réveiller !

Les grognements en provenance de l'interpellé furent la seule réponse. Levant les yeux au ciel, je me levai pour prendre la direction de la salle de bain y faire ma toilette. En me brossant les dents, je vérifiais si je n'avais pas reçu de message. Ma boîte était vide, me laissant perplexe sur la journée d'hier. Je priais pour ne pas avoir imaginé en rêve ce baiser. En me regardant dans le miroir, je me questionnai sur l'expression que je devais avoir lorsque je lui avais tendu mes lèvres. Je me prêtais alors à l'exercice d'une jeunette qui veut voir sa tronche lorsqu'elle roule une pelle... Chacune de mes poses me foutait une honte. A chaque fois, j'avais l'air d'un poisson mort et pourtant, je continuais jusqu'à trouver celle qui devait être la plus parfaite dans l'espoir d'avoir pris exactement la même à ce moment. L'exercice était complexe puisqu'il fallait garder en même temps les yeux mi-clos.

- Tu fous quoi ? intervint Mélodie dont l'apparition me fit sursauter.

Son regard en disait long sur ce qu'elle devait penser de ma santé mentale.

- Ah euh, rien, y 'avait juste une crasse dessus ! mentis-je avant de souffler dessus et d'essuyer d'une manche une tâche fictive sur la glace.

Après cette mise en scène grotesque, je descendis en cuisine prendre le petit déj'. Ma mère s'y trouvait déjà et je lui venais en aide en préparant les omelettes. Concentrée plus tard sur ma tartine beurrée au sirop de Liège, je ne prêtais aucune attention aux signaux que m'envoyait Alexy avec le soutien de son frère et Mélodie, tandis que les adultes discutaient entre eux. Je ne sentais aucune envie d'en parler à table et continuais à les ignorer. Je guettais mon gsm dans l'espoir d'un signe de vie de la part du victorien. La signification de ce baiser dans la nacelle ne faisait que me trotter dans la tête. Le « Pourquoi » ne faisait que circuler en boucle sans trouver de réponse. J'avais besoin qu'il m'en fournisse une explication et j'espérais qu'il puisse le faire aujourd'hui après leur prestation. Ce silence me pesait.

- Et alors, cette journée avec Lysandre ? voulut s'enquérir soudainement ma mère.

- Euh, c'était bien...

- Je trouve qu'il aurait été de bon usage qu'il se présente avant d'emporter ma petite fille.

- Oh Papa, évolue avec ton temps, intervint ma mère.

- Et puis chéri, tu oublies qu'il a ramené Monie ici depuis l'hôpital. Je suis sûre qu'il est bon garçon.

- Et bien je m'obstine à dire que cela aurait été la moindre des politesses, rumina dans sa moustache mon grand-père tout en préparant sa pipe. Notre avis compte après tout...