Chapitre 17 : All by myself ♫

249 23 9
                                    


Un certain temps était déjà passé depuis la dernière visite de Lysandre. Depuis lors, cet ingrat n'avait plus daigné se montrer. Mais je ne le prenais pourtant pas mal. Pourquoi n'étais-je pas vexée par son absence ? Il y avait en fait deux raisons à cela. D'une part, je traversais une nouvelle phase cruciale de mon traitement et j'avais demandé expressément à mes amis d'écarter leur temps de visite. D'autre part, avec les Barricades, Lysandre devait être accaparé par les préparatifs pour ce fameux jour où lui et les membres du groupe passeraient à l'antenne de Sweet FM. Si mes souvenirs étaient exactes, cela devait avoir lieu le 22 décembre, à savoir dans une semaine. Je soupçonnais le groupe d'être un peu mis sous pression par l'ensemble du lycée, qu'il s'agisse des élèves ou encore des profs. Et puis, le souvenir de sa visite était tellement bien ancré dans ma mémoire que j'avais l'impression que ça s'était passé hier et non trois semaines. J'avais fait d'une pierre deux coups en passant un bon moment tout en lui faisant plaisir. Les images de notre petite distribution de parts de tarte me faisait encore rire avec cette expression niaise que j'effaçais rapidement en apercevant mon reflet dans la vitre à laquelle je faisais face. Fredonnant Demons d'Imagine Dragons, je regardais dans ma valise allongée sur le lit si je n'oubliais rien hormis ce que je comptais encore utiliser avant mon retour chez moi. L'hôpital m'avait autorisée à rentrer à la maison pour deux petites semaines durant la période de fête de Nouvel An. Je n'oubliais pas de garder de côté les cadeaux que je comptais offrir à Mathilde et au Docteur Polet avant de partir. Ces deux personnes étaient tellement adorables que je m'avais mis un point d'honneur à leur témoigner ma reconnaissance. Bien sûre, Célestin n'était pas en reste. Mais ce monsieur roi des fouineurs avait déjà mis le grappin sur le sien, et croyez moi, il m'avait entendu ce jour là...

j'étais à la fois heureuse et anxieuse de pouvoir rentrer. D'une part j'étais contente de ne pas être seule durant cette période de l'année mais d'autre part, j'avais peur de découvrir l'ambiance au sein de mes amis. De plus, après ça, il me faudrait à nouveau affronter la réalité en reprenant le combat contre ma leucémie et faire face la fameuse greffe de moelle dont Mélodie allait me faire don. Mais j'avais encore le temps de ne pas trop y penser. Alors que j'essayais d'effacer ces cogitations centrées sur ma maladie, ma main attrapa une petite boîte. Il s'agissait du cadeau offert par Alexy avec l'aide de Lysandre. Je souriais encore une fois malgré moi, faisant tourner la petite manivelle du bel objet. Une fois arrivée au bout, je laissais le mécanisme aller seul, écoutant pour la première fois la chanson sélectionnée. C'était un morceau que je ne parvins pas à reconnaître et pourtant je l'aimais bien. Je fermais les yeux et me laissais bercer par cette jolie petite mélodie.

Chaque note éveillait en moi le souvenir de tous les bons moments passés cette année. J'avais du mal à croire qu'elle s'achevait bientôt. Le temps filait et pourtant nous restions à notre place, à le regarder fuir et passer sous nos yeux. Dans une chambre d'hôpital et coupée du monde, on la sentait encore plus, cette fameuse fugue du temps. La seule chose que l'on pouvait y faire, c'est soupirer désespérément et attendre. Mais était-ce vraiment ce que je voulais ? Attendre sans fin ? Au contraire, je ne voulais pas sentir cette attente, je voulais en profiter pleinement comme me l'avait toujours dictée ma philosophie. J'avais peut-être essuyé un échec avec Lysandre mais je ne me sentais pas ridiculisée pour autant. À l'inverse de cela, j'avais l'impression que j'avais gagné à la fois un ami et en confiance grâce à ce rejet, je me sentais libérée de pouvoir tenter une nouvelle expérience. Et cette fois-ci, je tomberai sur la bonne personne et j'éviterai de me mentir à moi même sur mes sentiments.

- Ça te dit une petite valse ?

Revenant à la réalité, Célestin se tenait adossé au l'entrebâillement de la porte toujours avec ce petit sourire que je lui rendais sans hésitation. J'avais appris à le connaître et à cerner sa personnalité en papotant de tout et de rien durant nos aprèm soit dans ma chambre ou alors dans la sienne. Assez extraverti, curieux et bavard, cet étudiant en droit avec qui on sympathisait rapidement me faisait souvent penser à Alexy. D'ailleurs, lorsque j'avais sous-entendu que je pensais qu'il était gay, il reconnut sans honte avoir déjà eu des relations avec des hommes et que ça lui importait peu autrefois de le faire avec n'importe lequel des deux sexes. Ce qui était vraiment agréable avec lui, c'est qu'on pouvait parler sans retenu de n'importe quel sujet.

Ce mec me déboussole !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant