Partie Chapitre 12 : Bold ! ♫

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De retour chez moi, les filles m'attendaient déjà dans le salon. Je les encourageai à monter dans le « garage », passant d'abord saluer ma mère avant de les rejoindre. Elle était assise accoudée à la table, entourée d'une pile d'enveloppes, une calculatrice à la main, un stylo dans l'autre et des lunettes de travers qui glissaient sur son nez. À la voir, on aurait pu la prendre pour un comptable, plus exactement un comptable qui galérait à trouver une issue dans ses chiffres, avec une main se tirant presque la racine des cheveux en passant à travers eux. Je m'installai en face d'elle et continuai à l'observer avant de rompre le silence.

- Ça va ? lui demandai-je en passant ma main dans mes cheveux.

Je n'avais toujours pas pris l'habitude de les avoir courts. Après y avoir réfléchi, je m'étais convaincue que les couper m'éviterait le choc de la calvitie qui m'attendait. Je les avais long depuis mes dix ans et je ne m'étais résolue qu'à les couper carré pour le moment. La tondeuse m'avait un tantinet donné des sueurs froides une fois confrontée à cette dernière. Au moins ce choix m'avait évité les questions au lycée. J'avais même eu droit à des compliments de deux ou trois élèves, seuls mes amis au courant pour ma maladie s'étaient abstenus de tout commentaire à ce sujet...

- J'ai déjà connu de meilleurs jours, m'avoua ma mère en s'étirant.

- Encore l'argent hein ?

- Oui... Il faut croire que contrairement à ce que j'espérais, hypothéquer la maison ne va pas être suffisant pour payer les frais.

- Quels frais ? demandai-je en fronçant les sourcils.

- Celles de ton hospitalisation entre autres, dit-elle dans un soupir. Rho il y a tellement de choses à gérer ! Et évidemment, on aurait pu éviter tout cela si une certaine demoiselle n'avait pas tout gardé pour elle.... Si seulement ta grand-mère m'en avait parlé ! Tu serais déjà à l'hôpital en ce moment !

- Maman, sois plus explicite ! Je pige rien quand tu t'énerves alors épargne moi tes sarcasmes ! m'agaçai-je à mon tour.

- J'ai appelé la clinique. La dernière chambre qu'ils te reservaient a été prise. On a le choix entre trois solutions: la première est un non catégorique car elle recule de deux mois ton hospitalisation. Oui, apparemment, une chambre se libère car une de leur patiente est transférée dans un autre établissement. La deuxième consiste à t'envoyer dans le deuxième meilleur établissement spécialisé dans les traitements cancérogènes mais se trouve à l'autre bout du pays. C'est déjà dure pour moi de savoir qu'on sera séparé par une bonne heure et demi de route, il est hors de question qu'elles se transforment en 6 heures ! Enfin, la troisième et pour ma part, la meilleure, est de te prendre une chambre privée disponible pour le 22 octobre. Le hic, c'est le prix qu'ils demandent et même avec l'intervention de la mutuelle, je reste coincée ! finit-elle par dire essoufflée.

- Wouah, leurs chambres fonctionnent aussi bien que des chambres d'hôtel, plaisantai-je cyniquement. Ça m'étonne qu'Uber ait encore rien tenté dans le secteur...

- Ce n'est pas du tout le moment de rire Monie !

- Ok, ok, désolée... J'avoue que je préfère l'option trois. Mél et toi pourraient venir me rendre plus facilement visite et je serais pas loin de papy et mamie... Et tu as demandé de l'aide à mamie tiens ?

- Après notre dispute, tu ne crois tout de même pas que je vais oser...

Agacée par cette querelle sans queue ni tête entre ma mère et ma grand-mère (et dont j'étais accessoirement responsable), je décidai de prendre les devants. La laissant se replonger dans ses calculs, je m'emparai du combiné de téléphone et appuyai sur le numéro préenregistré de celle qui viendrait nous sauver. Mes grands-parents avaient toujours été de nature économe depuis qu'ils avaient fermé leur restaurant pour s'adonner à une retraite paisible. J'avais vécu un certain temps à leur charge jusqu'à ce que ma mère en ait assez d'avoir la sensation de profiter d'eux. Je savais pertinemment qu'ils ne diraient jamais non pour nous aider.

Ce mec me déboussole !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant