Chapitre 15 : Trouver une perle rare dans des huîtres pas chères ♫

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Si dans une vie antérieure, une diseuse de bonne aventure m'avait prédit que je viendrais à verser des larmes de désespoir pour le garçon que je haïssais le plus au monde, et bien j'aurais sans doute traité cette bonne dame de charlatan avant de m'en mordre les doigts. Bien qu'une chose pareille ne se soit jamais produite, j'en ressentais pourtant aujourd'hui comme une forme de remords, comme si mon instinct m'avait mise en garde depuis longtemps. Cinq jours après cet incident, j'étais tout bonnement restée inconsolable, et ce, malgré les maintes tentatives de mes amis pour me faire retrouver le sourire. Alexy leur avait probablement passé le mot. Du coup, j'eus droit durant les cinq jours suivants à une visite d'un ami. Iris ouvrit la marche le vendredi en m'apportant un tas de vieux tubes des années 90 que nous avions écouté avec un vieux baladeur CD. Mais la plupart étant des chansons d'amour à sens unique ou désespéré, la pauvre rouquine se sentit encore plus mal lorsqu'elle s'en alla en me laissant plus abattue que jamais.

Ensuite ce fut Kim. J'eus avec la grande brune une conversation des plus inattendues. Elle qui d'ordinaire n'aimait pas parler de sa relation, m'avait avouée avoir rompu avec Dajan depuis le début du mois. Ce dernier avait en réalité des vues sur une cheerleader du club pour lequel il jouait et lui avait, pour couronner le tout, reproché de ne pas être suffisamment « féminine ». Cherchant sans doute à me montrer qu'on était toutes deux dans la même galère, elle ne fit en vrai qu'augmenter mon mal-être. À la fin, je m'en voulais tellement de ne pas avoir été attentive et présente pour elle que j'eus du mal à retenir mon envie de pleurer. Après vint le tour de Violette. Avec elle, nous avions passé une après-midi à dessiner en compagnie de Fanny. La journée se passait vraiment bien car je pouvais me changer les idées par une activité manuelle mais pas trop épuisante. Le problème fut que cela ne dura pas longtemps car j'eus une rechute suite au traitement du matin et l'infirmière ordonna mon repos jusqu'au lendemain. Les émotions qui m'avaient envahie durant le reste de la semaine avaient fini par avoir le dessus sur ma santé. De plus, ma déprime grandissante ne m'aidait pas à aller mieux.

Le lundi après les cours, Alexy se désigna et me proposa de regarder un film en sa compagnie. Je notais au passage qu'il n'avait pas l'air aussi bien que d'habitude mais j'évitais de l'ennuyer en cherchant à savoir ce qu'il cachait. Me laissant choisir, j'avais opté pour Le Cercle des poètes disparus sous l'expression dubitative de mon ami. En effet, durant celui-ci je ne pus retenir mon chagrin devant les situations de vie des personnages qui voulaient simplement profiter de la vie. Le « Carpe Diem » du film m'avait rappelé mon ancienne moi, celle d'avant l'hôpital qui savait profiter d'un rien et tourner la page même après un gros coup. Le film me servit de prétexte pour verser les larmes de mon propre chagrin, chose qu'Alexy soupçonnait sans doute. Alors qu'il pensait avoir envenimé la situation, au contraire, il me permit de vider mon sac émotive. Le pauvre ne put se résoudre à partir en me laissant ainsi et supplia Mathilde de bien vouloir le laisser passer la nuit ici. Mais elle refusa compte tenu des obligations scolaires du jeune homme.

Il revint donc le lendemain après-midi en compagnie cette fois de nos jumeaux respectifs. Mélodie m'apporta les polycopiés des derniers cours comme elle l'avait fait à chaque fois depuis le début de mon hospitalisation. Lorsque je mourrais vraiment d'ennui seule, il m'arrivait d'y jeter un coup d'œil mais je préférais de loin quand elle venait me donner des leçons particulières. Pourtant, j'évitais de lui en faire la requête. Je n'avais aucune envie de lui infliger de voir constamment ce que je devais subir. Dès qu'elle entrait dans cette chambre, son visage s'assombrissait et ses yeux se retenaient de pleurer. Ne supportant pas cette expression, j'en venais presque à regretter les moments où elle se montrait garce avec moi. Si elle était venue seule à chaque fois, je n'aurais pas pu retenir davantage l'envie de lui hurler d'arrêter de me regarder comme ça. Heureusement, Armin comme toujours fidèle à lui même, se chargeait de mettre un peu plus de joie dans leurs visites. Il avait eu l'idée d'apporter sa console de jeu et tenta tant bien que mal de la brancher au vieil écran TV de la chambre. Pendant ce temps, j'avais eu une petite discussion avec Alexy qui avait pris place à côté de moi sur le lit. Ce dernier avait de légères cernes sous les yeux, ce qui ne lui ressemblait pas d'ordinaire.

Ce mec me déboussole !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant