Chapitre 3: Retour au bercail.

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Le lendemain matin, elle se leva aux aurores. Le Poudlard Express quittait la gare de King's Cross à 11 heures précise et sa malle n'était pas encore achevée. 

Regardant le temps maussade par la fenêtre, elle repensa à la soirée qu'elle venait de passer. Elle était certaine d'avoir fait grande impression, tant aux yeux des adultes de la haute société qu'à ceux de ses camarades de Poudlard. Elle se demanda avec malice ce qui était advenu d'Ilémina, qu'elle n'avait point revu avant son départ et espérait que celle-ci ait enfin pu embrasser Théodore Nott, elle qui en rêvait depuis si longtemps. Elle repensa à Zabini et à ce qu'elle avait fait. Soupirant, elle se dirigea vers sa salle de bain personnelle, trainant la patte, afin de prendre une douche.

Même si elle l'avait désiré, et que c'était nécessaire, elle ne pût s'empêcher de se sentir sale. Frottant son corps pâle violemment, espérant en effacer les traces de sa nuit passée, elle se laissa voguer à ses pensées. Perdre sa virginité avec un homme qu'elle n'aimait pas, qui ne lui plaisait même pas, était loin de ce qu'elle s'imaginait dans ses rêves d'adolescente. Pourtant, la vie lui avait appris que ces idées fleurs bleues n'amenaient rien de bon, et qu'en vivant dans de tels songes, la destruction de l'être était certaine. Sa sœur en était la preuve vivante. Aussi, elle s'était promis de ne point succomber aux mêmes faiblesses. Avec cette découverte, elle s'était rendu compte que l'indépendance l'obsédait et que ses choix se devaient d'aller dans ce sens. Jamais elle ne serait une de ces pétasses gloussant au moindre sourire de Drago Malefoy. Jamais elle ne ferait tout un plat d'un baiser volé. Jamais elle ne pleurerait pour un garçon. Jamais elle ne serait faible. Elle était une Greengrass après tout, une Sang-Pur qui plus est. Et puis, Blaise Zabini n'était pas si mal, finalement, pensa-t-elle avec un sourire triste en se rinçant.

A la sortie de la douche, elle appela Eclovia, pour qu'elle arrange ses cheveux comme elle le faisait d'habitude, avec une grosse barrette maintenant ses mèches rebelles en place. Elle enfila ensuite une tenue choisie avec soin : une robe blanche au décolleté carré, bouffant tel un tutu de danseuse jusqu'à la mi-cuisse. Elle sourit en se regardant, trouvant que le paradoxe entre la pureté évoquée par le blanc et la malice liée à la longueur de la jupe définissait parfaitement son nouvel état d'esprit. Sage et bien sous toute couture à première vue, mais redoutable prédatrice dans les faits.

Alors qu'elle finalisait ses bagages, majoritairement constitués de nouvelles choses qu'elle avait acheté durant l'été, sa mère entra dans sa chambre.

-Ma chérie, la soirée d'hier t'a plu ?

-Oui, beaucoup mère, répondit-elle innocemment.

-Nous ne t'avons pas beaucoup vu, aurais-tu passé la soirée avec un garçon ? Demanda Aldorine avec un sourire complice.

-A dire vrai, je me suis promenée dans le parc avec Blaise Zabini. C'est un garçon charmant, vraiment. Répondit-elle, se voulant convaincante.

-Tu sais chérie, il existe tout un tas de prétendant qui vont frapper à ta porte maintenant que tu approches de ta majorité. Ta grande beauté amènera autant des garçons fréquentables que des vauriens et c'est pourquoi je dois te mettre en garde. Ne te fie pas aux apparences, surtout dans ce monde, où elles sont souvent trompeuses. C'est mon conseil de mère qui tient à te protéger. Je sais que ton père se fait pressant, mais il s'inquiète vois-tu. Cela lui –nous– ferait très plaisir que tu fréquentes un garçon tel que Drago ou Ignotus, qui sont des jeunes hommes respectables. Tu comprends ?

-Oui, mère. Merci de votre conseil. Répondit Astoria, ne sachant que dire d'autre devant un témoignage si touchant, bien qu'elle pensât n'en avoir nul besoin.

-Je t'ai apporté un petit cadeau de rentrée, ma biche. Regarde.

La mère ouvrit sa main, dans laquelle se trouvait un minuscule pendentif en forme de goutte, serti de la pierre bleue familiale.

Astoria le saisit afin de mieux le voir et s'exclama avec émotion :

-Merci mère, il est magnifique. Je vais le mettre tout de suite.

Aldorine accrocha le pendentif au cou de sa fille avec un sourire mélancolique.

-Tu vas me manquer ma chérie. Prends bien soin de toi, d'accord ?

Astoria la prit dans ses bras, un peu honteuse de ce qu'elle projetait de faire alors que sa mère semblait placer tant de confiance en elle. Les deux femmes se séparèrent avant que la plus âgée ne sorte, annonçant qu'elle l'attendait avec son père au bas des marches. Sa fille prit une grande inspiration avant de prendre ses bagages, son boursouf bleu roi, Saphir, et son sac à main blanc, assorti à ses chaussures et à sa robe, et sortit.

Arrivée à Kings Cross, Astoria fit une courte étreinte à ses parents avant de se mettre en route pour passer le mur menant à la voie 9 ¾. Le quai était bondé, comme d'habitude, ce qui eut le don d'agacer la jeune fille, peu désireuse d'être retardée par des morveux surexcités. Arrivée dans le train, elle rejoignit sa place habituelle, tout au fond du compartiment commun des Serpentards, aux côtés d'Ilémina et de Doris, son autre grande amie. Cette dernière, bien qu'issue d'une famille de Sang-Purs, comme tous les Serpentards, était souvent exclue des réceptions en raison de la marginalité de ses parents, les Shafiq. Pour faire bref, ils étaient opposés au Seigneur des Ténèbres, ce qui était plutôt rare pour des sorciers de leur rang et leur valait les foudres de toutes les grandes familles nobles.

Les conversations entre les trois filles allaient bon train, Ilémina racontant aux deux autres sa folle soirée avec Nott, qu'elle espérait devenir son petit ami d'ici peu. Astoria ne put s'empêcher de rouler des yeux devant tant de naïveté, mais se contenta de sourire, pour ne pas froisser son amie.

-Et toi, Astoria, où étais-tu ? Je ne t'ai presque pas vue, s'étonna la jeune inconsciente.

-Oh... J'ai passé la soirée à discuter avec Blaise et je suis rentrée tôt, ma mère avait la migraine.

Elle ne souhaitait pas s'étendre sur ses folies de la vieille, persuadée que ces deux amies, frêles et innocentes, n'étaient pas à même de la comprendre. Après une heure de route, Astoria aperçu Malefoy sortir du compartiment commun et se diriger vers le fond du train, sans un regard pour elle, ce qu'elle trouva curieux au vu de son comportement de la veille.

Quelques minutes avant d'arriver à la gare de Pré-au-lard, les jeunes filles se changèrent pour mettre leurs uniformes alors que les garçons patientaient dehors. Le train s'ébranla. Les portes s'ouvrirent. Une nouvelle année commençait.

Sur le quai, Hagrid appelait inlassablement les premières années. L'air était frais et Astoria se félicita d'avoir troqué sa robe d'été pour une tenue plus appropriée. Les trois amies montèrent en calèche avec Théodore Nott, au plus grand plaisir d'Ilémina, ainsi que Pansy Parkinson et Drago Malefoy. Ces deux derniers ne décrochèrent pas un mot durant le chemin reliant la gare au château, visiblement loin d'être enchantés des camarades en leur compagnie.

Lorsque les calèches arrivèrent à l'école, le lieu semblait plus sinistre que d'ordinaire, dans la brume du soir tombant. Les quelques lumières perçant par les fenêtres ne parvenaient pas à rassurer les enfants innocents. Chaque élève voyait ses malles fouillées de fond en comble, comme l'an dernier. Le hall d'entrée, d'habitude illuminé et chaleureux, paraissait froid et sombre. Les élèves furent priés par Alecto et Amyctus Carrow de se mettre en rang et d'avancer au pas dans la Grande Salle, ce qu'aucun d'eux n'osa remettre en question. Ils semblaient peu commodes, et tous savaient qu'ils étaient des Mangemorts redoutables. Le plafond illuminé de mille feux d'antan avait laissé place à de gros nuages noirs et à une marque des ténèbres verdâtres, surplombant l'assemblée des élèves innocents. Alors que les Gryffondors, les Serdaigles et les Pouffsoufles paraissaient terrorisés par l'atmosphère qui régnait, la table des Serpentards étaient aussi animée que d'ordinaire, la plupart des élèves ayant été préparés tout l'été à cette situation, leurs parents étant pour la plupart des Mangemorts confirmés.

Le discours de Rogue fut aussi bref qu'éclairant. Cela semblait si surprenant de le voir trôner à la place de Dumbledore, même pour Astoria qui était au courant depuis longtemps de cet état de fait. Il avait annoncé que les rebelles seraient punis. Que les partisans seraient récompensés. Pour la première fois de sa vie, Astoria ressentit un élan de gratitude pour le Choixpeau magique, qui l'avait assigné à la maison des verts et argents. 

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