Chapitre 18 : Une demande inacceptable.

495 31 0
                                    

Au matin du 4 mars, Astoria souriait. La vie n'était-elle pas merveilleuse ? Elle avait vaincu le prince des serpents, revêtant ainsi le titre à sa place. Elle s'était rabibochée avec Davy, qui rampait maintenant à ses pieds, comblant ses moindres désirs. Parkinson s'était éclipsée, laissant le champ libre à la jeune fille. Ilémina et Doris étaient enchantées de leur nouveau statut au sein de leur maison. En quelques mois, elles s'étaient hissées au sommet de la hiérarchie, faisant dégringoler leurs rivaux au passage. Les regards hautains avaient laissé place à des œillades admiratives. Par un accord tacite, elle s'était attiré le respect de tous. Elle régnait sur les anciens sujets de Malefoy avec parcimonie. Ce dernier était au fond du gouffre. Personne n'était dupe. Il s'attaquait à des cibles de plus en plus jeunes, changeant chaque soir, se consolant entre les cuisses de demoiselles à peine pubères. Même la torture incessante des Gryffondors ne parvenaient plus à lui attirer le respect de ses pairs. Il était seul. Il était brisé. Et elle s'était fait couronner.

Son bonheur fut de courte durée, car quelques jours plus tard, elle reçut une missive de ses parents.

Chère Astoria,

Nous avons appris par Lucius et Narcissa que tu passais beaucoup de temps avec Drago.

Il semble très entiché de toi.

Cela tombe à point nommé.

Ces fiançailles pourront t'apporter tant le bonheur avec un jeune homme que tu aimes, que la sécurité dont tu as tant besoin.

Une fête sera organisée en votre honneur le samedi 24 mars, lors des vacances de Pâques.

Nous sommes heureux que tu te sois enfin rendue à la raison.

Affectueusement,

Aldorine et Théodore

À la lecture de la lettre, Astoria se leva brutalement, et, tentant de ne rien laisser paraitre, sortit du château. L'air lui manquait. La tête lui tournait. Des petits points noirs dansaient devant ses yeux. Elle les ferma un instant tout en se hâtant. Lorsqu'elle fut hors de vue, elle courut, courut, sans s'arrêter, jusqu'à la forêt interdite. À bout de force, elle se laissa glisser contre un tronc d'arbre avant d'éclater en sanglots. Le sol était humide et boueux, mais elle n'en avait rien à faire.

Comment pouvait-elle se sortir de ce mauvais pas ?

***********************************************************************************************

La semaine qui suivit ne fut pas une partie de plaisir pour la jeune fille. Elle tentait de se montrer aussi enjouée que d'ordinaire, mais le cœur n'y était pas. Dans la panique qui avait suivi la réception de la missive, elle avait rédigé une lettre pour Daphné, mais sitôt qu'elle fut partie, elle regretta son geste. Sa sœur réagirait sûrement incroyablement mal à la nouvelle, elle qui avait été brisée par le prince des serpents. Le jeudi soir, alors que tout le monde était monté se coucher, elle continuait inlassablement de retourner toutes les possibilités dans sa tête, à demi-consciente, dans un fauteuil de la salle commune. Alors qu'elle s'apprêtait à s'assoupir, une voix la sortit de sa méditation. Cherchant l'origine de celle-ci, elle se demanda si elle n'avait pas rêvé. Elle était seule.

-Astoria, par là !

Alors elle la vit, la tête de sa charmante sœur, qu'elle n'avait pas vu depuis une éternité, flotter dans les flammes de la cheminée.

-Daphné ! Qu'est-ce que tu fais là ?

-Je viens de recevoir ta lettre, mais ta chouette était épuisée par le voyage, elle ne pourra pas reprendre la route tout de suite. Ton cas me semblait trop sérieux pour attendre.

Destins Liés - Tome 1: LibertineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant