Chapitre 23 : De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas.

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De retour dans la salle sur demande, Astoria ressortit le retourneur de temps de sa robe de sorcier en lambeaux et passa la chaîne autour de son cou ainsi que de celui de Drago. Elle n'avait pas décroché un mot depuis leur départ du manoir et ne comptait pas en décrocher à son retour au temps présent. Elle était profondément choquée par ce qu'il s'était passé, mais ce n'était rien comparé à la déception qu'elle ressentait d'avoir échoué. Elle tira sur le remontoir et tourna dans l'autre sens. Une fois qu'elle sentit le sol devenir stable sous ses pieds, elle retira le retourneur de temps, enroula la chaîne autour de sa main et déposa l'objet dans la paume de Drago. Alors qu'elle s'apprêtait à se retourner, il maintint sa pression sur la main de la jeune fille, tentant de capturer son regard. Il savait.

-Alors, tu as échoué ? Demanda-t-il d'une petite voix.

Ces mots sonnèrent comme une gifle aux oreilles d'Astoria. Échouer ? Elle ? Était-ce de sa faute si Malefoy était si borné ? Etait-ce de sa faute si au lieu de l'écouter il l'avait menotté et exhibée nue, l'obligeant à regarder un homme se faire torturer ? C'en était trop.

-ÉCHOUER ? J'AI ÉCHOUÉ ? JE TE SIGNALE, MON CHER MALEFOY, QUE TU AS LA TÊTE SI DURE QUE JE N'AI RIEN PU CHANGER DU TOUT ! C'EST ENTIÈREMENT DE TA FAUTE SI LA MISSION A ÉCHOUÉE ! TOI QUI VEUT RESTER BIEN AU CHAUD DANS TA CHAMBRE PENDANT QUE J'ESSAYE DÉSESPÉRÉMENT DE MAÎTRISER UNE BÊTE SAUVAGE SANS COEUR ! SI TU NE VOULAIS PAS TE MARIER, TU N'AVAIS QU'À NE PAS FAIRE CETTE ERREUR EN PREMIER LIEU ! C'EST DE TA FAUTE ! TU AS TOUT GACHÉ ! ET MAINTENANT, NOUS SOMMES BLOQUÉS ENSEMBLE POUR L'ÉTERNITÉ ! À CAUSE DE TOI ! Elle s'arrêta, à bout de souffle. Il ne lui arrivait que rarement de perdre son calme, mais quand elle le faisait, elle avait l'air d'une parfaite hystérique.

-MA FAUTE ? QUI EST CELLE QUI A JOUÉ AVEC MOI DEPUIS LE DEBUT ? QUI EST CELLE QUI A TOUT FAIT POUR ME FAIRE TOMBER AMOUREUX ? QUI EST CELLE QUI M'A MANIPULÉ TOUT DU LONG, JOUANT SUR UN DOUBLE-TABLEAU ? QUI EST CELLE QUI A EU LA FOLIE DE COUCHER AVEC MON PROPRE PÈRE ! MON PÈRE, ASTORIA ! TU TE RENDS COMPTE ? QUI EST CELLE QUI ME L'A AVOUÉ APRÈS DES MOIS D'ABSTINENCE LE JOUR OÙ JE LA DEMANDAIS EN MARIAGE ? QU'EST-CE QUI NE TOURNE PAS ROND CHEZ TOI ? Il était simplement furieux. Toute la haine, retenue jusqu'alors, toute la souffrance, les non-dits, tout le frappait au même moment face à ce visage innocent qui l'avait tant tourmenté.

-CE N'EST PAS DE MA FAUTE SI TU AS ÉTÉ ASSEZ CON POUR TOMBER AMOUREUX DE MOI, MALEFOY ! S'écria-t-elle, hors d'elle.

Drago se calma face à la violence de ces mots. Ils semblaient l'avoir accablé comme dix Stupéfix simultanés. Livide, il s'avança vers elle. Son regard était indéchiffrable.

-Comment est-ce que tu peux m'en vouloir d'être tombé amoureux de toi, Astoria ? Demanda-t-il d'une voix éteinte.

Sans crier gare, il saisit son visage entre ses mains et l'embrassa langoureusement. Ses baisers étaient à la fois violents, pleins de haine et de désespoir et à la fois doux, comme s'il avait attendu ce moment une éternité. Elle se sépara de lui, se demandant qu'elle mouche avait bien pu le piquer avant de croiser son regard profond. Il était bleu azur, incroyablement pur, incroyablement intense. Déstabilisée un instant, elle pensa à faire l'amour avec lui et avant qu'elle ne puisse chasser cette pensée saugrenue, un lit tomba bruyamment sur le sol de la salle sur demande. Que la raison aille au diable ! Elle se jeta sur le jeune homme, l'embrassant de plus belle, arrachant sa chemise au passage, dévoilant ainsi son torse sculpté. Alors qu'il déposait de furieux baisers au creux de son cou, elle ne put s'empêcher de planter ses ongles dans le dos musclé du jeune homme. La raison la quittait, tout ce qu'elle voulait à cet instant, c'est qu'il la prenne et la comble au plus vite. Dans l'empressement, il la colla contre le mur, frappant sa tête au passage. Elle enroula ses jambes autour de la taille du jeune homme sans cesser de l'embrasser. En un mouvement, il la débarrassa de sa petite culotte qu'il jeta à l'autre bout de la pièce. Son regard de prédateur croisa ses pupilles dilatées lorsqu'il entra en elle. Alors qu'il entamait son va-et-vient furieux, elle ne put retenir les exclamations qui franchirent ses lèvres.

-Drago ! Drago ! DRAGO !

Il lui semblait qu'elle n'avait jamais été aussi excitée de sa vie. Son cœur battait à sa tempe tandis qu'il accélérait la cadence. Se cambrant légèrement, elle ressentit une sensation de bien-être monter en elle. Elle cria plus fort, tandis qu'elle percevait son souffle se faire plus rapide. Dans un baiser brûlant explosa une apothéose de sensations. Drago poussa un râle à faire trembler les murs tandis qu'elle soupirait de contentement. Puis, il la laissa tomber au pied du mur comme une poupée de chiffon, avant de remonter son pantalon et de sortir de la pièce.

Astoria resta un long moment assise sur le sol de la salle sur demande, se demandant ce qui avait bien pu se passer. C'est seulement au bout de dix minutes qu'elle réussit à reprendre ses esprits complètement et que son souffle se fit plus régulier. Pourquoi donc avait-elle recouché avec Malefoy ? Elle le détestait. Pas plus tard qu'il y a quelques heures, il lui faisait subir une horrible humiliation, la torturait psychologiquement. Et là, elle le laissait entrer en elle ? C'était tout bonnement inconcevable. Et pourtant, quand elle repensait à son torse musclé, à ses baisers violents, à son orgasme extraordinaire, elle ne pouvait s'empêcher de rougir. C'est comme si sa raison lui dictait de le haïr mais que son corps le désirait ardemment. En fin de compte, c'est lui qui avait commencé, elle n'avait que répondu à son appel, par... pitié. Oui, c'était ça ! Il avait l'air tellement brisé. Pourquoi donc l'avait-il embrassé d'ailleurs ? Il n'était pas censé la détester plus que n'importe quelle personne sur terre ? Elle avait ressenti cette haine immense qu'il avait pour elle, quand il lui avait hurlé dessus. Elle l'avait ressenti encore dans son baiser charnel. Même lorsqu'il l'avait prise contre ce mur, on aurait dit qu'il voulait la briser en mille morceaux. Lorsqu'il avait accéléré la cadence, à l'entente de son nom, son regard était presque meurtrier. En-dehors du désir, il y avait une profonde haine qui avait dicté ses actes, sans aucun doute. Mais alors, se pouvait-il qu'ils aient couché ensemble, non pas par amour, mais par haine l'un pour l'autre ?

Soudainement très lasse, elle se traina jusqu'au lit à baldaquin et but un verre d'eau posé sur la table de nuit avant de sombrer dans un sommeil profond.

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