Chapitre 22: Le manoir des Malefoy.

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Aussitôt de retour au château, les deux Serpentards se rendirent à la salle sur demande. Vu ce qu'ils avaient à faire, ils préféraient ne pas prendre le risque d'être dérangés.

Une fois installés, ils se désaltérèrent et reprirent leurs esprits en silence. Astoria se sentait à la fois complètement épuisée par l'anxiété qui l'avait habitée tout au long de la mission et à la fois plus réveillée que jamais grâce à leur succès. Il leur fallait à présent trouver le moment idéal à modifier. Astoria proposa l'humiliation publique de Daphné, qui fut le point de départ de sa haine pour Drago, mais cela causait beaucoup trop de conséquences par ailleurs. Drago proposa à son tour le bal de Nouvel An, où Astoria avait couché avec Lucius, mais Astoria prétexta qu'elle aurait trouvé un autre moyen de le faire souffrir e t que les conclusions auraient été les mêmes. La vérité, c'est qu'elle ne voulait pas effacer ce moment de son esprit. Même s'il s'agissait du père de Drago, cet instant fut bien trop intense pour être oublié. Non, elle ne voulait en tout cas pas modifier ce souvenir.

Douloureusement, Astoria suggéra le soir de la Saint Valentin, mais Drago se mit en colère. Il était hors de question que l'on efface tous les péchés de la jeune fille aussi facilement. Astoria, frustrée, insista alors pour remonter juste avant que Drago ne torture son père pour éviter cette catastrophe. Drago se fâcha une fois encore, soulignant l'importance de régler son compte à son patriarche après ce qu'il avait fait. Ils restèrent plus d'une heure à débattre, tantôt se taisant, fâchés l'un contre l'autre, tantôt avançant les arguments les plus farfelus pour imposer leurs préférences. Enfin, après un temps interminable, ils se mirent d'accord.

Debout, au milieu de la salle sur demande, Drago sortit le retourneur de temps de sa poche. Il enfila la chaîne autour de leur cou et regarda Astoria d'un air perdu. C'était elle qui s'était renseignée sur la manière de procéder. Elle saisit l'objet et tira le remontoir fermement pour changer de mesure. Il lui fallait remonter au 20 février, soit pratiquement un mois auparavant. Elle compta le nombre de tour et tout se mit à changer étrangement autour d'eux, jusqu'à ce que le décor redevienne stable. Elle retira brusquement la chaine de leurs cous et la rangea dans la poche de sa robe de sorcière. Drago saisit deux balais posés dans un coin et ouvrit la fenêtre. Elle n'était pas très grande, mais il avait été décidé que ce serait le moyen le plus sûr pour quitter le château sans se faire voir. Astoria enfourcha le balai à son tour et décolla, baissant la tête lorsqu'elle passa la fenêtre pour ne pas se cogner. Elle n'avait jamais été très à l'aise sur un balais, elle si gracieuse et convenable, il lui paraissait toujours étrange de se tenir courbée sur un manche en l'entourant de ses jambes fermement. Après une bonne heure de vol, Drago descendit en piquée. Le manoir était là, immense, noir, imposant. Il surplombait toute la vallée avec son architecture gothique et son immense parc. Malgré la richesse de ses fournitures et la beauté des lieux, il était sombre et semblait malfamé. Astoria songea un instant que si son plan fonctionnait, elle n'aurait jamais à habiter cet endroit sinistre. Alors que Drago se posait délicatement sur la pelouse parfaitement taillée, Astoria eut un peu plus de mal à faire les choses en douceur. Elle faillit tomber lorsque ses pieds touchèrent le sol, mais se rattrapa au dernier moment.

Remettant ses cheveux en place, elle suivit Drago jusqu'à l'intérieur. Celui-ci devait être particulièrement prudent pour ne pas se faire voir, aussi monta-t-il directement à l'étage. Une fois dans sa chambre, impeccablement rangée, il s'assit sur le lit et jeta les deux balais dans un coin. Astoria songea un instant qu'elle aurait beaucoup aimé venir ici dans d'autres circonstances, car la pièce était coquettement décorée, contrairement au reste de la maison. De nombreux posters de joueurs de Quidditch sous glace ornaient les murs. Au-dessus du lit trônait une gravure du manoir, qui semblait avoir connu des temps plus heureux. Le lit à baldaquin était richement garni, avec des rideaux en soie verte et des fioritures argentées brodées sur le haut du baldaquin avec la devise des Malefoy : Finis coronat opus. La fin justifie les moyens.

-Bon, tu comptes contempler ma chambre ou remplir la mission, Greengrass ? S'impatienta Malefoy.

-Très bien, je descends. Tu restes ici ? Demanda-t-elle agacée.

-Si tu penses que j'ai envie de devenir fou, c'est mal me connaître. Répondit-il cinglant.

Prudemment, elle sortit de la chambre et traversa un dédale de couloirs avant de retrouver les escaliers. Le cœur battant, elle franchit le pas du salon.

La pièce était sombre, aucune lumière ne l'éclairait, sinon celle de la cheminée. Un jeune homme blond dans un grand fauteuil fixait l'âtre brûlant. Ses traits, si familiers, étaient déformés par la haine. Il faisait peur. Seul son souffle troublait la tranquillité des lieux. Astoria s'avança, tremblante. C'était exactement comme dans son cauchemar. La disposition de la pièce, les meubles, Drago assit là. Elle prit son courage à deux mains et continua. Un pas. Deux pas. Trois pas. Sans bruit. Elle hésita une seconde, frissonnante. Ses mains étaient moites et elle sentait la sueur perler le long de sa colonne. Avançant un pas de plus, elle saisit sa baguette dans sa main droite. On ne savait jamais. Il valait mieux être armée, juste au cas où. Elle se plaça derrière le fauteuil et avança sa main prudemment. Retenant son souffle, elle tapota l'épaule du jeune homme. Avec un frisson, il sortit de sa torpeur et se retourna lentement du spectacle incessant du feu. Elle croisa ses deux yeux d'acier, froids comme l'orage. Elle sentit sa respiration s'accélérer. Comme paralysée par cette vision, elle ne parvenait à rien dire. Une rage immense se lisait sur le visage d'ange du jeune homme. D'une voix froide, meurtrie, il demanda :

-Qu'est-ce que tu fais là, Astoria ?

Si seulement il pouvait arrêter de la fixer comme il le faisait, elle pourrait peut-être reprendre ses esprits et lui répondre.

-Je... Je... Je suis venue te demander d'abandonner ce que tu t'apprêtes à faire, Drago. Parvint-elle à articuler.

Sa bouche était si sèche qu'elle se demandait si elle allait défaillir. Il la fusilla des yeux avant de se lever, la surplombant de toute sa hauteur.

-Me demander d'abandonner ? Il s'interrompit et eut un petit rire froid. Elle se recroquevilla sur elle-même, attendant qu'il sorte sa baguette pour déverser sa haine sur elle, mais il n'en fit rien. À la place, un large sourire fendit son visage de dément.

-En réalité, c'est une très bonne idée que tu sois là, Astoria. Tu vas pouvoir assister au spectacle.

-Non ! Cria-t-elle, désespérée. Drago, je t'en prie, rends-toi à la raison. Tu ne peux pas torturer ton père !

Elle soutint son regard, espérant qu'il cède. Pendant un instant, elle pensa qu'il était revenu à lui car son regard se fit moins dur, mais une seconde plus tard il lui avait lancé un sortilège pour lui attacher les poignets ensembles, avant même qu'elle ait pu esquisser un geste. Sa baguette tomba lourdement sur le sol. Il la suivit des yeux et éclata d'un rire démoniaque avant de s'approcher d'elle à nouveau. Elle était terrorisée.

-Ah oui, je ne peux pas ? Cria-t-il. Regarde-moi !

Il arracha sa robe de sorcière, si bien qu'elle se retrouva à moitié nue, les poignets attachés au plafond du salon des Malefoy tandis que Lucuis passait le pas de la porte. Celui-ci interrompit ses mouvements à la vue de son fils et de la jeune fille découverte. Il la reluqua un instant. Drago en profita pour lui lancer un premier sortilège Doloris. Les cris de Malefoy père étaient déchirants. Même si elle ne l'appréciait pas, Astoria ne pouvait s'empêcher de fermer les yeux. D'énormes larmes coulaient sur ses joues. Elle se sentait tellement humiliée. Alors que le père de Drago suppliait son fils d'arrêter, le jeune homme se retourna vers elle.

-Regarde bien ça, Astoria. Et sache que c'est de ta faute ! ENDOLORIS !

Lucius hurla une dernière fois avant de tomber inerte sur le sol en bois du manoir. Narcissa accourut et se jeta au chevet de son mari, remarquant à peine la jeune fille nue. Drago brisa ses liens et elle ramassa sa robe de sorcier en lambeaux et sa baguette, avant de monter quatre à quatre les marches du manoir.

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