Chapitre 15 : Jusqu'ici tout va bien.

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La fin des vacances passa à une vitesse spectaculaire. En effet, Astoria, enchantée du succès de sa prestation du Nouvel An, en avait presque oublié ses malheurs. Ilémina n'arrêtait pas de lui écrire des lettres, et son amie ne put s'empêcher de se demander si elle était envieuse. Drago lui avait également envoyé un mot, pour s'excuser de les avoir révélé sans la concerter. Elle lui avait répondu le plus gentiment possible qu'il aurait fallu le faire tôt ou tard. Un incroyable sentiment de puissance la subjuguait, lorsque, le soir venu, elle devenait pensive. Elle avait la jouissive impression de tenir le prince des serpents au creux de sa main. Elle sentait qu'elle avait maintenant tous pouvoirs sur lui et elle ne pouvait que s'en réjouir. Ses parents la laissaient tranquilles depuis qu'ils avaient appris sa dévotion pour Davy le soir du 24 décembre. Elle cherchait le meilleur moment pour leur annoncer que c'était terminé, mais elle avait fini par conclure qu'il vallait mieux leur écrire une lettre lorsqu'elle serait rentrée à Poudlard.

Le jour de la rentrée arriva. Astoria, tout sourire, était allée s'asseoir dans le compartiment des Serpentards en compagnie de Doris et Ilémina. Cette dernière avait déjà mis au courant leur amie de l'excitante nouvelle. Aussi, elles ne purent cacher leur excitation lorsque Drago, impeccable dans son costume noir, vint embrasser sa chère et tendre. Il semblait avoir repris du poil de la bête. Ses cernes avaient disparu et ses traits semblaient encore plus princier qu'à l'ordinaire. Astoria s'en félicita avant de retourner à son récit fictif de leur rapprochement à leur premier baiser. Les deux jeunes filles restaient pendues à ses lèvres, pâlissant d'envie.

Lors de la première semaine à Poudlard, tout le monde ne parlait que de ça. Le vendredi, Astoria s'était presque habituée aux chuchotements sur son passage, aux regards assassins de Parkinson et à la mine blessée de Yaxley. Elle ne lui avait pas reparlé depuis leur rupture et n'avait pas cherché à l'informer de la nouveauté, craignant une nouvelle tempête de Drago. Ce dernier la traitait comme si elle était la chose la plus précieuse au monde et s'en était presque affligeant. Ils dormaient souvent ensembles, mais il n'avait jamais un geste osé pour elle ou une allusion déplacée, craignant de la faire fuir.

Alors qu'Astoria rentrait à son dortoir, après une nuit dans la chambre du préfet-en-chef, elle perçut des sanglots à travers la porte. Prudemment, elle y pénétra et son cœur se brisa à la vue du spectacle qui s'offrait à elle. Vilvène et Doris étaient toutes deux assises sur le lit d'Ilémina, consolant cette dernière qui était en larmes. Astoria se précipita à son chevet avant de prendre sa meilleure amie dans ses bras. Alors qu'elle lui caressait les cheveux pour tenter de l'apaiser, la jeune fille confirma ce que son amie craignait :

-Il... Il... Il m'a qui... quitté !

Elle sanglota de plus belle tandis que Doris se joignait à leur étreinte. Vilvène, qui se sentait de trop, sorti en silence de la chambre.

-Il', murmura prudemment Astoria, est-ce qu'il a dit pourquoi ?

Son amie leva ses yeux rougis vers elle. On pouvait y lire un immense désespoir qui déchira le cœur de la jeune fille.

- Il... Il a dit que Savanah était un meilleur... un meilleur coup ! Sanglota-t-elle.

Le sang d'Astoria ne fit qu'un tour. Elle sortit en trombe de son dortoir, rejoignit celui des garçons de 7èmeannée, fit irruption tandis que Blaise, en caleçon, poussait un cri. Elle fonça sur Théodore avant de lui asséner une monumentale gifle. Le garçon resta éberlué par ce geste inattendu et il aperçut à peine la jeune fille quitter la pièce comme elle était entrée.

Le week-end qui suivit, Astoria et Doris restèrent jour et nuit auprès de leur amie, la bordant, tentant désespérément de lui changer les idées. Elles y parvenaient parfois, mais la jeune fille refusait obstinément de se nourrir. Aussi, elle lui rapportait chaque jour des gâteaux des cuisines, que les elfes avaient préparés spécialement pour elle. C'était la seule chose qu'elle daignait avaler, mais ce n'était déjà pas mal. La seule bonne nouvelle suite à ce drame, c'était que la rupture des deux serpents avait un peu éclipsée le couple Greengrass-Malefoy.

Fin janvier, Ilémina était pratiquement remise de sa rupture, même si les gloussements incessants de Savanah continuaient à lui faire crisper la mâchoire. Elle et Nott étaient maintenant ensemble et ils n'étaient pas des plus discrets. Parkinson, quant-à-elle, paraissait toujours au fond du gouffre après la perte de « son » Drago.

Bien qu'Astoria fût très préoccupée par l'état de sa meilleure amie, elle tâchait de passer du temps avec le jeune blond, toujours dans l'innocence. Elle le sentait de plus en plus impatient au fil des semaines, bien qu'il ne laissât rien paraître. Heureusement pour le jeune homme, elle avait décidé qu'il n'aurait plus longtemps à attendre.

Le matin du 25 janvier, elle se décida enfin à écrire une lettre à ses parents. Elle monta à la volière de bonne heure, espérant ne pas être dérangée. Avant d'accrocher la lettre à la patte de sa chouette, Daisy, elle la relut une dernière fois :

Cher père, Chère mère,

C'est avec chagrin que je vous annonce ma rupture avec Davy.

Il m'a annoncé la semaine dernière qu'il « avait trouvé mieux ailleurs ».

Je sais quelle peine ces quelques lignes vous feront et je vous suis reconnaissante de m'accompagner dans ma tristesse.

Je n'ai pas le cœur à m'épancher, mais je vous prie de ne pas vous inquiéter. Ilémina et Doris s'occupent bien de moi.

Je vous embrasse tendrement.

Votre fille, Astoria

Satisfaite du résultat, elle redescendit à la salle commune où elle pénétra sans bruit dans la chambre de son amant, encore assoupi. Elle s'approcha doucement avant de s'allonger à ses côtés. Il ressemblait à un ange lorsqu'il dormait. Ses cheveux blonds ébouriffés tombaient négligemment devant ses yeux clos. Son air princier transparaissait dans ses traits fins. Son visage, si innocent à cet instant, était magnifique. La couverture couvrant son bassin dévoilait son torse sculpté. Il était indéniable que toutes les filles du château auraient envier Astoria à ce moment précis.

D'humeur joueuse, elle s'approcha à quelques centimètres de son visage et souffla doucement dans son cou. Le jeune homme émit un grognement. Elle reprit son souffle et recommença de plus belle. Il ouvrit un œil avant de le refermer paresseusement. Soufflant une troisième fois, Astoria se sentit hissée sur le jeune homme en un mouvement. Il l'avait saisie à la taille et l'avait posée sur lui, l'encerclant avec ses bras pour qu'elle ne gigote pas. La jeune fille émit un gloussement. Il ouvrit les yeux et lui fit un baiser avant de les refermer. Se débattant, elle entonna d'une voix forte :

-Drago, il est l'heure ! Il faut se lever ! Paresseux ! Lèèèèèève-toi !

Le jeune-homme, mi-amusé, mi-contrarié, daigna ouvrir les yeux. Plongeant son regard dans celui de la jeune fille, il répondit d'une voix suave :

-Tu es insupportable, Astoria. Mais c'est pour ça que je t'aime.

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