Chapitre 24 : Fiancée de force. Ou de gré ?

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Astoria n'avait pas reparlé à Drago depuis l'échec de leur mission. Il était déjà mardi et la fin de la semaine approchait à grand pas. Le vendredi, leur maison faisait une fête avant les vacances de Pâques et le samedi aurait lieu les fiançailles officielles au manoir des Malefoy. Astoria, déjà désespérée par son échec cuisant, devait en plus se coltiner les 10 lettres de sa mère chaque jour, lui donnant des conseils pour sa robe, les bijoux qu'elle devrait porter ou lui dévoilant la liste des invités triés sur le volet. En effet, les cérémonies de fiançailles revêtaient une importance toute particulière chez les Sang Purs. Cela symbolisait une alliance entre deux familles qui perdureraient pendant plusieurs siècles. Tel en avait été pour le mariage de Narcissa Black et de Lucius Malefoy, tel en serait pour l'union entre leur fils et la plus jeune Greengrass. Daphné étant partie, elle ne pouvait remplir la tâche d'ainée qui lui incombait. Aussi, c'était la cadette Greengrass qui devait se fiancer au plus vite, malgré le fait qu'elle soit encore inscrite à l'école de Sorcellerie. Tous le gratin se rendrait aux fiançailles. Deux familles aussi puissantes que les Greengrass et les Malefoy créeraient sans nul doute les leaders de demain, aussi tout le monde souhaitait entrer dans les bonnes grâces du jeune couple. Même Pius Thicknesse, le ministre de la magie actuel, serait présent. Pour autant, la jeune Greengrass ne parvenait pas à se réjouir de l'évènement. Elle serait au centre de toutes les attentions, certes, mais elle devrait faire semblant, inlassablement, ce soir-là et pendant le reste de sa vie.

Heureusement, ses amies Ilémina et Doris tentaient de rendre l'évènement plus léger en se moquant des invités qui seraient présents et en déblatérant pendant des heures sur des futilités telles que la manucure d'Astoria ou encore le choix de sa coiffeuse. La jeune fille leur en était évidemment reconnaissante, bien qu'elles ne sachent rien des questionnements auxquels elle était en proie. Les images de sa partie de jambes en l'air avec Drago lui revenaient sans cesse en tête, ainsi que ses mots « comment peux-tu m'en vouloir d'être tombé amoureux de toi, Astoria ? » Une question, plus que toutes les autres, ne cessait de la hanter. Drago était-il toujours amoureux d'elle, au fond de lui ?

Le lendemain, les trois filles avaient prévu de se rendre au village par un passage secret pour aller faire faire la robe sur mesure d'Astoria chez Tissard & Brodette. Ses parents lui avaient donné un budget illimité pour l'occasion. Après le dîner, elles se mirent en route vers le 4èmeétage pour rejoindre la statue du chevalier. Cependant, la tâche ne s'avéra pas évidente. Tous les élèves de Serpentards étaient surexcités par la nouvelle des fiançailles de leur couple princier, aussi les trois jeunes filles durent s'arrêter à de nombreuses reprises pour saluer des amis, les rassurer sur leur invitation le samedi ou encore commenter les récents propos de Pansy Parkinson qui avait affirmé qu'Astoria n'était « pas à la hauteur du prince des serpents ». Dans le tumulte des préparatifs, la fiancée en avait presque oublié que cet évènement devait rendre une personne encore plus triste qu'elle : Pansy, qui avait définitivement perdu « son » Drago. La situation aurait pu ravir les trois jeunes filles si elle n'était pas si dramatique par ailleurs.

Arrivées chez Tissard & Brodette, les trois jeunes filles eurent de la peine à déceler Madame Filécie, sous les kilomètres de tissus qui étaient éparpillés partout. Sitôt qu'elles furent entrées, la patronne alla fermer la boutique.

-Seulement deux jours pour une robe de fiançailles, c'est un véritable exploit que vous me demandez là, miss Greengrass ! S'exclama-t-elle en s'agitant pour prendre les mesures de la jeune fille.

Astoria pouffa et posa son regard sur les tissus étalés autour d'elle. Sa mère voulait absolument qu'elle porte une robe verte, pour faire honneur à la famille Malefoy, dont l'émeraude était la pierre. Elle se serait sentie bien plus à l'aise en bleu-saphir, mais ne se sentait pas de tenter un énième affront, aussi se plierait-elle à la volonté de Madame Greengrass. Et puis, elle porterait sans doute les bijoux que Drago lui avait offerts lors de Noël dernier, ainsi que sa bague. À cette pensée, elle eut un haut-le-cœur. Elle allait devoir remettre cette bague à son doigt, après l'avoir jeté au visage de Drago. Elle tenta de ne rien laisser paraître, en vain, et du s'asseoir sur une chaise afin de ne pas se pâmer. Ses deux amies se précipitèrent à ses pieds.

-Astoria ! Que se passe-t-il ? Demandèrent-elles en chœur.

- Ce n'est rien, je n'ai pas mangé grand-chose ce matin, je me suis sentie mal un instant. Dit-elle d'une voix éteinte. Elle se concentra sur sa respiration pendant quelques instants avant de se relever, tout sourire.

-Aller, choisissons cette robe ! S'exclama-t-elle tandis que Doris se précipitait hors du magasin pour aller acheter quelque chose à manger à son amie.

Elle se promena entre les rayons, scrutant tous les riches tissus que la vendeuse avait sorti. Ilémina, quant à elle, ne la quittait pas des yeux.

-Astoria, que se passe-t-il vraiment ? Demanda son amie, n'y tenant plus.

La jeune fille soupira et tourna ses yeux en amande vers elle.

-Je n'ai vraiment pas envie de me marier avec Drago. Il se trouve que nous avons rompu de la pire des manières qu'il soit. Et je pensais n'avoir plus rien avoir affaire avec lui, mais ce mariage... Elle prit sa tête dans ses mains et appuya ses doigts sur ses yeux jusqu'à y voir des petits points sous ses paupières closes. Je suis terrorisée, Il'. Cette famille, ils me paraissent cruels. Et puis... Je crois que Drago est toujours amoureux de moi.

-Quoi ? S'étrangla Ilémina. Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

-Et bien, il m'a embrassé. Murmura-t-elle en regardant ses pieds.

-Oh mon dieu ! Et qu'est-ce que tu as fait ?

-Et bien, je l'ai repoussé évidemment ! Répondit Astoria en levant les yeux au ciel, pour se donner contenance.

-Et c'est bien tout ce qu'il s'est passé ? Demanda Ilémina, la scrutant afin de détecter un quelconque mensonge dans ses yeux.

-Oui... Enfin, peut-être que... Comment dire... Il se pourrait qu'on ait recouché ensemble ! Finit-elle par avouer.

BANNNNNNNG.

Doris, qui venait de revenir avec un sachet de croissant et une tasse de thé fumant avait tout fait tomber. N'y prêtant pas attention, elle se précipita vers son amie, ignorant Madame Filécie qui jurait dans sa barbe.

-Tu as QUOI ? Demanda-t-elle à son tour.

-Oh, ça va les filles, n'en faites pas toute une histoire ! C'était comme ça, sur le coup, mais il était bizarre et... je ne sais pas, il... Arrêtez de me regarder comme ça !

En effet, ses deux amies ne la lâchaient pas des yeux et esquissaient un sourire complice.

-On en était sûres ! S'exclama Ilémina. Yaxley ne servait qu'à tenter vainement d'oublier Drago, en fait, ça a toujours été lui ton âme sœur, n'est-ce pas ?

-Non. Nooooon. NON ! Dit Astoria en faisant de grands mouvements avec les bras. Pas du tout ! Moi, je ne veux rien avoir affaire avec lui, mais je crains que la réciproque ne soit pas vraie. Elle regrettait déjà de leur en avoir parlé. Evidemment, elles ne comprendraient pas. Elles hochèrent la tête d'un air entendu et firent comme si elles la croyaient, ce qu'elle préféra finalement à une longue discussion sur le sujet et elles se remirent à la quête de la robe parfaite. Après plusieurs heures et des essayages qui épuisaient autant Astoria que Madame Filécie qui semblait se faire des cheveux blancs, Doris s'exclama :

-C'est celui-là !

Astoria s'avança vers le miroir. C'est vrai qu'il était magnifique. Le tissu était tout en soie de Chine, exactement de la même couleur que l'émeraude qui serait bientôt au doigt de la future Madame Malefoy. Madame Filécie tailla la robe avec un soin immense. Elle était décolletée sur les épaules et extrêmement moulante jusqu'aux pieds, d'une classe époustouflante. La jeune fille ne se rappelait pas avoir porté une robe aussi somptueuse, faisant aussi « dame » de toute sa vie. C'était bel et bien celle-ci.

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