Le brouillard dans lequel j'ouvre les yeux est très épais, transperçant. Je ne sais pas où je me trouve et je n'ai pas la possibilité de bouger, ni mes bras, ni mes mains n'acceptent de se mouvoir, je ne sens plus mes jambes, encore moins mes orteils. Comme si j'étais plongée dans une eau glacée qui m'anesthésiait, en pleine nuit sans aucune trace de la lune ou des étoiles et une humidité ambiante qui me gêne pour respirer.
Mais pourtant, ma conscience est en éveille, à l'affut du simple bruit, de la simple lueur, de la simple sensation qui m'aiderait à me dire que je ne suis pas folle. J'ai l'impression, presque oppressante, d'être coincé dans un étaux, d'être enfermer dans mon propre corps. Avec cette horrible pression récurrente, comme le tic-tac d'une horloge, qui me ferait presque perdre la tête.
Un instant, je me demande si je ne suis pas morte. Mais en fait, je ne me rappelle pas comment je suis arrivée là, je ne sais même plus ce que je faisais avant de rouvrir les yeux dans ce monde bizarre, ni même depuis combien de temps je suis là.
À un moment donné, complètement désorientée, énervée de rien pouvoir faire, j'ouvre grand la bouche et pousse le plus puissant hurlement que je n'ai jamais donné. Mais rien ne sort, malgré ma frustration grandissante, aucun son ne sort de ma bouche, ou alors je n'entends rien, mais dans ce monde personne n'est là pour me dire quelle en est la cause.
Je pousse un soupir de douleur, très vite suivit par mes larmes, je ne les sens pas couler sur mes joues, mais j'ai la sensation de pleurer dans mon être, dans mes yeux.
D'un coup, un bruissement strident me vrille les tympans. Je tente de mettre mes mains sur mes oreilles, sur mes tempes, mais je n'y arrive pas, subissant l'horreur de ce son, insupportable, à m'en faire saigner les oreilles. Je veux hurler, pour atténuer la douleur, et par miracle mes cordes vocales vibrent.
Et puis plus rien.
La douleur reste.
Les sons s'effacent.
Et puis une voix, affreusement lointaine, comme sortant d'un microphone, un peu mécanique ou artificielle, trop faible pour que je puisse la comprendre, arrive à mes oreilles.
Le volume augmente, comme si on appuyait sur le bouton d'une télécommande, me permettant de comprendre quelques mots, tel que « réveille », « perdue », « jambes », d'une voix que je ne reconnaissais pas.
Plus mon ouïe s'accommode, plus le reste de mes sens sortent de leur léthargie. Je sens une pression dans mon dos, contre mes fesses, sous mes jambes. Une sensation de chaleur accompagner d'une pression sur mon bras s'ajoute, comme une nouvelle voix, que j'entends presque distinctement, disant : « Est-ce qu'elle va se réveiller ? Le saut de battement tout à l'heure disait-il quelque chose ? ». Ce à quoi l'autre voix que je ne comprenais pas tout à l'heure ajoute : « Il se peut qu'elle réagisse à ce que vous lui dite, qu'elle se réveille ou simplement que son cœur a manqué un battement. On ne peut pas savoir ».
J'ai un déclic. Ces personnes parlent de moi, elles attendent que je me réveille, que j'ouvre les yeux, que je bouge, que je donne signe de vie. Alors je me concentre, il faut que je leur prouve que je suis là, que je les entends. Et finalement, j'arrive à bouger un doigt, sans être sûr qu'ils l'aient vu, ou que ce ne soit pas mon imagination qui me joue des tours.
La pression sur mon bras change et j'ai soudainement froid à l'endroit où elle se trouvait. Elle reparait dans ma main, la serrant fortement, et je comprends que la personne la vue.
- Elle a bougé !
- Vous croyez qu'elle se réveille docteur ?
- Anastasia, si vous m'entendez, serré la main de votre ami.
VOUS LISEZ
Flocon D'Espoir (En Réécriture)
RomanceAnastasia Carter, jeune patineuse de dix-sept ans, qui a réussi le rêve fou d'intégrer l'équipe de France, voit ses espoirs s'envoler après un événement dramatique. Sa vie vient à basculer à un point qu'elle n'aurait jamais imaginé. Encore moins qu...