10 : Environ Trois Mois Plus Tôt

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Après ma rencontre avec Eva, je suis allé voir Anastasia tous les jours. Au début, ne sachant pas trop quoi dire, je me contentais de lui tenir la main en regardant l'électrocardiogramme. Je restais silencieux jusqu'à ce que je doive sortir de la chambre pour x ou y raison. Dès que nos peaux rentraient en contact, un sursaut s'affichait sur l'écran avant que son cœur ne reprenne sa course normale. Il m'arrivait de la fixer, espérant par je ne sais quel miracle qu'elle ouvre les yeux pour me regarder à son tour. Je détaillais, chaque centimètre de son visage, essayais de mettre un nom sur la couleur de ses cheveux qui me rappelaient la couleur du miel. Plus je la regardais et plus je voulais qu'elle se réveille, qu'on puisse faire connaissance. Je voulais être son ami, je voulais savoir qu'elle était son tempérament, la couleur de ses yeux et le son de sa voix.

De temps en temps, les médecins venaient faire des contrôles et me demandaient de sortir. J'attendais avant de reprendre ma place auprès d'elle.

Au bout d'une semaine, je commençais à lui raconter des choses sans importance, surtout en rapport avec l'hôpital. Je détaillais ce qui l'entoure, ce qui se passait en dehors de la chambre, qui étaient les autres patients dans les autres pièces dont je connaissais les dossiers par cœur. Je décrivais chaque mouvement, chaque visage qui me passait sous la main. Les événements important dans la journée, ce que j'avais mangé à midi, les tortures que Gregory me faisait endurer.

C'est à elle la première, que j'ai annoncé que mon épaule était enfin en état de marche et que je pouvais enfin troquer mon fauteuil roulant par des béquilles, même si on me recommandait de ne pas trop forcer. Je les ai brandies comme un con dans la pièce, comme si elle pouvait me voir ou m'entendre.

Des fois, je me prenais, la tête allongée sur le lit, moitié somnolant, à m'imaginer qu'elle soit réveillée et qu'elle rigole à mes blagues de merde et mes anecdotes pourries.

Pour finir, je lui racontais mes pensées profondes sur Angel, mon ex qui m'avait laissé tomber pour un autre champion. Sur Eva, sa meilleure amie, quand je la voyais et qu'elle me parlait d'elle. Je lui parlais de son connard de petit copain qui n'en avait rien à faire d'elle mais qui venait par principe.

Je lui parlais de mes sentiments naissant, ces sentiments si contradictoires, pour un ange allongé dans un lit d'hôpital, branché à tout un tas de machine pour le maintenir en vie. Je ne comprenais pas comment c'était possible. Je ne l'avais jamais rencontrée, tout ce que je savais d'elle était ce que j'avais entendu de la bouche d'Eva et son physique si extraordinaire. C'est comme un coup de foudre, l'amour au premier regard, pour son journal intime. C'est ce qu'elle était à mes yeux. Elle était la personne qui m'écoutait depuis des semaines, parler de mes envies de m'échapper d'ici sans jamais répondre, sans jamais ouvrir les yeux.

Je lui parlais de mes sentiments pour elle. Je m'étais tellement attaché à elle. Je voyais son visage changer d'expression comme si son corps comprenait ce que je disais. Je savais qu'à son réveille elle ne se rappellerait pas de moi. Je me faisais trop d'illusion, jamais nous n'aurions la relation que je m'étais inventé entre nous deux et cette réalité m'a blessé.

Quand je me suis rendu compte que tout cela n'avait plus le même sens, que tout ce que je cherchais, c'était la faire mienne et qu'elle ouvre les yeux un jour où je suis là, j'espaçais de plus en plus mes visites. A la fin, je ne rentrais même plus dans la chambre. Le manque et la tristesse me déchiraient le ventre. J'ai perdu du poids à force de sauter des repas, je perdais de l'entrain pendant la rééducation.

Quand Eva passait, j'étais souvent là, mais à partir du moment où je ne venais plus, elle a commencé à venir jusque dans ma chambre. Je ne parlais plus à Anna, je parlais à sa meilleure amie de mes états d'âme et elle avait des réponses à me donner. Elle comprenait les sentiments que j'éprouvais malgré le manque d'incohérence dans cette histoire. Elle a même souhaité une fois, que mes rêves soient vrai pour que Lucas ne lui fasse plus le mal qu'il lui faisait. Quand elle était là, elle me trainait aux soins intensifs pour que nous rendions tous les deux visites à la jeune fille. Nous y parlions de nous, d'Anna, de nos sentiments. Des fois nous restions silencieux, regardant le visage de la jeune fille, écoutant le bip récurant de l'électrocardiogramme, le bruit de la pression exercé par le respirateur artificiel, celui de nos respirations saccadées, stressées, tristes.

Flocon D'Espoir (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant