Flocon D'Espoir (En Réécriture)

9 : J-114

Alors que son visage se rapproche dangereusement du mien, je comprends qu'il faut que je trouve une échappatoire rapidement. Je ne suis pas encore prête à me relancer dans une histoire, même si mon cœur me hurle le contraire depuis que son corps est collé contre le mien et que j'imagine tous ce qui se cachent sous ses vêtements, j'aime beaucoup trop notre complicité et notre dynamique pour qu'elle en soit chamboulée. J'ai trop peur que tout ne soit plus pareil, de le perdre si jamais ça ne marchait pas entre nous. Je n'ai pas envie que ça dégénère et que cette attirance que je ressens pour lui ne me fasse perdre toute notion de rationalité.

Mais il me tient fermement pour ne pas que je ne mette trop de poids sur mes jambes, je ne peux donc pas reculer pour lui échapper. Je n'ai pas non plus envie de lui faire du mal en le fuyant. Je ne m'attendais pas à ce qu'il tente quelque chose aussi tôt dans notre relation. La seule alternative que je trouve, c'est de transférer tout mon poids sur ma jambe gauche, qui ne résiste pas, glisse et entraine l'autre. Je chute en arrière et Ethan ne réussit pas à me retenir, je l'emporte carrément dans ma chute. Ses mains rentrent violement en contact avec la glace quand il essaye de ne pas m'écraser de tout son poids.

Mon cœur rate un battement dû à notre nouvelle proximité et je me rends compte que ce n'étais pas une si bonne idée que ça. Lui, entourant mon corps de ses bras et ses jambes. Moi, allongée sur le sol, les yeux dans les yeux avec lui. Je me sens rougir, la chaleur recouvrant tout mon corps, mon cœur décidant de galoper, prêt à sortir de ma poitrine. Je n'arrive pas à comprendre mon propre corps. On ne se connait que depuis trop peu de temps pour que je ne sois amoureuse de lui, je ne le connais pas, je viens à peine de sortir d'une relation. Même si techniquement, elle s'est terminée il y a huit mois.

Ethan affiche une expression surprise avant de se décaler et de se remettre debout sur ses lames. Je ferme les yeux une seconde, reprenant mes esprits avant d'essayer d'en faire de même. Il me présente ses paumes pour m'aider et j'y vois la rougeur dû au choc.

- Tu t'es fait mal ! Je suis désolée, j'ai perdu l'équilibre.

- Nan c'est bon, ne t'inquiète pas.

Son ton est froid et distant. Je le soupçonne d'avoir compris ma manœuvre. Pourtant je suis persuadée que ça ne s'est pas vu.

- De toute façon, il est tard. On devrait rentrer.

J'acquiesce sans rien ajouter. Je n'arrive pas à comprendre ce que je ressens, ni ce que lui éprouve pour moi et pourquoi notre chute le met autant en colère. Je défais mes patins en le regardant s'activer pour s'échapper de cet endroit. Je ne peux pas lui en vouloir. Quand nous sommes tous les deux changés, il ferme le sac d'un coup sec avant de me prendre avec une extrême délicatesse dans ses bras pour nous ramener à la voiture. Sur le trajet, je pose mon front sur son épaule sans trouver la force de lui expliquer pourquoi je me suis dérobée ainsi.

- Ethan...

Il tourne la tête vers moi en m'installant sur le siège passager. Il me regarde enfin dans les yeux et ce que j'y lis est bien différent de ce que je voyais tout à l'heure. Je ressens sa douleur. J'ai l'impression de lui avoir brisé le cœur.

- Je suis vraiment désolée...

Ma phrase à un double sens, mais quand il me répond, je ne suis pas sûr qu'il l'ait compris :

- Ce n'est pas grave, je te l'ai dit.

Et il referme la porte pour prendre sa place derrière le volant. Ou alors il a compris mon double sens et il fait semblant de pas être affecté. Les hommes et leur égo. Toute la durée du trajet, nous restons silencieux, les yeux rivés sur la route. À la maison, nous prenons tous les deux la direction de nos chambres sans dire un mot de plus. Je reste une seconde sur le pas de la mienne pour voir s'il va se retourner, mais quand la porte se referme, je laisse tomber.